un magazine web axé sur la culture d’ici

La chronique littéraire : Remonter le Nord

Le Nord de Jean-Louis Courteau

© editionsxyz.com

Par : Johanne Mathieu

Jean-Louis Courteau aime le Nord. Avec une majuscule. Dans son tout dernier roman, Remonter le Nord, publié chez les Éditions XYZ, il nous fait découvrir ce « Graal » si cher à ses yeux.

Durant son enfance, Jean-Louis Courteau est allé souvent dans le Nord. Son père l’emmenait en haut du village de Ferme-Neuve, où s’y trouvait un camp de chasse que celui-ci avait bâti avec ses frères. Là-bas, il a reçu l’amour des montagnes, des lacs, du bois et de tout ce qui habite ces lieux.

Il y eut ensuite la découverte d’autres mondes envoûtants et il s’en est éloigné. Et puis un jour, le besoin de remonter le Nord s’est fait sentir. Le Nord brisé de son père, Jack le coureur des bois, qui lui, a fini par le perdre.

Dans cette œuvre, il se lance dans une quête guidée par des ermites, des héros, mais aussi par son père. Une quête qui lui dévoile qui a été ce père, mais aussi, ce que lui-même est devenu.

Le Nord est un être vivant. Perdre le Nord, ce serait perdre la vie. Je le sais.

Tout au long de ce dernier livre, l’auteur, qui est aussi peintre et sculpteur, nous parle de son amour pour le Nord. De l’émerveillement qu’il suscite à travers des descriptions imagées et sensibles. De ses grands espaces sauvages faits de lacs « taillés dans l’émeraude et l’opale », de forêts infinies, d’aurores boréales, de camps et non de chalets « où on enlève ses souliers et son âme en entrant ». De ce pays peuplé de héros plus grands que nature. Ses idoles. Ce pays qui recule malheureusement de plus en plus, envahi par l’homme.

L’écrivain livre aussi beaucoup de lui-même. Il aborde sa relation avec son père, la façon dont la maladie s’est emparée de lui et de sa mémoire, l’amitié entre hommes, celle avec les animaux, ses années de peinture.

Il parle de son exil de la ville, qui le poussera à suivre la trace de ses héros d’enfance, en devenant en quelque sorte lui-même un ermite. Cet exil lui permettra de faire l’apprentissage d’une toute nouvelle vie, tout en l’amenant à retrouver une partie de son enfance, à se réparer.

L’auteur parle enfin de la solitude qui devient une amie, mais également de l’appel incessant du Nord, qui se présentera sous forme d’aventure d’une vie.

Jean-Louis Courteau fait littéralement une plongée tout au fond de qui il est et qui il a été. Une plongée qui fait renaître la féerie de son enfance, mais qui s’avère aussi douloureuse. Une véritable quête de soi.

L’essence de cette œuvre démontre qu’il est important de ne pas changer et qu’il faut plus que tout rester soi-même. Le récit vivant, qui prend parfois des allures de légende et d’histoire mythique, côtoie magnifiquement la poésie. Un récit des plus touchants qui fait place à la beauté, aux souvenirs, à l’amour, à l’amitié, à l’aventure et à l’enfance retrouvée.

Remonter le Nord, de Jean-Louis Courteau (2023), Éditions XYZ, Montréal, 220 pages.

Vous pourriez être intéressés par ces articles :

La chronique littéraire : Mille secrets mille dangers

La chronique littéraire : Embrasser le chaos

La chronique littéraire : Rien que le bruit assourdissant du silence