La tournée lost souls s’arrête à Montréal
© Martial Genest/MatTv.ca
Cinq chandeliers allumés en arrière-plan, une rangée de guitares côté jardin, un drum, un piano et une scène remplie d’instruments : non, ce n’est pas Iron Maiden qui est en ville mais Loreena McKennitt, véritable rock star dans son genre, qui vient présenter sa tournée lost souls. Après une première remarquable au Grand Théâtre de Québec, l’auteure-compositrice-interprète canadienne se produisait à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts le 30 octobre. Et comme l’on pouvait s’y attendre, c’était magnifique.
En quelques secondes, les premières notes instrumentales et les vocalises de Lorenna McKennitt sur The Mystic’s Dream suffisent à ce que la magie opère et plonge l’auditoire dans un état second, où les émotions sont à fleur de peau. Entourée de musiciens vétérans qui l’accompagnent depuis plus de deux décennies, l’artiste donne le ton sur ce rare concert, rituel moderne s’il en est un, qui rassemble des gens de tous les horizons et toutes les générations. Depuis qu’elle a fait une entrée fracassante dans ma vie avec son album The Book of Secrets, j’associe la musique de Loreena McKennitt à l’automne, à cette nature qui se transforme et semble mourir pour mieux se préparer aux affronts de l’hiver. La veille de l’Halloween, quel moment parfait pour voir cette artiste qui inspire l’harmonie, et qui nous partage avec générosité les traditions des peuples nordiques.
Installée à son piano, elle prend un premier temps pour parler au public de son intérêt et sa recherche sur l’histoire des Celtes au cours de sa carrière. Plus précisément de l’arbre, comme symbole fort de la culture des peuples celtiques, mais également, à la lumière des enjeux climatiques qui se font de plus en plus criants, comme source de vie indissociable de la nôtre. C’est d’ailleurs la raison principale de la mise en veilleuse de sa carrière après cette tournée automnale. Loreena McKennit se consacrera désormais à lutter contre « la menace posée par le réchauffement de la planète », de même que « les effets incontrôlés et nuisibles de la révolution numérique ». Quelle meilleure pièce pour aborder ce sujet que Ages Past, Ages Hence, tirée de son dernier album lost souls, paru en 2018.
La populaire Marco Polo contribue à délier les épaules avec son rythme plus relevé, ses percussions et sa mélodie entraînante, suivie de près par All Souls’ Night, deux gros succès de ses premiers albums. Puis, on ne sait trop comment cela se produit mais ça y est, on se déconnecte; on ne pense plus à la job, aux tâches restées à la maison, même la voisine finit par ne plus regarder l’écran de son cellulaire. La musique de Loreena McKennitt, qui est visiblement traversée par celle-ci, finit par prendre toute la place dans notre tête, notre corps, nos yeux, et on se laisse porter par sa voix cristalline et puissante, qui n’est pas sans rappeler une autre enchanteresse aux cheveux de feu, Florence Welch.
The Bonny Swans est un moment particulièrement électrique qui met le spotlight sur la virtuosité du guitariste Brian Hughes en plus d’être l’une des quelques pièces où la violoncelliste Caroline Lavelle accompagne Loreena à la voix, ce qui ajoute une profondeur aux interprétations. (D’ailleurs, Lavelle, Marsh et Hughes forment aussi un trio appelé Secret Sky). La première heure passe en coup de vent, et c’est sous une tonne d’applaudissements et une ovation debout que le groupe file à l’entracte.
On se remet de ses émotions, on s’essuie le coin des yeux avant de s’immerger dans la deuxième partie, moins mélancolique que la première. Santiago ébahit la foule avec le solo déchaîné de Hugh Marsh au violon, une performance impressionnante bien rendue par le public avec une autre ovation debout. Dois-je redire que nous assistons à un show de rock stars? La mélodie de Manx Ayre égaye avec la flûte irlandaise (tin whistle) avant d’enchaîner sur The Lady of Shalott, pièce plus posée inspirée du poème de Lord Alfred Tennyson. Ces combinaisons nous permettent de c onstater la constance dans l’oeuvre de McKennitt, où des morceaux qui ont été composés à 30 ans d’intervalle cohabitent parfaitement.
Plusieurs hits ont parsemé le concert de Loreena McKennitt de mercredi, notamment The Star of the County Down, Full Circle, The Old Ways, Stolen Child, Lost Souls et The Mummers’ Dance pour entamer le rappel. Un échantillon seulement de son répertoire lyrique et instrumental aux influences des folklores celtes, méditerranéens et orientaux. Pour clore officiellement le concert, la chanteuse est retournée au piano pour la délicate Dante’s Prayer. Puis, ces derniers mots, répétés comme un mantra triste, « Please remember me, Please remember me ». Oui, on se souviendra de toi, Loreena, pour ta lumière enveloppante, pour ta sagesse radiante, pour ton humanisme absolu.
Loreena McKennitt sera en spectacle à Toronto, Ottawa et Sherbrooke cette fin de semaine. Courez réserver votre place pour voir sur scène cette artiste singulière et, peut-être, retrouver votre âme dans la salle.
Liste des chansons
The Mystic’s Dream
The Star of the County Down
Bonny Portmore
Marrakesh Night Market
Ages Past Ages Hence
Marco Polo
Spanish Guitars and Night Plazas
All Souls’ Night
A Hundred Wishes
The Bonny Swans
Entracte
Full Circle
The Gates of Istanbul
Santiago
The Dark Night of the Soul
Manx Ayre
The Lady of Shalott
The Old Ways
Lost Souls
Rappel
The Mummers’ Dance
Dante’s Prayer
Crédit photo © Martial Genest/MatTv.ca