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Les armoires normandes

Morsure dévastatrice des Chiens de Navarre à l’Usine C

Chiens de Navarre-Les armoires-Subs Lyon ┬® Lebruman 2014 DSC_3167© Lebruman

Par : Sébastien Bouthillier

Trois soirs seulement, la meute la plus déjantée de France débarque à Montréal pour aboyer Les armoires normandes en première nord-américaine. Loin de nous laisser tranquilles, ces Chiens de Navarre reniflent encore l’Usine C, dont ils ont aussi inauguré la saison précédente avec Une raclette.

Quand ces chiens sortent, ils se moquent des règlements sur les laisses… Ce sont des bêtes irrévérencieuses que le public tente d’apprivoiser quand ils mordent dans sa curiosité avec leurs saynètes incisives, excessives. Le jeu de cette performance demeure à la limite du convenable (à condition de repousser la limite loin après l’enclos canin). De toute façon, ils grugent la logique comme un pitbull ronge un os.

Les armoires normandes se décrit comme une pièce jouissive sur l’effroi que provoquent l’amour et le sexe. « Le sexe fait partie de la nature, j’obéis à la nature », les redoutables toutous s’inspirent de cette réflexion de Marilyn Monroe pour vagabonder entre la farce absurde et le réalisme exacerbé.

Dans un spectacle des Chiens de Navarre, la scène devient l’espace imprévisible du parc humain où éclatent les fantasmes et où s’expriment les pulsions. Les répliques mémorisées et le scénario rentrent dans la niche parce que l’improvisation domine.  N’étant pas muselé, le public ébahi devient vite hilare.

Les spectacles des Chiens de Navarre capotent : une fête de voisinage vire à l’orgie pornographique (Une raclette), une action humanitaire se révèle une action cannibale (Nous avons les machines), etc.

Chiens de Navarre-Les armoires-Subs Lyon ┬® Lebruman 2014 DSC_2522©Lebruman

Jean-Christophe Meurisse, fondateur et metteur en scène, a décrit sa troupe aux Inrockuptibles (5 février 2014) comme « le théâtre du ça, l’expression même du plaisir immédiat, de la mise à jour du refoulé, de la libération des pulsions. C’est vrai, dans la compagnie, on emmerde le surmoi. »

Leurs pièces improvisées n’aboutissent jamais à une version définitive, elles demeurent un travail en perpétuel devenir. Aucune représentation n’est identique à l’autre. Loin de la caricature sociale, chaque soir l’improvisation permet aux comédiens de réagir immédiatement au public en alignant vis-à-vis lui le miroir qui réfracte sa propre image inquiétante.

Les 21, 22 et 23 septembre à l’Usine C.

 

Crédit photo de la photo à la une : ©Lebruman

Texte révisé par : Annie Simard