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Le roman de Monsieur Molière au TNM

Critique de la pièce Le roman de Monsieur Molière

Le roman de Monsieur Molière
Crédit photo : Yves Renaud

Par : Annie Dubé

Ça sentait la cour du Roi au Théâtre du Nouveau Monde ce jeudi, lors de la représentation de la pièce Le roman de Monsieur Molière. Avec tous ces spectateurs de prestige, venus des horizons politiques et artistiques, on se demandait presque si nous étions nous-mêmes plongés dans un Molière des temps modernes.

Avec des interprètes de grand talent qui jouent la comédie à la manière de ce canon de la littérature française, et des costumes magnifiques, à couper le souffle de manière parfois minimaliste d’une grande efficacité.

TNM
Crédit photo : Yves Renaud

Quelque part entre l’histoire parallèle et la mise en abyme

Cette histoire hybride trace un parallèle entre les vies de l’auteur russe Mikhaïl Boulgakov (Jean-François Casabonne) qui écrit au sujet de Molière (Éric Robidoux) afin de mieux nous plonger dans son propre récit à travers le chemin de sa muse-dramaturge. Elle m’a semblé aller dans tous les sens, sans jamais aller quelque part, sauf vers la sortie du TNM à la fin de la représentation, après 2 h 05 sans entracte.

Avec une scénographie moderne sous forme cubique, on sentait un désir d’exploration des dimensions, mais il faut avouer que le tout m’a semblé plutôt à plat, malgré l’effort.

Et pourtant! Les acteurs, tous absolument à la hauteur du genre et de l’œuvre, en ont donné plein la vue avec des moments très parfumés de baroque.

Le roman de Monsieur Molière - TNM
Crédit photo : Yves Renaud
TNM - Le roman de Monsieur Molière
Crédit photo : Yves Renaud

À la fois épuré et complexe, le décor semblait parfois trop occupé par de multiples présences, qui sont quelque part entre les témoins et les protagonistes de l’histoire. Pareil pour la participation passive de l’excellente Jorane, qui se déplaçait en bordure de scène ou en hauteur, dont on sent le plaisir d’interagir musicalement et par sa présence avec les personnages. Cet élément, bien qu’en théorie métamagnifique, m’a plutôt distraite du reste de l’action, sans trop comprendre pourquoi Jorane est dans le Molière de cet auteur russe qu’on adapte pour la scène québécoise. Je ne suis pas contre cette exploration, mais ça se tient mal ensemble dans ses allers-retours.

Magnifique, le rendu visuel de cette pièce détonne avec la trame narrative qu’on tente de nous présenter, et on s’y perd un peu. Pour tout dire, on s’ennuie parfois durant certaines longueurs, et la tombée du rideau est en soi un grand soulagement pour nos jambes qui n’ont pas autant de plaisir que les acteurs sur scène.

pièce Le roman de Monsieur Molière
Crédit photo : Yves Renaud

Dignes de mention, les interprètes de Jean de Lafontaine (Benoît Drouin-Germain) et du Roi Louis XIV (Simon Beaulé-Bulman)  et son frère  (Philippe Thibault-Denis) sont de toute beauté. Pour sa part, Rachel Graton dans le rôle de Madeleine a su apporter un rare moment d’émotion lors de la confession déjà très évidente de son amour pour Molière qui, disons-le, n’a pas vraiment le talent du bonheur.

Une œuvre porte un certain potentiel, avec des costumes et interprètes grandioses, mais également une vision perdue, qui ne s’est pas encore complètement trouvée.

Jusqu’au 3 décembre 2022 au TNM. Pour des billets, c’est par ici.

Texte de Mikhaïl Boulgakov, adaptation libre de Louis‑Dominique Lavigne et mise en scène de Lorraine Pintal

Distribution :
Jean-François Casabonne, Simon Beaulé-Bulman, Véric Robidoux, Benoît Drouin-Germain, Caroline Bouchard, Lyndz Dantiste, Sébastien Dodge, Karine Gonthier-Hyndman, Juliette Gosselin, Rachel Graton, Jorane, Brigitte Lafleur, Jean Marchand, Éric Robidoux, Philippe Thibaule-Denis

Assistance à la mise en scène Bethzaida Thomas
Décor Pierre‑Étienne Locas, Costumes Marc Senécal, Éclairages Martin Sirois, Musique originale Jorane, Accessoires Marie‑Eve Fortier, Conseiller en mouvement Patrick Léonard, Maquillages Jacques‑Lee Pelletier, Perruques Rachel Tremblay, Coiffures Marc-André Lessard, Assistance aux costumes Rosemarie Levasseur

Crédit de couverture : Yves Renaud

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