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Entrevue avec Kevin Bazinet

Jamais mieux servi que par soi-même

©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Par Marie Eve Archambault

La semaine dernière, Kevin Bazinet lançait son deuxième album en carrière. MatTv l’a rencontré afin que ce dernier puisse nous parler de son retour sur les planches avec son nouveau projet intitulé Freedom.

MatTv : Peux-tu nous parler de ton album Freedom qui vient tout juste de sortir?

KB : Je suis vraiment content de mon album pour plusieurs raisons. Premièrement parce que c’est un projet personnel, c’est un projet que j’ai pris le temps de faire seul avec moi-même. Pour être franc, je ne m’attendais même pas à faire un album au début parce que je n’avais pas l’intention de refaire un album. Finalement, j’aimais tellement les chansons. Les gens me disaient : « Oh mon dieu, tu ne peux pas laisser dormir ça dans ton ordi.» Je me disais que je n’avais plus de maison de disque et je n’ai plus de gérant. Je suis seul avec moi-même. Je me suis dit : Je me lance, pourquoi pas. Ce n’est pas un projet qui sert à gagner à ma vie. Pas du tout. Au contraire, mon école de musique fonctionne tellement bien que je me peux me permettre que ce projet ne soit pas payant du tout. Si c’est un peu payant, tant mieux, mais l’objectif premier c’est de faire connaître un peu ma musique que ce soit sur Spotify ou en copie physique. D’ailleurs, j’en n’ai pas fait beaucoup, mais il y en a pour que ceux qui voudrait l’avoir entre les mains. Si les gens peuvent l’écouter le plus souvent possible, ce sera cela ma plus belle récompense.

Je suis content autant du côté musical que du côté contenu que dans les paroles. J’ai voulu livrer des messages à travers cet album-là que ce soit sur l’anxiété, sur les problèmes mentaux et sur la planète parce qu’il y a beaucoup de choses qui se passent. Cet album se différencie de Talk to me parce que le premier album était plus basé sur l’amour. Tandis que celui-là, oui il y a des chansons d’amour, mais en général c’est sur comment j’ai évolué moi-même personnellement à travers les problèmes que j’ai eu reliés à l’anxiété.

MatTv : Qu’est-ce que tu as fait différemment sur cet album?

KB : J’ai pris le temps. Avec le premier album, j’étais fier, mais on n’a pas pris le temps. On avait prévu une date avant même de commencer l’album ce qui a fait en sorte que ça nous a vraiment rushé. J’ai dû accepter des choses même si je suis perfectionniste. J’ai dû accepter des choses telles quelles plutôt que de les changer ou les améliorer. Ça été difficile. Tandis que lui, je me suis laissée le temps. J’ai annoncé la date juste quand l’album était fini. Pour moi, ça m’a permis d’être relaxe dans la création d’album et je me suis assuré qu’il soit à son meilleur avant qu’il sorte. Ça, ça été la plus grande différence.

MatTv : J’ai pu voir à Sucré Salé que tu as exploité ta voix de tête dans la chanson Small Crime. J’imagine que tu t’es permis aussi dans cet album d’aller explorer.

KB: Oui. Oui, vraiment. Ce qui était le fun, c’était que j’étais seul en studio. Donc j’ai pu vraiment m’amuser et essayer des trucs que je n’aurais pas essayés habituellement si j’avais été entouré de d’autres gens. Aucun orgueil, aucun ego là-dedans, juste du plaisir. J’ai juste essayé des choses. Pour ce qui est de la voix de tête, j’ai toujours aimé Prince, Michael Jackson et les années 80 où ils abusaient des voix de tête. J’ai voulu essayer moi-même. J’ai essayé et j’ai trippé. J’ai vraiment aimé faire cela, donc sur plusieurs de mes chansons, on va entendre ma voix de tête. Les gens au début ne me reconnaissaient pas, mais je pense que c’est intéressant à découvrir. Naturellement, je ne voulais pas juste aller vers cela, on entend ma voix habituelle. Elle est encore là sur plusieurs de mes chansons aussi, mais je pourrais dire que la moitié de mes chansons auront la voix de tête. Ça sonne un peu années 80 et j’ai adoré exploré ça.

MatTv : Côté sonore, est-ce que ça va ressembler à Talk to Me ou pas du tout?

KB: Je ne peux pas dire pas du tout. Il y a quand même des chansons où l’on pourrait dire que ça ressemble, mais ce n’est pas du tout la même chose. Ça reste deux albums totalement différents. Je n’ai pas essayé de rejoindre l’album Talk to Me du tout. Au contraire, je me suis laissé aller dans une autre direction. Ça donné cela. Si j’écoute les deux albums, honnêtement, je ne trouve pas qu’il y ait de ressemblance. Je pense que c’est à l’écoute que les gens vont le voir. Mais non, je pense que c’est quelque chose de très différent.

MatTv : On remarque que les fans sont toujours derrière toi malgré ces quelques années de pause. Qu’est-ce que ça te fait de voir qu’ils sont toujours là depuis toutes ces années?

KB: C’est sûr que c’est quelque chose qui me rend fier sans aucun doute parce que c’est sûr qu’il y a eu un bon 2 ans où je n’ai pas fait grand-chose où j’étais dans mon école de musique et où je me concentrais sur mes élèves. Je ne savais pas si les gens allaient être encore au rendez-vous et si les gens étaient encore intéressés par mon travail. C’est sûr que ça vient toucher notre cœur quand on voit que la réponse est oui.

Je pense que ce sera lorsque je serai sur la scène que je vais le réaliser surtout. Ça va me rendre émotif sans aucun doute de voir la réaction des gens. Je vais pouvoir présenter mes chansons. Tu sais, pour vrai, depuis 3 ans, j’ai fait beaucoup de spectacle, je vivais de moins en moins de stress en raison des spectacles. C’était rien de monter sur scène. Il n’y avait pas de stress.  Là, ça fait vraiment longtemps, mais je sens un stress qui est agréable. Pas un stress de : Oh my god, je ne serai pas capable, mais un stress de : Wow. Ce sera un beau moment et je veux que tout soit parfait.

MatTv : Je sais que tu avais arrêté à cause de la pression des tournées notamment, je me demandais est-ce que tu vas y aller plus tranquillement pour ne pas vivre la même chose?

KB : Ce qui arrive c’est que j’avais une grosse équipe derrière moi pendant Talk to Me, qui investissait de l’argent qui faisait des actions pour moi alors je me sentais redevable. Je devais toujours être présent. Ce n’était pas toujours moi qui prenais ces décisions. Pour un gars comme moi, ce n’était pas facile. Par contre, avec ce projet-là, je n’ai personne qui ne me met de pression derrière moi. Donc, depuis le début du projet, je me sens vraiment bien là-dedans. Si je continue comme cela, c’est sûr que je me vois faire des shows, une tournée et tout cela. Je suis confiant que j’ai tout ce qu’il faut pour le faire. J’ai aimé malgré tout la première tournée, mais c’est certain qu’il y aurait quelques points que je ferais différemment. Par rapport à mon agoraphobie, j’irais peut-être plus dans des villes centrales  comme Trois-Rivières, Québec et Montréal. Des villes plus éloignées, c’est difficile pour moi. Je l’ai fait, mais c’était toujours un énorme stress pour moi. Je vais essayer que les gens se rapprochent de moi plutôt que l’inverse. On verra ce que ça donne.

MatTv : Je pense que les gens vont aller à ta rencontre. Ce qui m’amène à parler de l’endroit où tu nous as amené aujourd’hui : Le Théâtre Paradoxe. Qu’est-ce que ça représente pour toi?

KB : Premièrement, à première vue, c’est une église, et ce, pour moi, je trouve ça chaleureux. J’ai toujours voulu faire du Gospel avec des chœurs et tout cela. Cette idée-là m’est venue tout de suite de vouloir faire mon lancement dans une église. Ce qu’il y a ici, c’est incroyable. L’éclairage est monté comme une salle de spectacle. C’est une église qui a été rénovée en salle de spectacle. Donc, le son ressemble à celle d’une église, mais elle est plus contrôlée avec des panneaux d’insonorisation. Et aussi, c’est une salle éco-responsable Ça fait qu’il n’y a pas de plastique. Dans tous les shows, il y a toujours beaucoup de bouteilles d’eau, de surplus et ça ici il n’y a pas cela. En plus, ils engagent des jeunes, des jeunes dans le besoin, qui n’ont pas de métier ou de connaissances nécessairement, ils les font travailler pour leur donner une expérience de travail afin qu’ils puissent travailler dans ce milieu-là. Ce sont tous des choses qui m’ont attiré à venir à cet endroit-là. Le milieu de la musique ce n’est pas facile de percer que ce soit dans n’importe quel contexte. C’est un milieu difficile. Il faut être passionné comme les gens qui ont travaillé sur le spectacle aujourd’hui. Je me dis : Oh mon dieu, ce sont des professionnels qui ont fait cela. Au contraire, ce sont des gens qui ne connaissaient pas trop cela et qui apprennent et ça me touche encore plus.

Vous pouvez entendre le nouvel album intitulé Freedom de Kevin Bazinet sur Spotify dès maintenant. Pour savoir ce que j’en ai pensé, voici un retour sur le lancement de l’artiste, vous n’avez qu’à cliquer ici.