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Une journée : Un perpétuel recommencement

La vie, une aliénation éternelle

La pièce Une journée
Crédit : Lumi Photo – Emmanuelle Bois

Par : Hanieh Ziaei

La pièce Une journée de Gabrielle Chapdelaine nous plonge dans la vie de quatre jeunes adultes dans une journée de vingt-quatre heures, condensée dans une performance théâtrale d’une durée d’une heure et demie sur la scène du Théâtre de Quat’Sous, sans entracte.

La routine, la banalité, l’ennui, les habitudes et le perpétuel recommencement de la vie sont au cœur du débat, semés des questions existentielles sur la finalité de la vie, le but de l’existence humaine, la quête échouée du bonheur dans le marasme de la futilité du quotidien et ce, heure par heure, de minuit à l’aube en passant par le crépuscule.

Théâtre de Quat’Sous
Crédit : Lumi Photo – Emmanuelle Bois

Nos quatre protagonistes semblent alors pris au piège d’un espace clos, prisonniers de leurs propres angoisses et de leurs propres vies, en perpétuel quête de sens. Chaque personnage semble alors incarner un univers particulier, absurde, morose voire torturé avec toutefois la volonté d’échapper à son propre destin. Aucune échappatoire ne semble possible dans cette lassitude profonde, aucun répit ou pause ne semblent autorisés dans les pesanteurs de la routine.

Gabrielle Chapdelaine ne critique pas tant la vie elle-même mais plutôt nos modes de vies, nos systèmes de pensées, nos habitudes et psychoses consuméristes, le milieu de travail toxique et sans pitié, la disparition du noyau familial et la solitude silencieuse ou encore le manque de bienveillance et de bienséance dans nos sociétés modernes, grossières, numériques, synthétiques.

Pièce Une journée au Théâtre de Quat’Sous
Crédit : Lumi Photo – Emmanuelle Bois

Il est difficile de ne pas penser au Mythe de Sisyphe d’Albert Camus, lorsqu’on assiste à Une journée de Gabrielle Chapdelaine qui semble inconsciemment revisiter ce grand classique, en nous replongeant dans une version plus contemporaine de la philosophie de l’absurde, de la quête en vain du sens de la vie dans un monde désabusé, saturé, dépourvu de valeurs éternelles avec des tentatives échouées de s’inscrire à contre-courant. Selon Camus, cette prise de conscience nécessite la révolte ! Tant dis que Gabrielle Chapdelaine en fait uniquement l’amer constat sans y apporter une porte de sortie ou une bouée de sauvetage.