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Ulster American

Grattement de sépulcres blanchis

Ulster American
Crédit photo : Suzane ONeill

Par : Jean-Claude Sabourin

Mixture de complaisance, d’hypocrisie, de convictions mal gérées, de préjugés grinçants et de violence latente, coulant sur la scène du Théâtre La Licorne dans la pièce Ulster American. Si les profondes nausées ne vous effraient pas, vous devez vous y rendre pour les sentir, ou assister à une leçon grandiose sur l’art des incompréhensions.

Trois personnages se retrouvent dans un appartement bon chic bon genre pour discuter d’une pièce de théâtre : un directeur britannique, un acteur américain reconnu et une autrice provenant d’Irlande du Nord. On s’attendrait à un irréprochable ballet menant à la mise en place du spectacle d’une œuvre d’art, mais les choses n’iront pas dans la bonne direction.

Déjà dès le départ, l’acteur reconnu, joué brillamment par Vincent Leclerc, nous hérisse et nous embarrasse par son discours inconsciemment misogyne face à un directeur qui visiblement ne souhaite pas lui déplaire, ni lui montrer que leurs cultures respectives diffèrent. Sa complaisance est tout aussi accablante.

Les deux hommes installent donc une ambiance malsaine, et on attend l’arrivée salvatrice de l’autrice afin de respirer mieux. Malheureusement, elle apporte avec elle ses propres démons, se voit manipulée et doit affronter des opinions dégradantes. Tous les ingrédients sont là pour l’escalade.

Théâtre La Licorne
Crédit photo : Suzane ONeill

Il est écrasant d’assister à la descente aux enfers des personnages qui sont incapables de prendre de recul face à leurs convictions et qui sont dénués de la capacité d’introspection; même l’humour saupoudré dans la pièce n’arrive pas à chasser l’odeur. Cela explique peut-être pourquoi certains spectateurs présents riaient alors que nul propos dans la pièce ne s’y prêtait. Ils avaient peut-être besoin de se créer leur propre air.

Maxime Denommée a réussi à créer une progression, un « build up », hyper efficace; augmentant le poids de la pièce jusqu’à la transformer en fardeau dont toute conclusion, quelle qu’elle soit, nous apparaît comme une délivrance.

Le reste de la distribution, Lauren Hartley et Frédéric Blanchette, est aussi exemplaire dans son jeu. Vous pouvez aller humer la chose au Théâtre La Licorne jusqu’au 24 février.