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#ScèneLocale : Mara Tremblay

 Uniquement elle-même

©Andy Jon

Par Julie Côté

Malgré que le plus récent album de Mara Tremblay, son 8e, s’intitule Uniquement pour toi, les rencontres professionnelles ont eu un impact fort sur toute sa carrière. Olivier Langevin, qui est là depuis le début et Stéphane Lafleur ont collaboré pour cet album-ci. Un album sorti exactement 20 ans après le suicide d’un certain Dédé Fortin, chanteur des Colocs, groupe duquel Mara a fait partie pendant 2 ans.

«Lorsqu’on m’a demandé si la date de sortie était correcte, il y a environ 1 an, j’ai dit que ça ne faisait pas de différence, j’ai été avec Les Colocs durant 2 ans et je l’assume, mais plus qu’on m’en parle, plus ça me fait de quoi, encore plus sur le fait que j’ai 2 chansons qui parlent de suicide sur l’album», partage la chanteuse. «Mais en même temps, c’est tellement important d’en parler», rajoute celle qui a aussi vécu ses zones d’ombre lors de la création d’Uniquement pour toi.

On les ressent bien dans l’album, ces zones d’ombres, particulièrement dans les paroles d’On verra demain. «Je n’ai plus envie de faire l’amour tranquille, Le froid habite mon corps fragile», raconte dans sa chanson celle qui souffre de bipolarité depuis quelques années. Le ton en est presque terrifiant. Mais ce qui est déroutant dans l’album, c’est que des éclats de joie en ressortent également. On pense entre autres à la chanson Je reste ici, écrite lors de son passage à Nashville, et à la mélodie de synthétiseurs de la magnifique Paris.

Comme une joie à travers des zones d’ombres

Est-ce bien quelque chose qui pourrait définir l’album, selon son interprète? «Bien, c’est pas mal ça ma vie! (rires) Je pense que j’ai à la fois la chance et la fragilité d’aller toucher à des extrêmes comme ça. Quand je suis heureuse, comme en ce moment, le bonheur peut aller jusqu’à me faire pleurer autant que la dépression. Je suis en recherche constante d’équilibre pour essayer d’avoir la tête à la bonne place. À la fois un combat et l’extase totale. C’est donc normal que ma musique et mon écriture soient comme ça également», soutient-elle.

Des coups de cœur de collaborateurs

Mara a fait le choix d’Olivier Langevin comme réalisateur de son premier album, le désormais mythique Chihuahua, et la collaboration dure toujours. Vingt ans plus tard, le courant passe toujours aussi bien entre les deux artistes. «C’est une amitié dans laquelle j’ai pu m’installer comme dans un gros pouf confortable», illustre la chanteuse. «Un soir, lorsqu’on travaillait tous les deux sur l’album, il n’y avait pas de place pour que je m’assois confortablement. Tellement que je me suis tannée et qu’un soir, j’ai apporté un pouf style beanbag au local! J’ai l’impression que mon amitié avec Olivier, musicale et humaine, se résume comme ça, je me suis installée dans son amitié comme dans un gros beanbag qui prend la forme de mon cœur», dit-elle.

Le multitalentueux Stéphane Lafleur a également offert sa plume à Mara pour deux chansons, Le jour où tu nous mènes et Il me faut l’amour. «On s’est rencontrés dans un atelier de création chez Gilles Vigneault, je connaissais son oeuvre et l’admirais énormément. On a été officiellement présentés dans un party qui a suivi, j’avais trouvé son ton assez raide, j’avais peur qu’il y ait quelque chose qui ne lui plaisait pas chez moi et finalement, c’est lui qui était intimidé», raconte-t-elle. Les deux musiciens sont devenus super complices par la suite.

Les deux chansons sont arrivées par la suite. «Je suis très heureuse de pouvoir maintenant les interpréter, parce que d’abord je n’aurais pas pu les écrire, étant donné que je n’ai pas eu de relation amoureuse depuis quelques années et que j’ai déjà trop œuvré dans ce registre. En plus, il apporte ces mots d’une autre façon. La chanson Il me faut l’amour, ça prend énormément de vulnérabilité pour dire ces mots-là. Ça me touche beaucoup qu’il m’ait donné ces chansons-là», ajoute-t-elle.

Et quelle sera la suite de cet album, verra-t-on Mara dans un concert virtuel? «Honnêtement, ce qui m’allume depuis 30 ans, c’est de pouvoir monter sur scène et de communier avec les autres avec les vibrations de la musique. Quand je fais un spectacle, ce n’est pas pour me mettre en valeur, mais pour voir les gens, d’avoir cet échange-là. Je ne suis pas fan de chanter devant une webcam, et après 32 ans de tournée, c’est correct que je me repose un peu» conclut-elle.

L’album Uniquement pour toi est disponible dès maintenant sur les plateformes numériques.

Texte révisé par : Marie-France Boisvert