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Poutine sauce punk extra pepperoni

Retour sur la cinquième édition du PouzzaFest

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©Ariane Simard-Picard/MatTv.ca

Par Maxime D.-Pomerleau

La fièvre du punk rock a frappé le centre-ville de Montréal du 15 au 17 mai, amorçant officiellement la saison des festivals avec le PouzzaFest qui célébrait en petites pompes son cinquième anniversaire. Ce n’est pas peu dire; lorsqu’on est un festival de niche, atteindre une cinquième édition est rare dans le milieu et ne se fait pas sans plusieurs sacrifices en cours de route. En continuant sur la lancée de 2014, et délaissant l’extravagance des grosses salles du Métropolis et du Club Soda, les organisateurs se sont concentrés davantage sur des artistes issus de sous-genres du punk qui attirent un public plus pointu. Sur les 200 groupes programmés, on y retrouvait donc moins de grosses têtes d’affiches populaires; en revanche des dizaines de groupes locaux se partageaient les huit salles à l’horaire. Pour ma part c’est dans l’antre des Katacombes, Foufounes électriques et Théâtre Ste-Catherine que j’ai passé le plus clair de mon temps.

Lost Love, Bonvivant, Caravane, Full Count, Oh My Snare!, Panic Attack, Punchline 13, Fake Problems, Teenage Bottlerocket, Barrasso (qui sort le 16 juin son premier album sur Music Mansion Records), Boids, Fortune Cookie Club, Greg Laraigne, Wayfarer, The Resignators, Jon Creeden et de bonnes pointures telles The Holy Mess, les mythiques 88 Finger Louie, les bêtes de scène Solids et PUP, les vieux rockeurs The Dwarves et le retour de Couch Addiction étaient au nombre des spectacles attendus ce week-end. Même Oktoplut, qui ne figurait pas au tableau de départ, s’est joint au party des Foufs le samedi soir.

La programmation extérieure était relevée, l’occasion pour un public novice de s’initier au festival, tout en permettant aux réguliers de profiter du beau temps. Vendredi soir c’était à Drag The River, coup de cœur de l’équipe technique, de faire sa marque avec son punk rock de roadtrip, après les bonnes prestations de Audio/Rocketry et Miracles. À l’approche de May 16, Joey Cape s’est gâté et a offert quelques pièces de ses groupes Lagwagon (To All my Friends, Making Friends), et Scorpios (Lifer) en plus de chansons tirées de ses albums solo (dont ma préférée Wind in your Sail). Il a terminé son concert avec la chouette ballade Montreal, hommage honnête à la culture punk d’une ville où le chanteur adore se produire.

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Samedi soir, Montréal était ska! L’écurie Stomp Records avait plusieurs de ses poulains en prestation sur la scène extérieure Pabst. The Couch Addiction, The Beatdown, Bruce Lee Band mais surtout, The Planet Smashers, ont soulevé la foule au Quartier des spectacles et donné d’excellents shows. La trompettiste de Couch a fait une belle surprise en montant sur scène interpréter une pièce, pourtant enceinte de neuf mois. Un peu plus et on avait notre premier bébé pouzza, qui aurait alimenté la légende du festival jusqu’à l’année prochaine! Les classiques de Planet Life of the Party, Super Orgy Porno Party, I Like your Girl, Raise your Glass et Sk8 or Die ont défilés au rythme endiablé des guitares et de leur armée de cuivres. Ça skankait et ça trashait allègrement! Fidèle à leur habitude, le groupe a invité la foule à s’asseoir par terre durant Surfin’ in Tofino, un moment de spectacle dont on ne se lasse jamais.

C’est toutefois aux Katacombes, après une prestation tonitruante de Brutal Youth, qui porte très bien son nom, qu’était le clou de la soirée : Guérilla Poubelle. Le groupe parisien venait interpréter son premier album Il faut repeindre le monde… en noir, nouvellement réédité sur Slam Disques. Cet album a marqué le punk rock Français et créé une onde de choc au Québec à sa sortie en 2005. Tapis-roulant et J’aurais voulu être une femme ont aussi fait partie de la liste de hits, aux côtés de Mort à l’hôpital, Le pendu, La révolution pour les lâches et l’incontournable Demain il pleut.

Dimanche, on commence la soirée à la terrasse des Katacombes pour le set acoustique de Alie Sin, groupe de punk bluegrass de Québec. Il y avait tellement foule que les spectateurs ont créé un amoncellement devant le bar pour regarder la prestation. Ensuite on se dirige vers le soleil, à la scène Pabst, on attrape une poutine au camion de rue de Frite Alors! et on se pose sur l’herbe pour écouter les Montréalais East End Radicals, puis Fire Next Time et Heartsounds, pour ma part deux très belles découvertes de punk rock mélodique. Pour Les Sales Majestés, on se déplace vers le bar rejoindre les amis de Guérilla et Brutal Chérie qui flânent aussi dans l’herbe. Formés à la fin des années 80 et faisant dans le punk revendicateur de la première vague, c’était la première fois que je les voyais en spectacle. Je n’étais pas aussi excitée que la foule, qui a littéralement défoncé la barrière protectrice pour se précipiter sur scène chanter avec le groupe. De vrais anarchistes!

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Après quelques pièces plutôt pénibles du Punk Rock Karaoké, je lâche les amies au bar et migre vers les Katacombes pour le spectacle de Powernap, groupe local rassemblant notamment des musiciens de Brixton Robbers, The Sober Dawn, Bonjour Brumaire et The Sainte-Catherines. Le quintette livre une musique énergisante, les pièces sont courtes mais les commentaires de Hugo Mudie entre les chansons donnent tout le charme au spectacle. Le refrain vers d’oreille de Live Slow, Die Whenever, leur premier extrait vidéo, est un excellent hymne sur la résistance de l’esprit punk rock, même si on s’assagit avec les années. Le trio montréalais Laureate, qui a dans ses rangs l’une des rares chanteuses du style, a livré à la foule des mélodies accrocheuses pop punk aux accents emo. La majorité des festivaliers croisés cette journée-là se donnait tous rendez-vous pour LE spectacle de la soirée : Municipal Waste aux Foufounes électriques. Le groupe punk hardcore de Richmond a cassé la baraque avec une prestation électrisante. La foule en délire n’a jamais arrêté de trasher et le bar a probablement défoncé son budget de papier de toilette ce soir-là, avec des rouleaux qui volaient dans tous les sens. De l’agressivité à l’état pur.

Encore une fois le Pouzza Bambino a fait le plaisir des grands et des tout-petits avec une programmation punk acoustique en après-midi, sans oublier les BBQ hangover-végé et de la foire de marchandise où on se crée immanquablement des besoins en vinyles et T-shirts de toutes sortes. Honnêtement, on est surpris de la participation aux séances de Pouzzasâna, le yoga pour punks en lendemain de veille, samedi et dimanche, ou plusieurs adeptes ont fait des exercices dès 11 heures le matin. Je réitère cependant ma suggestion de l’an dernier de faire une Pouzza Sieste le dimanche après midi dans des coussins géants posés sur le gazon.

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Enfin, si la participation aux spectacles est sporadique, une fin de semaine au PouzzaFest permet de rassembler dans un même lieu les acteurs de la scène punk du Québec, de l’Ontario et de la France, en plus de resserrer les liens avec la scène américaine. On revoit les potes, les collègues, les groupes qu’on aime, dans une ambiance festive et conviviale. Que l’on soit musicien, promoteur, journaliste ou humble mélomane, nous faisons tous partie d’une scène punk rock fraternelle, diversifiée et en constante évolution. Voir des spectacles et soutenir les groupes locaux fait partie intrinsèque de nos habitudes de vie et même si l’on manque un spectacle par ci, par là, durant le Festival, on va continuer de soutenir les groupes toute l’année, d’acheter des disques, et on y sera, au prochain spectacle à l’Esco ou au Quai des brumes.

Le PouzzaFest, c’est une histoire d’amour avec la musique punk rock, mais c’est surtout la célébration d’une culture DIY et un grand esprit de communauté.

©Ariane Simard-Picard/MatTv.ca