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On vous présente : Marion Brunelle

Marion Brunelle, un voyage chaleureux vers l’amour sensuel


© Marion Brunelle, Photo: Julie Artacho

Ma chronique On vous présente est de retour pour l’année 2021! En guise de rappel, On vous présente vise à vous faire découvrir des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, Marion Brunelle est le sujet de ma 45e chronique!

Marion Brunelle est une autrice-compositrice-interprète montréalaise. Elle a accompagné notamment Dubmatik lors de leur retour. Elle offre son premier album en français en 2012, puis fait paraître un album en espagnol en 2018, Ahora existo, enregistré à Cuba.

© Marion Brunelle à Cuba, photo trouvée sur sa page Facebook

Son dernier EP, Ailleurs, a paru le 13 novembre 2020 et représente son premier album en français en huit ans. En plongeant dans ce EP, on découvre un univers où les rythmes chaleureux et ensoleillés se mélangent à une sensualité à fleur de peau. L’artiste mélange aisément la soul, le RnB, le reggaeton, la pop, le calypso et les rythmes latins. L’amour est la trame narrative de tout l’album, comme le prouve la chanson Monde suspendu, qui illustre une histoire d’amour entre deux mondes.

J’ai pu m’entretenir avec Marion Brunelle le 19 janvier dernier afin de parler notamment de comment les chansons peuvent permettre de parler de sentiments profonds mieux qu’une conversation, ses voyages à Cuba, l’influence que ces derniers ont eu sur sa musique ainsi que les différences entre enregistrer au Québec et à Cuba. Sans plus attendre, voici notre entretien!

Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
Marion : […] Où commencer? Je vais essayer de concentrer ma réponse parce que je pourrais tellement donner d’informations! Je vais simplifier ça parce que sinon je vais faire ma biographie au complet (rires). En fait, je me suis demandé ce que je devrais faire pour être heureuse dans la vie et ne pas avoir de regrets. C’était un rêve que j’avais depuis que j’étais petite. J’ai grandi en faisant de la musique, du violon, du piano, puis je me suis dédiée à composer, à écrire lors de la fin de mon adolescente. C’était un cheminement naturel sur la continuité de mon enfance, de mon éducation artistique. C’était un désir que j’avais de faire de la musique depuis longtemps et je me suis dit que si je ne le faisais pas je regretterais toute ma vie.

Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire pour créer une chanson?
Marion : L’amour. C’est facile comme réponse. L’amour et des sentiments vécus. Dès que je ressens quelque chose, des choses que je vois, des histoires que les gens me racontent, ça m’inspire. Mais surtout l’amour.
Myriam : Tu dis que l’amour t’inspire beaucoup, peux-tu nous expliquer pourquoi, ce que ça t’inspire, ce que ça vient chercher en toi?
Marion : C’est sûr que j’ai eu des expériences amoureuses difficiles, comme ça peut arriver à tellement de gens. Avec le manque de communication des fois on dirait que la musique permet d’exprimer quelque chose qu’on ne peut pas exprimer avec de bons mots. Pour moi, les chansons c’étaient comme une échappatoire pour communiquer un sentiment que je n’arrivais pas à bien communiquer avec une personne. La chanson c’est comme un champ libre pour exprimer ce dont j’ai besoin d’exprimer. On dirait que c’est plus facile pour moi d’écrire une chanson que de communiquer avec les gens des fois, donc ça m’inspire de juste pouvoir dire ce que je ressens vraiment en poésie musicale plutôt que d’essayer de m’exprimer avec quelqu’un et que ça ne fonctionne pas toujours bien. […] La musique, ça me permet d’avoir comme une oreille inconditionnelle, comme si la chanson était mon psychologue.

Myriam : Quel est ton processus de création?
Marion : Souvent, je vais avoir une idée de mélodie ou bien une thématique que je vais avoir envie d’explorer. En général, c’est une expérience vécue ou quelqu’un qui me raconte une histoire et ça me fait sentir quelque chose. Il faut que je ressente quelque chose, que j’aie une inspiration interne. Ensuite je vais m’asseoir avec mon cahier puis souvent j’ai comme une mélodie dans ma tête et je mets des paroles sur la mélodie. Ensuite, je compose, je fais quelques accords pour mettre la musique puis je me mets en équipe avec un arrangeur qui m’aide à faire le reste de la production musicale.

Myriam : Ailleurs, ton EP sorti le 13 novembre 2020, est ton premier EP en huit ans en français, qu’est-ce qui te ramène à tes racines francophones?
Marion : À la base, le français c’est une langue que j’avais décidé de défendre en lançant mon premier album en 2012 parce que j’avais commencé à écrire en anglais puis je m’étais rendu compte que ce serait bien plus intéressant de défendre une langue qui me tient à cœur, donc le français. Puis, avec mes expériences, je suis allée à Cuba, j’ai décidé de faire un album en espagnol, j’ai eu plein de choses magnifiques qui me sont arrivées, mais malgré tout ça, il y avait toujours une connexion qui me ramenait au français, même à Cuba, il y a avait plein de gens qui me demandaient de leur partager ma musique en français. Il adorait ça même s’ils ne comprenaient rien (rires). Je me suis dit que c’était peut-être intéressant de continuer, même à Cuba il y avait comme un appel pour ma langue maternelle donc j’ai décidé de revenir à mes sources et de faire cette continuité en français, mais toujours avec une petite touche latine et caribéenne pour marier un peu ces deux expériences culturelles que j’ai maintenant en moi.

 

Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à Cuba?
Marion : La première fois, j’avais besoin de m’échapper de ma relation compliquée justement, tout l’amour, ma thématique éternelle. J’avais besoin de m’échapper de la réalité un peu, de changer d’air. Je suis allée à Cuba en ne pensant vraiment rien de ça, puis je reviens à Montréal et j’ai commencé à écouter beaucoup de musique latine. D’une chose à l’autre j’ai rencontré plein de musiciens cubains à Montréal, j’ai été engagée par un saxophoniste cubain, Geovany Arteaga, qui m’a engagée pour chanter avec lui dans des spectacles à la maison du jazz. D’être toujours avec lui dans l’ambiance latine à Montréal ça me donnait envie de retourner mais d’aller à La Havane cette fois-ci, parce que la première fois je n’étais pas prête, je voulais juste aller déconnecter, aller à quelque part de vacances. Je suis allée à La Havane, par moi-même avec plein de contacts dans mes poches d’amis de musiciens et je suis tombée en amour avec la ville, avec la scène musicale de là-bas, c’était vraiment le coup de foudre. Ensuite, je ne me sentais pas bien ici, j’avais besoin de retourner, je suis retournée pour essayer de faire un album et tout. Et voilà, la suite s’est écrite dans l’histoire.

Myriam : Quelles sont les différences majeures entre enregistrer un album à Cuba et au Québec?
Marion : Majeures, je ne sais pas. Il n’y en a pas vraiment, parce que c’est un peu comme tout un processus créatif, artistique, ça se ressemble dans n’importe quel pays, mais il y a des différences culturelles. Par exemple, je trouve qu’à Cuba, il y a un intérêt général pour la musique, pour l’art de la part des gens en général. Si tu dis que tu enregistres un album, c’est très important pour les gens là-bas, parfois dans les sessions de studio tu peux avoir des amis d’amis qui sont là juste pour écouter la chanson et l’enregistrement. Ça m’est arrivé là-bas d’avoir plus de monde dans le studio qu’ici (rires) mais sinon je pense que ça se ressemble d’un pays à l’autre, c’est juste que culturellement il y a comme un intérêt et un engouement pour l’art. Ça fait toujours plaisir de voir que les gens s’intéressent à la musique même en plein processus d’enregistrement. […] C’est un langage universel la création, l’enregistrement c’est partout un peu pareil.

 

Myriam : Penses-tu que ton séjour à Cuba teinte ton EP Ailleurs?
Marion : Oh oui, oui, oui, oui. J’ai passé la plupart des dernières années à Cuba, vivre là-bas, être là-bas c’est sûr que je ne peux pas me séparer de la musique cubaine, la musique latine, la thématique chaleureuse de l’amour sensuel. C’est sûr que ça a teinté totalement ma musique. Je ne sais pas si je retournerais faire de la musique pop jazz comme je faisais avant. Même si je faisais ça, il y aurait toujours un peu de Cuba à l’intérieur. Cuba vit un peu en moi. Quand tu habites à quelque part, pour toujours tu as un petit peu de cet endroit-là en toi. En tant qu’artiste, dans ma création, c’est sûr.

Myriam : Qu’est-ce qui t’attend en 2021?
Marion : Je suis en train de préparer deux nouveaux singles, des extraits en bon français, que je vais lancer au courant de l’année. J’en ai un en collaboration avec un artiste haïtien qui vit à New York, je pense que ça va être très cool comme collaboration, et un autre peut-être avec des artistes cubains à La Havane. Je vais sortir des titres, un à un. Il y a aussi un nouveau vidéoclip qu’on est en train de préparer pour la chanson Seul […].

Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Marion : Je me demanderais : qu’est-ce que je veux laisser comme trace dans le monde par mon art?
Je me répondrais que j’aimerais laisser de l’amour et de la positivité. En fait, mon but avec la musique c’est de laisser de bonnes vibrations, j’essaie de ne pas faire d’anglicisme, sinon je dirais des « good feelings. » Je veux vraiment apporter du bonheur à travers la musique, apporter quelque chose qui nous fait sentir bien et élever un peu notre énergie. Surtout en ce moment et dans la vie en général on peut tellement traverser des moments difficiles. Je pense que pour moi, j’aimerais pouvoir accompagner les gens à se sentir un petit peu mieux à travers mon art.

 

1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Que No Se te Olvide de Issac Delgado et La India.

2. Ta chanson de rupture préférée?
Green Eyes de Erykah Badu

3. Ta chanson d’amour préférée ?
Eu Sei que Vou Te Amar du brésilien Antônio Carlos Jobim, version de Caetano Veloso.

4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage ?
Andy Rubal, auteur-compositeur-pianiste-chanteur extraordinaire.

5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Who is Jill Scott, Words and Sounds Vol. 1, de Jill Scott

6. La chanson qui te rend le plus heureux ?
Ay Dios Mío, de Karol G

7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup ?
Aya Nakamura

8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Ella Es de Leonel García et Jorge Drexler

9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Ne me Quitte Pas de Jacques Brel

10. Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
Monde Suspendu