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On vous présente : Conifère

Conifère, une ambiance musicale agréablement touffue


© Conifère, photo de Ville de Pluie

Par : Myriam Bercier

MatTv vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous présenter des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. On célèbre aujourd’hui le premier anniversaire de ma chronique avec un groupe que j’adore, Conifère.

Conifère, c’est le projet électro-folk de Reno McCarthy et Arthur Bourdon-Durocher, à ne pas confondre avec le groupe de black métal de Montréal Conifère de Nakkabre & Cauchemar (Fait intéressant : c’est en parlant avec le groupe après l’entrevue qu’on a réalisé qu’il y avait un autre groupe avec leur nom qui venait AUSSI de Montréal. Il n’en fallait pas plus qu’on s’emballe.)


© Conifère, photo de Ville de Pluie

Conifère offre des compositions sincères avec des textures ajoutées grâce à des synthétiseurs et des boîtes à rythmes. Parce que même si Arthur Bourdon-Durocher est batteur, dans plusieurs groupes comme Jeanne Côté, Perdrix et Frou, les deux acolytes ont pris la décision d’utiliser des boîtes à rythmes plutôt que la batterie pour leur EP. Ils ont lancé leur premier EP, Bruit blanc, le 26 février dernier, où les deux artistes mélangent le folk, le pop et les sonorités électroniques. Ils abordent également des thèmes comme la solitude, l’abandon et le rythme frénétique du monde. La pièce Bruit blanc par exemple porte sur le cercle vicieux des relations ratées en abordant la difficulté d’apprendre des erreurs du passé.

J’ai eu la chance de parler à Reno et Arthur dans un appel conférence assez amusant. Nous avons parlé entre autres de la création de leur groupe, de l’impact du nightlife sur leur groupe, de synthé modulaire et on se questionne à savoir s’il est possible d’avoir trop d’options. Sans plus attendre, voici ma 52e entrevue!


© Pochette officielle du premier EP de Conifère, photo de courtoisie

Myriam :  Qu’est-ce qui vous a amenés à faire de la musique?
Reno : Mon oncle, le frère de ma mère, était un hobbyste si on peut dire, il aimait bien faire des enregistrements dans son sous-sol des chansons des Beatles. Quand j’étais jeune, autour de 6 ou 7 ans, ma mère m’avait acheté à ma fête un clavier Yamaha cheap. J’avais commencé à m’amuser avec ça, ça n’a pas pris de temps que je faisais de petites chansons, ça a toujours été mon truc ça, faire de petites chansons (rires). J’allais souvent chez mon oncle dans son sous-sol, il était assez sympathique pour me laisser enregistrer les petites chansons que j’avais composées dans son ordinateur, dans son système. En échange, il me faisait chanter sur ses reprises des Beatles. Un jour, je pense qu’il a commencé à être tanné de moi qui venais tout le temps dans son sous-sol, donc je me rappelle qu’il m’a amené au Italmelodie, un ancien magasin de musique sur la rue Jean Talon, et il m’a acheté un petit mixer, une petite guitare, un micro et il a installé ça chez nous, sur l’ordinateur familial dans le salon. Il m’a dit « tiens, arrange-toi avec ça, moi je suis tanné! » (rires) et c’est ce qui a commencé ma passion pour la musique. Ce qui est intéressant, c’est que ça a été très très vite dans le recording. La musique, ça a été associé dès le début avec l’enregistrement. Je composais des chansons et je les enregistrais. Ça a été le début de ma relation avec la musique, ça c’est passé comme ça. C’est cute hein?
Arthur : oui! Je ne connaissais même pas tous les détails de cette histoire, même moi j’en apprends dans l’entrevue de mon groupe! (rires) Ce n’est pas aussi intéressant que ça moi mais c’est quand même autre chose. J’ai été introduit à la musique par mon père qui a toujours été un grand amateur de musique, qui a toujours écouté beaucoup de musique, qui a toujours été à l’avant-garde de ce qui se faisait, toujours intéressé à découvrir de nouvelles choses. Il y avait beaucoup de nouvelle musique, de musique expérimentale qui jouait à la maison et je me rappelle qu’il s’était dit « ce n’est pas vrai que je vais écouter de la musique pour enfants pendant cinq ans dans la maison (rires), je vais continuer d’écouter mes bruits et ma musique expérimentale » donc j’ai été élevé avec beaucoup de types de musique, pas nécessairement désignée pour les jeunes, disons. J’avais un problème de vision, je faisais du strabisme, donc la télévision me donnait mal à la tête. Quand j’étais seul à la maison, c’était beaucoup de la musique que j’écoutais. Ça me faisait triper, la musique, j’écoutais plein de choses, et c’est plus tard que l’idée d’en faire m’est venue. J’en écoutais tellement que quand j’ai commencé à en faire…
Reno : Tu étais ben bon tout de suite!
Arthur : Ben je comprenais vite les rythmes et les concepts d’harmonies et tout ça. Je réfléchissais à ça avant de savoir qu’il y avait des règles et tout ça. […]

Myriam : Comment le groupe s’est-il formé?
Arthur : Reno et moi jouons ensemble depuis quand même longtemps, on s’est rencontré au cégep et à la base, on ne s’entendait pas bien au début. Les deux on voyait l’autre comme…
Reno : une menace! (rires)
Arthur : (rires) pas comme une menace… mais on est deux personnes qui font beaucoup de blagues, on fait tout le temps des blagues Reno et moi. Quand on s’est rencontré mutuellement, on trouvait que l’autre faisait trop de blagues (rires). C’est plus tard qu’on a réalisé que finalement…
Reno : Que finalement c’était drôle!
Arthur : On est deux intenses, ça marchait bien. À la base, on faisait des blagues, puis on a collaboré sur de la musique et on a réalisé qu’on collaborait très bien ensemble, qu’on n’avait pas peur de se donner des idées, comme on était ridicule 90% du temps avant de faire de la musique, quand on a commencé à en faire, on n’avait pas peur d’être ridicule. Ça fait qu’on s’exprime bien ensemble musicalement.
Reno : Arthur, on a commencé à jouer ensemble plus sérieusement quand il s’est joint à mon groupe comme batteur pour mon projet. […] On a commencé à jouer plus sérieusement dans ce contexte-là puis ça n’a pas pris de temps qu’Arthur s’est mis à travailler en réalisation avec moi, dans l’enregistrement puis on a développé une complicité à travers ces années-là. Quand j’ai eu l’idée de faire un side project francophone il y a à peu près un ou deux ans, c’était naturel que … je n’avais jamais fait de la musique en français, c’était une nouvelle voie que j’étais curieux d’explorer et c’était tout naturel de demander à Arthur de m’accompagner là-dedans. On s’était dit qu’on aurait bien du fun, et on a eu bien du fun. C’est basé sur le fun. […]

Myriam : De ce que je comprends, vous avez aussi participé aux projets d’autres artistes comme Jeanne Côté par exemple, vous faites aussi de la production, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’expérience de votre groupe?
Arthur : Reno et moi, quand on a commencé à faire de la musique, c’était pour son projet, donc j’étais réalisateur de sa musique et de son projet solo. Jeanne Côté et tout ça, mais je pense que c’est arrivé après qu’on ait commencé Conifère. En fait, Conifère c’est le début de nous deux qui décidons de nous lancer dans la réalisation. J’en avais fait un petit peu, mais Reno depuis Conifère, je ne sais pas si c’est à cause de ça, il se lance lui aussi dans des projets de réalisations d’autres artistes. Je pense que ça a été un kick pour commencer pour toi Reno, je réponds pour toi Reno dans le fond! (rires)
Reno : Parfait, je vais répondre pour toi. Alors Arthur vit (rires)… Arthur a joué dans beaucoup de groupes aussi, il a été batteur pour beaucoup de groupes dont Perdrix et Jeanne Côté, ça fait longtemps qu’il joue avec elle, ils étaient dans un groupe avant qui s’appelait Premier Toit. Il a joué… avec qui tu as joué dont?
Arthur : J’ai aussi joué avec… Perdrix et Jeanne Côté c’est pas mal mes deux groupes principaux, ton groupe aussi, sinon j’ai joué avec Antoine Mainville un petit bout, j’ai joué avec Frou qui est un groupe qui existe mais sous une autre forme dont je ne fais plus partie, c’est plus un projet solo maintenant. J’ai participé à plusieurs groupes, mais je me suis un peu brûlé à faire des pratiques avec plein de groupes pour finalement faire des spectacles et gérer un groupe de musique à plusieurs personnes, c’est quand même compliqué…
Reno : Tu es batteur aussi, ça n’aide pas…
Arthur : Ouais, c’est ça. Ben du transport, ben des pratiques. Ça ne paie pas du tout. Ça ne payait pas, et j’avais un peu l’impression que je n’avais pas vraiment de ligne directrice à ma vie et à mes projets. De faire de la réalisation, c’est quelque chose de plus concret, et j’aime plus ça. J’aime vraiment l’aspect de concevoir une chanson du début à la fin, de participer au processus, d’avoir une composition et de trouver comment amener la chanson à son meilleur au niveau de l’enregistrement. Ça me stimule beaucoup de prendre des décisions qui me mènent jusqu’à la production. J’aime plus ça que jouer le rythme. Ça, c’est juste moi. Je suis un peu moins batteur que réalisateur.

Myriam : Pourquoi avoir choisi le nom de Conifère?
Reno : (rires)
Arthur : On a commencé, on était en session chez moi et on venait de composer Les travaux je pense, ou on était en train de la faire, et on est allé souper dans un bar…
Reno : #BlindPig […] Conifère a trouvé son nom au Blind Pig.
Myriam : C’est quand même très excitant comme nouvelle, je suis émerveillée.
Arthur : Ce qui est drôle en fait, c’est que quand j’étais dans le groupe Premier Toit et le groupe Frou dans lequel j’étais, c’est un nom que j’avais suggéré à ces deux groupes-là. Premier Toit m’avait dit « non, Conifère c’est laid, on ne veut pas ça…
Reno : C’est le pire nom! On haït le nom! »
Arthur : Puis je l’ai proposé à Frou qui m’a dit « non, je ne pense pas… » Ce soir-là je l’ai proposé à Reno et il m’a tout de suite dit que c’était écœurant (rires), ça va être ça.
Reno : Il m’en a dit d’autres, et je disais « non non non, ça va être ça, lui je l’aime » On est les deux seules personnes qui aiment ce nom-là finalement. Ce qui est drôle, c’est que clairement de ces autres groupes-là, on est ceux avec qui ça fite le plus comme nom.
Arthur : Oui, clairement que ces deux groupes-là, ça aurait moins fiter qu’ils s’appellent Conifère. Nous autres, ça fite quand même. Il y a un côté…
Reno : … un côté folk
Arthur : C’est ça, un côté folk, mais un côté un petit peu…
Reno : … Épineux
Arthur : Ce n’est pas ce que j’allais dire, on n’est pas tant épineux… (rires) […]


© Conifère, photo de Conifère

Myriam : Qu’est-ce qui vous inspire pour créer une chanson?
Reno : Je pense qu’on est deux personnes qui avons beaucoup de plaisir derrière un ordinateur, devant un logiciel de musique. Je pense que le processus en soi nous inspire beaucoup. Là où on a le plus de plaisir, dans la création, c’est quand on est les deux devant nos machines et qu’on fait des bruits, des textures, qu’on s’amuse avec la technologie qui s’offre à nous. Le contexte des chansons, c’est plus une façon de traduire, disons, ce plaisir qu’on a à gosser sur des machines. Pour ce qui est du contenu, des thèmes, des textes, on aime bien faire ça ensemble, on est vraiment unis dans cet élément-là de la création. On a pas mal fait toutes les paroles, chaque phrase on les a écrites ensemble. Ça, ce n’était pas au Blind Pig, c’était au Trèfle!
Arthur : On en a fait au Blind Pig, on en a fait au Trèfle, on en a fait au Jimmy’s aussi, donc on était dans un rayon de 500m, entre Hochelaga et Ontario. […]
Reno : Le groupe a été formé au Helm dans le Mile-End. On est un groupe de Nightlife (rires). Tout ça pour dire qu’on fait tout ensemble, on n’écrit pas vraiment de notre bord, on se voit, on se laisse aller et toutes les idées sont permises, on les essaie toutes, jusqu’à ce qu’on dise que ça, c’est bon, ça, c’est moins bon. On se laisse vraiment aller, on est inspiré par le processus lui-même. Les chansons sont vraiment des trucs qui nous trottent dans la tête et qu’on ressent le besoin d’exprimer ensemble. On veut être ensemble, faire de la musique, des chansons, c’est ça qui nous inspire.

Myriam : On décrit votre poésie comme étant sincère et laconique, pourquoi?
Reno : On essaie de faire des textes… J’écris en anglais depuis longtemps, mes paroles, mes textes de mon projet solo sont en anglais, c’est une langue que je maîtrise bien pour ce qui est de la composition de chanson. C’est une langue qui, je trouve, pardonne beaucoup. Justement, en commençant à travailler avec Arthur pour Conifère, l’idée d’avoir un projet en français c’était de faire face à ce que je trouve qui est la difficulté de la langue française, qui est de ne pas être malaisant. Ce qui est difficile, c’est qu’on dirait qu’il y a beaucoup de mots, beaucoup de phrases, des tournures de phrases différentes qui vont affecter plusieurs personnes de façon complètement différente. Il n’y a pas de chemin clair à naviguer. En français, quelque chose qui peut être très bon pour quelqu’un peut être très mauvais pour quelqu’un d’autre. Pour moi, ce qui m’intéressait le plus au niveau des paroles, c’était de composer des textes qui étaient honnêtes et qui étaient simples aussi, qui étaient naturels.
Arthur : Pas trop dans la métaphore…
Reno : On aimait faire quelque d’assez terre à terre, qu’il n’y ait pas ces artifices qui peuvent rapidement rendre des chansons plus difficiles à digérer d’une façon ou d’une autre. Ça n’aurait pas été naturel pour nous, que ce soit de se lancer dans des envolées poétiques à n’en plus finir ou au contraire d’y aller avec quelque chose de plus raw, plus abrasif. On voulait faire quelque chose qui nous représentait bien dans la musique et dans nos idées créatives ensemble, qui était quelque chose de digérable quand même, d’accessible mais honnête et naturel. C’est pas mal de là que ça vient, cette idée-là de poésie modeste si on peut dire.

Myriam : Tantôt, vous me disiez que le processus de création c’était ce que vous préférez, avez-vous un processus de création que vous utilisez toujours ?
Arthur : Ça dépend de la journée et de quel temps il fait et tout ça. […] On a fait le EP pas mal dans mon mini studio chez mes parents. On l’a terminé à plusieurs autres endroits, mais pour écrire des chansons ça a été pas mal là. Reno venait, souvent ce qu’on faisait c’est que je faisais un rythme de batterie simple sur le drum machine que j’ai, ça nous permettait rapidement de placer un groove, on prenait les instruments et on essayait de trouver des suites d’accords qui nous plaisaient. Dès qu’on s’entendait sur quelque chose, […] tout de suite on l’enregistrait dans le logiciel pour garder les idées et la spontanéité de ce qu’on faisait.
Reno : C’était très spontané!
Arthur : Parfois, on est en train de jammer une suite d’accords, et un de nous deux chantonnent une mélodie, l’autre dit « hey, c’est une bonne mélodie! » donc on la met direct dans le programme. Une fois qu’on a exploré tout ça, on réenregistre des parties et on essaie de faire notre idée le mieux possible. On fait un genre de préprod qui dure deux heures et après on se lance tout de suite dans les vrais sons, on l’enregistre pour vrai par la suite. Les paroles, souvent on passe le début de l’après-midi à faire un instrumental, trouver du yogourt, des trucs à chanter. Après, on allait souper puis on allait écrire des bouts de texte en mangeant. Après, on revenait et on essayait. […]
Reno : Le soir, après 10h, on s’asseyait, on était fatigués d’avoir fait des choses toute la journée, donc on ne parlait plus vraiment, tout ce qu’on faisait c’était se passer l’ordinateur pour s’amuser avec les synthétiseurs, des plug-ins, des textures, des affaires… c’était vraiment l’élément plus ambiance qui entrait. C’était moins de réflexion. On s’amusait avec les sons avec une petite bière. Ça, c’était le fun, ben relax…
Arthur : … c’était vraiment cool!
Reno : Ce qui est le fun, c’est quand est-ce que c’est arrivé qu’on se soit dit « ah, ça c’est pas bon »… Pas dans le sens qu’on se trouve ben bons (rires)
Arthur : On se le dit tout de suite quand on n’aime pas ça. […] On trouve vite le consensus.
Reno : Il n’y a pas de remise en question, c’est vraiment ça on aime ça, ça on n’aime pas ça, on continue, on avance. Ce sont des chansons, il ne faut pas virer fou! On s’amuse, on laisse notre créativité nous guider.
Arthur : Ça fait qu’on est surpris par ce que ça donne. Je n’aurais jamais pu faire ces chansons seul, je pense que Reno non plus, mais en gardant ce processus-là tout le long, on a trouvé quelque chose…
Reno : Des fois, en écoutant les chansons, je me demande c’est quoi ce son-là, comment on a fait ça… C’est quasiment comme une transe. Je ne sais pas trop comment on a fait ça. Tu le réécoutes, et tes propres chansons sont comme des étrangers, mais en même temps ça devient comme des entités à part entière qui existent d’une autre façon. C’est le fun, après, de le réécouter et se dire « je ne sais pas comment on a fait ça, mais cool! »
Arthur : Probablement que le prochain ne sonnera pas pareil, notre méthode de travail va changer. On doit s’autoriser à changer de manière de faire, et c’est encore nous deux donc ça va rester cohérent.
Reno : On est toujours intéressés à continuer à ne pas rester pris dans des patterns, que ce soit en réalisation ou en composition, je pense qu’on aime évoluer, mais on a quand même une identité forte, une identité qui se rejoint. Il y a des trucs qu’on sait qu’on adore les deux, on a des go-to, mais on essaie de ne pas rester pris dans ces genres de prison là. […]

Myriam : Vous parliez du prochain album, mais vous ne semblez pas l’avoir commencé, qu’est-ce qui vous attend en 2021? Est-ce qu’on peut s’attendre à un nouvel album? Peut-être pas en 2021, mais bientôt? Allez-vous vous remettre à la table à dessin?
Reno : J’ai mon album à sortir pour mon projet solo qui vient au mois d’octobre. C’est une grosse sortie, c’est un grand engrenage si on peut dire. Je dois avouer que pour les prochaines semaines, les prochains mois c’est vraiment ce qui va prendre le dessus, la presque intégralité de mon temps et de mon énergie. Arthur est conscient de ça et correct avec ça, il faut dire qu’il a réalisé l’album aussi. Il a intérêt à ce que je fasse un effort pour bien le sortir (rires). Je pense qu’on planifiait quand même se voir… personnellement ce que je trouve qui prend le plus d’énergie ce n’est pas la création ou la composition, c’est la gestion d’un projet qui est quand même quelque chose dont on ne parle pas beaucoup, qui peut prendre énormément de temps et d’énergie, je trouve ça difficile personnellement de mener deux projets en même temps avec la même intensité. Ça se pourrait qu’on se retrouve cet été ou quand les choses vont se calmer un peu au niveau pandémie pour faire de la musique. Pour ce qui est d’un nouvel album, il va falloir attendre en 2022, mais c’est définitivement dans les plans. On a ben trop de fun, c’est sûr qu’on va se retrouver bientôt pour faire ça. Pour l’instant, je me concentre sur mon album et je crois qu’Arthur aussi est pas mal occupé. Je pense qu’il joue beaucoup à la PlayStation, c’est ça? (rires)
Arthur : Je sors un EP de musique électronique aussi.
Reno : Ah oui tu fais ça aussi c’est vrai (rires). C’est important pour nous que ce soit le fun, que ce ne soit pas trop stressant. Pour que ça puisse durer, on veut vraiment que ça demeure sain. On ne veut pas se brûler. On continue à faire de la musique, ça va continuer à venir au fil du temps.

Myriam : Si vous pouviez prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question vous poseriez-vous, en y répondant?
Reno : Est-ce que je peux poser la question à Arthur et Arthur me pose la question?
Myriam : Vous pouvez faire ça!
Reno : C’est sûr que je vais poser une question super nerd sur un plug-in… (rires) Arthur, c’est quoi ton plug-in préféré en ce moment? Aujourd’hui, 6 avril 2021. […]
Arthur : Elle est difficile, ta question!
Reno : Je sais, je suis un journaliste très difficile (rires).
Arthur : Depuis deux jours, j’explore le synthé modulaire. J’ai trouvé un programme sur mon ordinateur qui me permet de faire du synthé modulaire sans avoir à dépenser des milliers de dollars. C’est quand même cool. Un synthé moduleur, c’est comme un synthétiseur. Un synthétiseur, c’est comme un clavier qui fait du son avec certains paramètres que tu peux changer en tournant des boutons et tout ça. Un synthé modulaire, c’est plusieurs modules qui interagissent ensemble, mais ils ne sont pas connectés, c’est ton travail de connecter les modules ensemble pour qu’ils fassent du bruit. Ce qui est intéressant, c’est que tu peux les connecter de n’importe quelle manière, donc il y a une versatilité impressionnante. Il y a peu de modules qu’il n’y a pas dans un synthétiseur, tous les modules qu’il y a dans un synthétiseur sont préconnectés, le synthé modulaire te permet de faire tes propres connexions et d’interagir avec les modules de la manière que tu veux. J’expérimente avec ça, ça me fait peur parce que ça coûte extrêmement cher dans la vraie vie ces synthétiseurs-là, mais j’ai beaucoup de plaisir à gosser.
Reno : Merci de ton explication du synthétiseur, ça va être bien apprécié des lecteurs.
Arthur : Oui, donc le synthé moduleur… (rires) Bref, c’est un peu nerd, mais c’est ce que je fais depuis une semaine quand j’ai du temps.
Reno?
Reno : Oui?
Arthur : Je trouve ça …
Reno : Tu peux me demander une question de connaissance générale (rires). Quelle est la capitale… (rires)
Arthur : (rires) Non, ça ne me tente pas de poser ça… Est-ce que tu penses que, parce qu’on parle beaucoup dans notre processus de création qu’on aime ça expérimenter, de se perdre dans le son et les machines, est-ce que tu penses que des fois on a trop de choix?
Reno : Il fait exprès de me poser ça parce que je lui envoie constamment des messages avec de nouveaux jouets en lui demandant si je devrais me les acheter, et chaque fois il me dit non. Sans lui, je serais très endetté (rires). Bref, merci Arthur pour cette question. Est-ce que je crois qu’on a trop d’options? Absolument pas. Je crois que ça prend plein d’options, plein de synthétiseurs tout le temps. Donc, la réponse est non. Il me semble que tout le monde dit oui, donc oui, mais personnellement je ne me suis pas rendu là encore. Je ne pense pas, pour vrai. Si tout a son utilité, pourquoi pas avoir plein de versions de tout? (rires) C’est la pire citation (rires). […] Je ne pense vraiment pas que dans un contexte de studio, d’endroits où tu as accès à plein d’équipements, plein de machines, plein d’outils, je pense que ça peut être plus positif qu’autre chose que d’avoir plein d’options. Là où c’est extrêmement dangereux de tomber dans le panneau du gear : la semaine passée, j’essaie d’arrêter, mais la semaine passée pendant trois soirs de suite j’étais sur YouTube jusqu’à 2h du matin à regarder des vidéos de pédale de guitare. Ça, c’est un peu niaiseux parce que ça fait trois soirs de suite que j’aurais pu faire une chanson mais à la place je regardais du gear. C’est quand ça devient du magasinage que ça devient un peu une perte de temps. Pour ce qui est de posséder des affaires, il me semble que ça ne me dérangerait pas.
Arthur : Un argument que je pourrais amener, c’est que dans Conifère, une manière qu’on a décidé de se limiter et d’avoir moins d’options, c’est que même si je suis batteur, on a décidé que les batteries seraient toujours électroniques. Ça fait partie d’une limite qu’on s’est mise, comme on enregistrait dans un appartement.
Reno : Ça, ça ne veut pas dire que tu ne possèdes pas de batteries (rires).
Arthur : Non, mais en même temps, quand je dis qu’on a trop d’options, c’est juste qu’il faut être dans certains projets. Ça a fait partie de l’identité de notre EP de s’être dit « il n’y aurait pas de batterie. » C’était une des seules choses qu’on savait avant de commencer, que ça allait être des batteries électroniques. […] (NDLR : Reno m’a confié un secret musical de leur projet et j’ai pris la décision de ne pas le partager.)
Reno : C’est le fun de se mettre des petites limitations comme ça. Donc finalement j’ai répondu à ta question par toutes ses réponses (rires).

 

1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
CRi feat. Jesse Mac CormackNever Really Get There

2. Ta chanson de rupture préférée?
John MayerStill Feel Like Your Man

3. Ta chanson d’amour préférée ?
BeatlesAnd I Love Her

4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage ?
Andromède

5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Half Moon Run Sun Leads Me On

6. La chanson qui te rend le plus heureux ?
The TurtlesHappy Together

7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup ?
BAAB

8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Crosby, Stills, Nash & YoungHelplessly Hoping

9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
BeatlesYesterday

10. Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
L’effet papillon