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Comme une fleur bleue à la musique

Les heures innocentes – Lysandre

Par : Mylène Groleau

Avril n’a qu’à bien se tenir. Mars se termine en livraison grandiose de nouveau projets musicaux.

Des EP, des albums et des spectacles annoncés.

Le printemps se fait languir autant que notre désir de retrouver ses artistes sur les scènes, parcourant le Québec jusqu’à l’automne prochain.

De Matt Holubowski, Les Soeurs Boulay, Lysandre ou encore Éléonore Lagacé et Noémie Kaiser, les artistes que je vous présente cette semaine de fin de mars.

Matt Holubowski

Matt Holubowski

Matt Holubowski dévoile chez Audiogram son quatrième album, Like Flowers on a Molten Lawn, disponible depuis le 24 mars en format disque, vinyle ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute et de téléchargement.

On ramasse toutes les fleurs sur le gazon, auprès de Matt Holubowski durant l’écoute de ce nouvel album qui nous arrive comme une histoire.

Il nous fait commencer par la fin, avec la pièce End Scene, révélée en novembre dernier. Puis Gardens v. Mowers, littéralement imaginée comme une dispute amère entre un jardin et une tondeuse, illustre habilement toutes les complaisances qui nous habitent, nous empêchent d’atteindre nos objectifs et parfois nous poussent à faire spécifiquement ce que l’on essayait de contrer.

Tout au long de l’écoute, les voyages se font multiples, autant dans les sonorités choisies par l’auteur-compositeur-interprète que dans les thématiques abordées.

L’Orchestre symphonique national estonien s’emboîte avec virtuosité dans les arrangements de trois des chansons. On assiste à un déplacement spatial, alors que le chanteur offre une rare pièce en français, La lune est morte de rire.

La chanson Sandy Cove, quant à elle, laisse entendre Sarah Pagé qui joue du koto, impressionnant instrument à cordes d’origine japonaise.

La très actuelle et réconfortante I Left The Light On, est un doux rappel que nous ne sommes pas seuls. Parfois, il ne suffit que d’allumer le phare de l’empathie pour que les âmes perdus retrouvent leur chemin.

Matt Holubowski a construit l’univers de son nouveau long jeu à partir du poème Spring is Like a Perhaps Hand de EE. Cummings. Pour l’artiste, ça parle du printemps qui lentement, soigneusement et parfois avec difficulté, finit par nous ramener les fleurs:

«Ça a été un rappel pour moi… d’accepter que certaines choses mettent du temps à se réaliser», dit Matt.

Il explore ainsi les cycles de morts et de renaissances, grandes ou petites. Les saisons, les idées, les époques, la vie, l’amour.

Like Flowers on a Molten Lawn nous laisse entendre la voix, le piano et les claviers de Matt Holubowski qui signe la coréalisation.

Réalisé par Pietro Amato, que l’on peut également entendre au piano, au cor français et aux synthétiseurs, l’album met en valeur le talent des fidèles complices de Matt: Marc-André Landry (basse), Marianne Houle (violoncelle, voix), Stéphane Bergeron (batterie) et Simon Angell (guitare). L’album a été mixé par Mark Lawson et le mastering a été confié à Harris Newman.

Éléonore Lagacé

Éléonore Lagacé

Elle s’en fout.

Ces mots sont vite devenus emblématiques du projet de mini-album de l’autrice-compositrice-interprète Éléonore Lagacé. Lâcher prise, arrêter de se poser des questions, cesser d’accorder trop d’importance à l’opinion d’autrui, puis foncer.

Malgré les très nombreuses chansons qui traînent dans son tiroir de compositions, localisé dans une région très précieuse de son cerveau, Éléonore a choisi de commencer sa carrière sur disque par un EP.

« J’avais trop hâte, j’étais trop pressée de sortir ma musique pour qu’elle existe en dehors de ma tête! », confie-t-elle.

Le plus difficile a été de choisir seulement six pièces. Lesquelles sont les plus intéressantes? Combien en français et combien en anglais? Comment peuvent elles cohabiter entre elles tout en étant uniques à la fois? Et surtout, qu’est-ce qu’elle a réellement envie de faire?

La réponse à cette dernière question était à la fois simple et compliquée, car Éléonore veut (presque) tout.

Elle veut être une femme libre et sans limites; elle veut s’éclater et mettre de la lumière dans la vie de tous ceux et celles qui voudront recevoir sa musique. Pour la première fois de sa vie, elle sent qu’elle a la force nécessaire pour y arriver.

Et comme elle est aujourd’hui persuadée qu’on n’accomplit rien seule, elle s’est entourée d’une équipe de collaborateurs exceptionnels, qui ont mis tout leur cœur dans le projet d’Éléonore. Au final, six pièces qui parlent notamment de notre difficulté à nous aimer, de notre difficulté de vivre, mais dans une ambiance dance/chanter à tue-tête dans l’auto.

Un spectacle-lancement aura lieu le jeudi 6 avril 2023 à 20 h (les portes ouvrent à 19 h) au Ausgang Plaza, 6524, rue Saint-Hubert, Montréal. Les billets, au coût de 15 $, sont en vente ici.

Lysandre

Lysandre

Lysandre présente la première moitié du EP Les heures innocentes qui rassemblera deux extraits doubles inspirés de la beauté qui émane de la nostalgie.

L’heure des tournesols et Ville nouvelle s’enchaînent et mettent la table pour l’ensemble qui sera complété en mai.

L’extrait double est disponible dès maintenant sur toutes les plateformes d’écoute.

À la suite de son album Sans oublier, sorti il y a un an chez Chivi Chivi, l’autrice-compositrice-interprète récidive avec spontanéité et instinct.

Complètement en phase avec le printemps qui nous redonne, une nouvelle fois, les premiers espoirs d’un été qui va éclore, Lysandre explore de manière nostalgique les choses qui nous quittent et reviennent à perpétuité.

«Comme le cycle des saisons, Les heures innocentes sont des heures où je réfléchis et apprivoise ces changements», exprime l’artiste.

Les chansons L’heure des tournesols et Ville nouvelle se présentent en effet comme l’idée du printemps: le renouveau qui arrive à combattre le sentiment d’étrangeté, l’exil comme solution soudaine et l’abandon total de soi, risqué, mais inévitable.

«Je voudrais voir à travers tes yeux gris, ciel ouvert. Tous les tremblements de mers. Encore une fois», chante-t-elle à répétition sur L’heure des tournesols.

Puis vers la fin de Ville nouvelle, elle affirme, fougueuse: «Isolée dans l’œil d’une ville nouvelle, je salue les départs

Lysandre jongle ainsi avec les débuts, les fins et les bienfaits de de l’éloignement, une fois le retour effectué. «J’ai voulu aller creuser à l’intérieur du sentiment nostalgique afin d’apprivoiser l’idée de l’abandon et des départs, soutient Lysandre. En ralentissant le temps, à ma manière, j’ai eu accès à des moments de grâce où j’ai accepté le mouvement naturel des gens qui entrent dans ma vie alors que d’autres disparaissent

Outre les pianos, la voix et les synthétiseurs de Lysandre Ménard, on peut entendre Ludovic Alarie (Guitare classique), Étienne Dupré (Guitare électrique, basse électrique) et Samuel Gougoux (Drum, percussions). La prise de son est l’œuvre de Ludovic Alarie et Étienne Hamel, le mix a été réalisé par Ludovic Alarie et le mastering par Ryan Morey. L’heure des tournesols et Ville nouvelle ont été enregistrées au studio Mixart et au studio Waterhouse.

La deuxième partie du EP Les heures innocentes, un second extrait double, paraîtra en mai prochain.

Couronnée Révélation Radio-Canada en chanson en 2022-2023, Lysandre a récolté plusieurs nominations, notamment à L’ADISQ et pour le prix Félix Leclerc. Sa musique se déploie autant en solo qu’auprès d’amis (es) fidèles (Klô Pelgag, Helena Deland, Ping Pong Go).

Noémie Kaiser

Noémie Kaiser

L’artiste montréalaise Noémie Kaiser présente un vidéoclip pour sa chanson C’était pour faux, réalisé par la comédienne et poète Laurie Babin (L’ÉchappéeLa nuit ou Laurier Gaudreault s’est réveilléToute la Vie).

La pièce est issue de son premier album nommé L’or des fous paru le 24 février.

Les deux amies de longue date ont créé ensemble le clip qui a quelque chose de naïf, ludique et authentique.

À l’instar de l’univers visuel de l’artiste, on y trouve du collage en noir et blanc, des éléments de la nature et du stop motion.

C’était pour de faux nous emporte dans un univers planant lumineux, mais rempli de mélancolie. C’est une chanson qui parle d’un amour né pour mourir.

L’or des fous

L’or des fous contient 8 morceaux, dont 7 chansons et un interlude instrumental. Il a été enregistré au Studio Mixart, ainsi qu’au Studio Dondepiano, à l’été 2022. L’album est réalisé par François Jalbert (Jalbert & Beaulieu, Little Misty) et mixé par Warren Spicer (Plants and Animals).

Les compositions de la jeune chanteuse sont intimes et contemplatives. Elles explorent des thèmes fondamentaux comme les rapports humains, la maladie mentale, la souffrance et l’amour. Tout le monde saura s’y reconnaître en quelque part.

Les chansons de L’or des fous sont tantôt délicates, tantôt denses. Chose certaine, elles ont beaucoup de relief et de texture. Elles se démarquent par la beauté des mélodies et la richesse des harmonies exécutées par les voix et par un quatuor à cordes.

La musique, à son avis, est un moyen extraordinaire pour partager certaines expériences douloureuses de la vie. Elle se plaît à citer Buffy Saint-Marie, qui a déjà dit que la souffrance est comme de l’engrais, il faut la laisser se transformer en quelque chose de beau. Avec un peu de chance, la musique permet la guérison de soi et même d’autrui.

Le travail de Noémie, qui est influencé par Emma FrankMAROKlö PelgagPhilémon Cimon ou encore Patrick Watson, consiste à écrire sans contrainte. Vient ensuite le tri. Sa plus grande préoccupation est d’être sincère dans les histoires qu’elle raconte.

Les Sœurs Boulay

Les Sœurs Boulay

Les Sœurs Boulay présentent Laisse aller la vie, un extrait phare de leur plus récent album Échapper à la nuit, paru l’automne dernier.

Pour accompagner l’extrait, elles lancent un vidéoclip retraçant 10 ans de carrière, 10 ans de fous rires entre sœurs, 10 ans de complicité avec le public.

Elles annoncent du même coup une série de spectacles marquant  le nouveau chapitre qu’elles amorcent, 10 ans après le lancement de leur premier album, Le poids des confettis.

« Risque pas ta tête à brasser tes colères et à lancer des pierres à tous tes ennemis. Garde ta lumière », recommandent Mélanie et Stéphanie dans la chanson Laisse aller la vie, la première pièce qui a été créé pour l’album Échapper à la nuit.

Dernier morceau de l’album, il regroupe l’ensemble des espoirs formulés par le duo pour la suite de son monde.

« Ce sont les premiers pas de l’être qui se reconstruit, baisse sa garde et recommence à croire que l’avenir aura quelque chose de beau à donner », disent les auteures-compositrices-interprètes.

« Ça fait dix ans qu’on gratte nos bobos pour essayer de leur donner du sens, dix ans qu’on regarde le monde en essayant d’y trouver de la beauté », disent-elles.

De leur première vidéo YouTube, à leurs premières compositions, en passant par leur triomphe aux Francouvertes (2012), les albums et leurs tournées qui se sont enchaînées, elles mesurent leur privilège et ressentent, encore plus fort qu’avant, la fragilité de tout ça.

Les sœurs Boulay livrent depuis dix ans la musique de l’intime qui agit comme un refuge, mais aussi, crucialement, celle que l’on partage en groupe dans une expérience commune et unique à chaque spectacle.
La metteure en scène, comédienne et programmatrice Myriam Sophie Deslauriers assure la mise en scène d’Échapper à la nuit afin que toutes les étoiles s’alignent.
Avec ou sans leurs guitares et leurs pianos, Mélanie et Stéphanie assumeront leurs mouvements dans ce chant qui leur appartient comme au premier jour.
Sur scène avec elles, Marc-André Larocque (batterie), Camille Gélinas (claviers et programmation) et Charles Blondeau (instruments à cordes) redessineront tous les arrêts du chemin parcouru depuis qu’on a entonné pour la première fois Des shooters de fort sur ton bras.

Les billets sont déjà en vente pour la tournée qui promet déjà quelques escales clés à La Noce, à Chicoutimi, le 8 juillet et au Grand Théâtre de Québec le 13 octobre. Les célébrations culmineront à Montréal le 9 novembre.