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Le Père au TNM

Découvertes en terrain connu

Le Père pièce
Crédit photo : Yves Renaud

Il fait partie du décor depuis que je m’intéresse à la culture. En fait, il fait partie du décor depuis que je m’intéresse à bien des choses. On l’a vu drôle, sportif, mythomane, investi, paranormal, absurde et quoi d’autres. On peut le voir comme un pilier de notre culture, comme une forêt que l’on a arpentée à plusieurs reprises. Avec Marc Messier, nous sommes en terrain connu.

Qu’il joue dans un spectacle de théâtre, déjà celui-ci nous appartient un peu. Le TNM nous fait ce cadeau avec la pièce Le Père qui y sera présentée jusqu’ au 13 avril prochain. Marc messier y incarne un homme, un père, de plus en plus atteint par la démence. La version biologique et pathologique de celle-ci évidemment. Un sujet absolument d’actualité, ou un univers que l’on apprivoise de plus en plus dans notre population vieillissante.

Cette juxtaposition d’éléments familiers aurait pu avoir l’effet de bonnes vieilles pantoufles. Pourtant, ce n’est pas du tout ce qu’Édith Patenaude nous propose dans sa mise en scène. Alors que la performance de Marc Messier nous oblige à sortir d’une attitude confortable que l’on pourrait avoir face à lui, les « flashs » scéniques de la pièce nous garde constamment sur le qui-vive.

Nous découvrons comment la solidité peut s’effriter jusqu’à la fragilité. Nous faisons l’expérience de la confusion. Nous observons l’extraordinaire dose d’amour indispensable pour s’occuper d’un être qui s’étiole. Nous constatons l’impact sur l’entourage quand un esprit s’égare. De plus, une peur, qui est aussi une prise de conscience, s’insinue en nous, nous poussant à une réflexion sur ces maux qui deviennent communs.

le Théâtre du Nouveau Monde
Crédit photo : Yves Renaud

Le père, et l’acteur qui le joue, prennent un espace considérable dans le spectacle. Les deux entités sont intimement reliées. Le deux représentant des personnages coutumiers au sein de l’imaginaire québécois. Ce n’est donc pas évident pour le reste de la distribution de se tailler une place au soleil. Néanmoins, elle fait un travail remarquable, notamment Catherine Trudeau.

Bref, d’une certaine façon, le jeu de Marc Messier dans cette pièce devient pour moi une double découverte. Il me montre un acteur qui n’a pas souvent dévoiler de la vulnérabilité et il me fait prendre conscience que les frontières que je considère comme sûres peuvent imploser n’importe quand, pour nous amener dans des contrées où l’on ne reconnaît plus rien.

Les autres acteurs qui participent à cette exploration sont Adrien Bletton, Sofia Blondin, Fayolle Jean Jr et Noémie O’Farrell. Les billets sont disponibles au Théâtre du nouveau monde.