un magazine web axé sur la culture d’ici

La nuit de la déprime

L’art de savoir faire un pied de nez à la déprime

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf

Par: 

Le troisième lundi de janvier étant dorénavant proclamé le «Blue Monday» car, il semblerait que cette journée soit la plus pénible de l’année. La convergence de plusieurs facteurs négatifs ont portés à l’aboutissement de cette emblématique journée.

C’est donc, au Théâtre St-Denis de Montréal, que c’est tenu la toute première édition de La nuit de la Déprime. Un spectacle dans lequel près de vingt artistes sont montés sur scène afin de faire un pied de nez de façon humoristique face à la déprime engendrée par le manque de lumière, les relevés des cartes bancaires de décembre, le froid de janvier, les résolutions qui n’ont pas été tenues et ainsi de suite.

Animée par nul autre que Christian Bégin, la soirée fût imprégnée, dès le départ, par un humour grivois, cynique et remplie de sarcasmes. Un humour mordant qui fini par nous faire totalement apprécier ce jour de déprime. Un véritable pied de nez à ce mal être qui nous envahi à ce temps-ci de l’année.

L’animateur de la soirée a déambulé dans l’allée centrale en chantant Ce matin de Diane Juster pour nous donner le ton de la soirée. S’en est suivi d’un monologue, sarcastiquement parlant, lourdaud. Empreint de mélancolie, il s’est adressé au public. Soulignant qu’historiquement parlant, on ne retrouve rien un 20 janvier. «Même l’histoire ne veut rien savoir du 20 janvier«.

Des chansons sous des airs de mélancolie ont alimenté toute la soirée. En débutant auprès d’Isabelle Boulay avec ses magnifiques pièces Le saule ainsi que Ne me dis pas qu’il faut sourire. Puis s’est enchaîné une panoplie d’artistes aussi faussement dépeint de la triste journée du 20 janvier. Bien au contraire, ils nous ont tous sortie d’une déprime assurée malgré leur choix musicaux. Les voir et revoir sur la scène nous a grandement réchauffés le cœur et l’esprit.

Shirley Théroux s’est amené avec Une histoire d’amour. Une ovation à l’égard de l’artiste qui nous a transportée vers une exquise reprise Des dames de cœur personnifié par Pierre Brassard et Élise Guilbault. Pierre nous a introduit à la scénette par une lecture de liste de choses vraiment déprimant. En passant par « Croiser son patron dans la salle d’attente pour un examen de coloscopie » jusqu’à « Trouver la motivation complimenter un dessin d’enfant lorsqu’en fait, il ne s’agit pas de ton enfant ». Ou encore « Être en ligne d’attente pour parler à un préposé d’Équifax ».

Marie-Thérèse Fortin s’est, quant à elle, permise une reprise de Barbara : Dis, quand reviendras-tu?

À la guitare, David Portelance nous a subjugué avec Tenir debout. Une pièce marquante. Un moment unique.

Antoine Gratton, directeur musical de l’événement, a interprété All by myself. Pendant que Christian Bégin se lovant en slow, se donnant des instants d’affection auprès d’admiratrices dans la salle.

Alex Perron a offert une performance haute en sarcasme. Les rires fusaient de partout dans le théâtre. Parfois à la limite de l’indécence, son assurance et son aplomb faisant surprendre son auditoire qui ne pouvait que faire autrement que d’approuver le dialogue de l’artiste.

Suivi de Michel Rivard qui est venu gratter sa célèbre pièce de La complainte d’un phoque en Alaska. L’auditoire se joignant à lui pour reprendre les paroles apprises par coeur.

France Castel, avec son énergie quintuplée, a clos la première partie avec une oeuvre jumelant le théâtrale et l’aisance de l’interprétation avec la pièce Les adieux d’une sex symbole.

Un retour de la pause avec grand fracas avec Mélissa Bédard et la reprise de Le monde est stone. Un moment remarquable et parfait. Permettant de se recentrer sur l’émotion de se recentrer en soi.

Une belle surprise toute en douceur avec  la comédienne Ève Landry. Venue interpréter Chanson d’ami de Zazie.

Un medley de chansons tristes avec Jean-Sébastien Girard. Comme d’habitude avec Shirley Théroux, Oui parait-il, Et maintenant, La Mama accompagné de sa véritable maman.

Élise Guilbault s’est aventuré dans la lecture de lettres de ruptures. Un pur moment de bonheur de l’entendre nous raconter des pans d’histoires qui, souhaitons lui, ne se sont pas passés de cette manière.

Une pièce inédite par Yann Perreau soit l’Oiseau bleu. S’accompagnant au piano, il nous a livré une pièce toute fraîche pour l’événement.

Patrice Michaud s’est laissé accompagné par Mélissa Bédard et Guylaine Tanguay pour l’interprétation de It must have been love. Poursuivant seule, Guylaine Tanguay a admirablement bien repris la pièce I will always love you.

France Castel est revenue pour chanter Mes blues passent pus dans porte. Un autre moment de partage avec l’auditoire avant de céder la place au dernier artiste de cette première édition soit Mario Pelchat avec ses deux pièces bien connues du public: Je ne t’aime plus et Pleurs dans la pluie. 

Plusieurs instants d’ovations pour les artistes venus sur la scène. Rien n’était déprimant, bien au contraire. Une soirée hautement dirigée et des interprétations remarquables.

Il serait important de souligner que les profits recueillis de cette soirée seront versés à la Fondation Ronald-Denis. Le Dr. Denis étant un éminent chirurgien qui s’est engagé à améliorer la qualité de vie des personnes souffrant d’obésité morbide.

En attendant le coup de déprime de janvier de l’an prochain, pensez à surveiller les invitations médiatiques et venez savourer l’hymne à la déprime le troisième lundi de janvier 2021. C’est un rendez-vous à ne pas rater.

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf/MatTv.ca