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La Dame aux Camélias par Peter Quanz aux Grands Ballets

Un ballet émouvant

Crédit photo : Sasha Onyshchenko

Par: Ariane Monzerolle

La Dame aux Camélias est un ballet qui a été maintes et maintes fois repris à travers les époques. Basé sur le roman du même nom d’Alexandre Dumas, paru en 1848, il retrace l’idylle entre la courtisane Marguerite, atteinte de la tuberculose, et le jeune bourgeois Armand en trois tableaux. Le tout est magnifiquement porté par six interprètes, trois Marguerite : Rachel Buriassi, Anya Nesvitaylo et Maude Sabourin, et trois Armand : Esnel Ramos, Roddy Doble et Raphael Bouchard.

Le chorégraphe a décidé de laisser une grande place aux textes de Dumas dans le ballet. La pièce commence, et les tableaux sont entrecoupés avec certains passages du livre original. Ces moments sont aussi accompagnés d’une gestuelle simple qui apporte un niveau supplémentaire à la pièce. Le tout est narré par Célestin Boutin. J’ai particulièrement apprécié cette dimension du ballet, qui mêle la littérature à la danse, tout en rendant hommage aux beaux mots et aux phrases de Dumas, ce qui est rarement fait. D’ailleurs, en sortant du ballet, j’ai tout de suite eu l’envie de lire le livre, mais c’est peut-être l’intellectuelle en moi qui parle.

La naissance d’un premier amour

Le premier tableau, nommé L’Amour, décrit la rencontre entre Marguerite et Armand. Marguerite, grande courtisane ayant plusieurs soupirants à ses pieds, n’a d’yeux que pour le bel Armand. Armand la convainc de le suivre à la campagne, où ils vivent un premier amour idyllique. La belle Marguerite est cependant entretenue par Le Duc, ce qui la déplaît fortement.

Le premier acte est interprété par Rachel Buriassi et Esnel Ramos. Je dois avouer que j’ai beaucoup aimé la légèreté du premier tableau. Dans les premières scènes, on retrouve les personnages dans un bal où la vanité et le plaisir sont bien présents. Les costumes sont colorés et légers, les tissus suivent bien les mouvements. La gestuelle est fluide, avec de magnifiques portées et des amplitudes impressionnantes dans les mouvements des interprètes. On ressent une réelle connexion entre les deux protagonistes du duo principal, une belle confiance mutuelle transparaît.

Le sacrifice d’aimer

Le deuxième tableau raconte comment l’idylle entre nos deux protagonistes prend fin. Après de nombreuses pressions de la famille d’Armand pour qu’il quitte sa belle, sans résultats, ils décident de mettre la pression sur Marguerite, ce qui la pousse à la rupture. La pression n’aide en rien son état de santé, qui s’aggrave.

Porté par Anya Nesvitaylo et Roddy Doble, le deuxième acte est beaucoup plus lourd et triste. L’ambiance musicale est plus grave, les notes résonnent longtemps, et le jeu sur les instruments est plus marqué. La gestuelle devient plus saccadée et ancrée dans le sol, presque violente. Les costumes deviennent plus neutres et sobres. On ressent la tension émotionnelle dans l’interprétation de Marguerite. Son jeu physique est impressionnant, montrant un beau contrôle sur son corps, une interprétation complète.

Tomber dans l’abime jusqu’au trépassement

Le dernier tableau, définitivement sombre, nous présente une Marguerite seule et abandonnée, ayant perdu toutes les faveurs de ses soupirants et qui mourra seule. On y retrouve un Armand blessé qui humilie volontairement Marguerite. Le tableau se termine avec la mort de Marguerite.

D’abord, on voit une Marguerite malade et abandonnée par ses pas hésitants et sa faiblesse évidente. La scène et les costumes sont habillés de rouge, couleur symbolisant la maladie de Marguerite, c’est tout simplement époustouflant. L’interprète d’Armand nous offre un jeu d’émotion profond, montrant son déchirement total vis-à-vis de Marguerite. Les non-dits entre les deux interprètes sont présents, démontrant une réelle application à porter cette histoire sur scène.

La pièce se termine avec la mort de Marguerite, suivie d’une scène particulièrement contemporaine qui tranche avec le reste du ballet. Les six interprètes principaux reviennent sur scène pour émouvoir une dernière fois avec leurs duos respectifs, tel un dernier au revoir, se quittant une dernière fois.

La Dame aux Camélias par Peter Quanz pour les Grands Ballets est d’une beauté surréelle, redonnant ses lettres de noblesse à cette histoire bien connue. Les choix de Peter Quanz sont originaux et uniques, donnant un ton actuel à ce récit. Les interprètes nous offrent des prestations complètes, tant au niveau de l’interprétation physique qu’émotionnelle. La scénographie et les costumes sont à couper le souffle, donnant le ton. Finalement, l’orchestre accompagnant les interprètes a su parfaitement porter ce ballet et lui donner des tonalités supplémentaires. Je vous conseille donc fortement d’aller voir ce ballet!