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Fantasia – Fermeture de la 24e édition

Lutte, histoires, et satanisme

© Festival Fantasia

Par : Normand Pineault

Nous sommes arrivés à la dernière journée de présentations du Festival, et nous revenons sur quelques-uns des films que nous avons eu la chance de voir durant la semaine, de même que de ceux présentés dans le cadre de la fermeture de la 24e édition, tels que You cannot kill David Arquette, Undergods, et Anything for Jackson.

You cannot kill David Arquette

© Elevation Pictures

You cannot kill David Arquette est un documentaire sur la carrière de l’acteur américain devenu lutteur. Il nous présente surtout un résumé du parcours de David Arquette dans la lutte professionnelle, depuis l’an 2000 où il avait réussi à gagner le championnat Poids-Lourd de la WCW (World Championship Wrestling), événement considéré par la majorité des amateurs comme le pire moment de l’histoire de toute la fédération. Au travers d’entrevues de style télé-réalité, avec des lutteurs professionnels, en passant par les commentaires et opinions de l’acteur, de sa famille et d’amis, nous suivons quand même avec intérêt David qui tente de laver sa mauvaise réputation, et de se prouver qu’il détient tout de même ce qu’il faut pour œuvrer dans le milieu.

Au départ, le documentaire semble se moquer de lui-même, et n’avoir été créé que pour faire une blague au spectateur. Toutefois, nous découvrons vite la vraie passion de l’acteur à propos de la lutte professionnelle, et réalisons que le film nous fait plutôt vivre son désir honnête de vouloir se racheter auprès des amateurs de lutte. Nous prenons lentement un intérêt à suivre les efforts de l’acteur/lutteur qui tente de s’entraîner pour parfaire ses mouvements. Dans les salles de gym, en passant par la lutte théâtrale des rues de Mexico, jusqu’au jour où sa participation à un «death match» a failli lui coûter la vie après avoir été atteint au cou par un éclat de vitre, You cannot kill David Arquette est un documentaire intéressant et bien réalisé. Les anecdotes d’actrices et d’acteurs tels que Patricia Arquette, le défunt Luke Perry, Courtney Cox, et bien d’autres proches de David Arquette, nourrissent également notre curiosité face à la carrière de celui-ci. Cela nous fait apprécier la soi-disant rédemption de l’acteur jusqu’à la fin avec un léger sourire de satisfaction sur le visage.

Undergods

© Z556FILM

Dans une collaboration du Royaume-Uni, de l’Estonie, de la Suède, et de la Belgique, Undergods nous place dans un monde futuriste en décrépitude. Œuvrant dans ce milieu de désespoir, de rage, et de solitude, dans un visuel teinté d’un bleu froid, deux travailleurs s’affairent à ramasser les corps jonchant les rues, tout en se remémorant des histoires et anecdotes du temps de jadis, avant que le monde entier tombe dans la déchéance. Ce film est en fait une suite de récits qui s’entrecroisent et se superposent, parsemés de personnages aux envies et aux désirs noirs, à l’image du monde apocalyptique vers lequel ils se dirigent.

Bien que visuellement intéressant, et qu’une touche de curiosité morbide naît en nous dès le début en se demandant la raison pour laquelle le monde est dans un aussi piteux état, le premier long métrage du réalisateur Chino Moya perd rapidement notre intérêt avec la lourdeur inutile du sujet qui ne va qu’en grandissant. Accompagnés d’une très dérangeante et agaçante bande-son inégale qui nous fait perdre à plusieurs occasions le fil des dialogues, les différents récits finissent par perdre du même coup notre attention, au point que nous n’arrivons plus à nous concentrer assez sur les liens qui tentent de se tisser entre eux. Bien que le sujet du désespoir est bien représenté, et même littéralement, on ne peut s’empêcher de trouver le film encore plus long qu’il n’aurait dû l’être. À regarder peut-être si l’envie d’un film sombre et de genre vous passe par l’esprit durant un week-end pluvieux.

Anything for Jackson

© Vortex Words Pictures

Présenté en première mondiale, ce film raconte l’histoire d’Audrey (Sheila McCarthy) et du docteur Henry (Julian Richings), tous deux en deuil de Jackson, leur seul petit-fils récemment décédé dans un accident de voiture. Le poids du chagrin les fait alors se tourner du côté de la future mère Becker (Konstantina Mantelos), l’une des patientes d’Henry, qu’ils décident de kidnapper afin de pratiquer sur elle un «exorcisme-inversé», afin d’implanter l’âme du fantôme de Jackson à l’intérieur de l’enfant à naître. Seulement, Jackson n’est pas le seul esprit à avoir entendu leurs appels, et tous les trois doivent alors se battre et trouver un moyen d’arrêter la malédiction qui s’est abattue sur eux.

Depuis que le classique The Exorcist avait popularisé le thème de l’exorcisme dans les films d’horreur, bien peu de ceux-ci ont réussi depuis à se démarquer par une originalité sur le sujet. Par chance, Anything for Jackson nous offre une touche inhabituelle d’horreur en tendant plutôt du côté de la comédie (très) noire. Le duo principal d’acteurs est rafraîchissant en couple âgé et satanique, quelque peu naïf et de bonne volonté. De bons rires nous sont offerts dans la tournure des scènes troublantes en moments anodins de tous les jours. Par la suite, les cauchemars, tous bien joués physiquement par les acteurs (en particulier «l’homme-araignée» qui n’est pas sans rappeler ledit classique) prennent évidemment le dessus dans l’histoire. Malgré quelques longueurs, le film a la bonne idée de ne pas trop tomber dans les clichés qui sont là que pour faire le saut aux spectateurs. Pour les amateurs d’horreur, et même d’humour noir, Anything for Jackson leur offrira un visionnement satisfaisant, de la réalisation aux effets pratiques, sans trop s’enfoncer dans la lourdeur trop sérieuse qui accable parfois ce genre.

© Vortex Words Pictures

C’est aujourd’hui que se termine le Festival international de films Fantasia, qui a su cette année survivre à la situation pour continuer à nous faire découvrir en primeur tous ces films hors de l’ordinaire. Il nous donne donc rendez-vous pour le mois d’août 2021, afin de fêter sa 25e édition avec une toute nouvelle programmation d’exclusivités.