Objets en lévitation
© Martin Messier
Par : Sébastien Bouthillier
Les vivants et les choses se pensent en parallèle, en dualité. L’artiste éclectique Martin Messier, musicien, chorégraphe et metteur en scène, procède à leur intégration par le mouvement. Quatre interprètes, dont Messier lui-même, bougent auprès d’une douzaine de chaises suspendues par un système de poulies conçu pour le spectacle.
Corps mort extrait la chaise pour la déposer dans l’imaginaire, où l’objet quotidien acquiert un nouvel usage. « J’ai choisi des chaises puisque je les associe aux humains. Elles ont notre taille, une chaise n’est rien sans un humain assis dessus. Bref, en regardant une chaise, je vois l’absence d’être humain », assure le créateur de La chambre des machines et de Sewing Machine Orchestra.
Dans la scénographie mouvante qu’il a créée, les objets lévitent. Puis, ils reviennent à la vie puisque l’absence de mouvements signifie la mort dans la pièce. Vivante ou pas, la matière s’anime à travers la force de gravité qui s’exerce contre elle et lui insuffle le mouvement. L’absence et la mort cèdent le pas à la présence au son de la musique, moteur du geste de Messier, lauréat du Prix Ars Electronica en 2010.
Quand le vivant révèle son âme dans le mouvement, qu’en est-il de l’objet? Si les chaises représentent des acteurs au même titre que les interprètes, « les mouvements les plus intéressants qu’elles font surgissent quand elles bougent de façon imprévisible, opine Messier. Elles deviennent littéralement de petites bêtes. » L’objet devient vivant, mais pas humain pour autant.
Corps mort, présenté à La Chapelle jusqu’au 27 janvier.
Texte corrigé par : Annie Simard