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Damien Rice enivre le Métropolis

Une performance sans égal 

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©Dominique Bernier/MatTv.ca

Par Sara Avakian

Damien Rice était de passage dans la métropole pour un concert dans le cadre de la tournée entourant la sortie de son troisième album My Favourite Faded Fantasy et le Métropolis affichait complet pour l’occasion. Sept ans ont passé depuis la dernière visite de l’auteur-compositeur-interprète au Québec et  les fans ont certainement été récompensés pour leur attente puisque Rice a offert au public montréalais un spectacle inouï rempli de surprises.

Le chanteur est monté sur scène quelques minutes après 20 h 30, seul avec sa guitare, et a amorcé la soirée en interprétant la douce Elephant. Il a poursuivi tout en contraste avec Woman Like A Man, une de ses pièces les plus rythmées, issue de son EP B-Sides. Dès les premières chansons, c’était évident que nous avions un Damien Rice tout en voix devant nous et que nous allions avoir droit à tout un concert!

Rice a chanté la très touchante Delicate avant de s’attaquer à My Favourite Faded Fantasy, le premier titre de son nouvel album exécuté pendant la soirée. Après Older Chests, l’auteur-compositeur-interprète a joué I Don’t Want To Change You. Le deuxième simple de son troisième opus a généré une belle réaction de la foule malgré sa récente sortie. Il a continué avec l’un de ses plus grands succès, 9 crimes, qu’il a interprété seul et à la guitare, plutôt qu’en duo avec Lisa Hannigan et au piano comme dans la version originale qui se retrouve sur 9.  Avec le public qui accompagnait le chanteur à grande voix et le jeu de lumières éclatant, c’était définitivement l’un des moments forts du spectacle. Rice a enchaîné tout en douceur avec The Greatest Bastard, qui est probablement la chanson la plus déchirante sur My Favourite Faded Fantasy.

Ce n’est qu’après cette huitième pièce que le chanteur irlandais s’est adressé directement au public. « Merci! Bienvenue », a-t-il dit en français sous les cris prolongés de la foule. « Vous avez trop bu! Vous devez me laisser le temps de vous rattraper, a-t-il continué en anglais. Je pourrais faire du crowdsurf, mais il n’y aurait plus personne pour jouer de la musique, alors ce serait du crowdsurf silencieux. » Au même moment, une fan lui a offert un paquet : « C’est un cadeau? Est-ce que c’est une bombe? », a blagué le chanteur. Il s’agissait d’un livre en français. Rice en a lu un passage à voix haute avant de présenter sa prochaine chanson, The Professor, qui contient un couplet dans la langue de Molière.

Un peu plus loquace après le premier tiers du concert, l’artiste s’amusait à répondre à quelques commentaires des gens dans la foule. « Je ne sais pas, il ou elle ne parle pas »,a-t-il dit lorsque quelqu’un lui a demandé quel était le nom de sa guitare. L’auteur-compositeur-interprète a également commencé à présenter ses chansons davantage, à expliquer le contexte entourant leur création. C’est ce qu’il a fait avant d’interpréter The Box, en nous parlant de l’importance de couper les ponts avec les personnes toxiques dans nos vies. Rice a enchaîné avec The Blower’s Daughter, l’une des pièces préférées des fans qui eux formaient un chœur en chantant tout bas, question de laisser toute la place à la voix caressante de l’interprète. Finalement, le chanteur irlandais nous a offert un autre succès de en guise de conclusion, l’excellente Volcano. Cette dernière a été chantée avec l’aide public qui, divisé en trois sections, chantait des paroles différentes. Le résultat, bien qu’un peu brouillon, s’est avéré être très intéressant et l’expérience, amusante.

Damien Rice nous a offert ce qui était probablement le rappel le plus long dans l’histoire du Métropolis. Le chanteur, qui était censé quitter la scène à 22 h 30, a décidé de gâter ses fans pour le dernier spectacle de cette petite tournée et a joué un rappel de dix chansons ponctué d’anecdotes qui s’est terminé quelques minutes après minuit. Il a entamé ce rappel avec les magnifiques Colour Me In, Amie et, à la demande spéciale de gens dans la salle, Rootless Tree. On a ensuite apporté une table, des chaises et deux coupes à vin sur scène et Rice a demandé au public si quelqu’un voulait venir le rejoindre. Sous les cris de la foule, il a insisté sur le fait que cette personne ne devait pas avoir à conduire pour retourner chez elle et qu’elle devait aimer le vin. C’est une jeune demoiselle nommée Angélique qui a eu la chance de rejoindre le chanteur pour partager deux bouteilles de rouge (!) et participer à une interprétation des plus théâtrales de Cheers Darling. Prenant son rôle de monsieur éméché bien au sérieux, Rice se promenait sur scène, verre de vin à la main, en trébuchant un peu avant d’aller chuchoter à l’oreille d’Angélique. Ça va de soi, ce segment du spectacle a été extrêmement divertissant!

Suite à cet épisode, le chanteur a repris place devant son pied de micro. « Je ne devrais vraiment pas rester sur scène », a-t-il lancé en riant, faisant référence aux nombreuses coupes de vin qu’il venait d’avaler. Après avoir exécuté une version unplugged de Cannonball tout en douceur, l’artiste a encore fait appel à l’aide du public en conviant une vingtaine de personnes sur scène pour l’aider à chanter Trusty and True. La chorale a eu un peu de mal à le suivre, et Damien Rice s’en est bien aperçu. « Clairement vous n’avez pas appris le nouvel album, a-t-il dit en éclatant de rire. C’est vraiment drôle! »

Après avoir joué It Takes A Lot To Know A Man pour la première fois en spectacle, le chanteur a fait un clin d’œil aux journalistes dans la salle : « Si vous couvrez le spectacle, ignorez ce qui s’est passé dans les 30 dernières minutes. Là, on fait juste s’amuser! », a-t-il lancé en riant avant de continuer avec Baby Sister et Back To Her Man, deux de ses chansons inédites. Il a ensuite pigé dans le registre de son deuxième album en interprétant Me, My Yoke, and I. Puis Damien Rice a finalement clos la soirée, pour vrai cette fois, avec une performance bien sentie de I Remember.

Il faut avoir un talent particulier pour captiver une salle pendant 3 h 30 seulement qu’avec sa voix et une guitare acoustique et Damien Rice l’a fait avec brio. Certes, plusieurs personnes ont quitté le Métropolis durant l’interminable rappel, mais beaucoup d’autres sont restées, à la fois ravies de faire partie des gens privilégiés qui assistaient à cet incroyable concert et curieux de savoir ce que Rice leur réservait pour la suite. Au final, l’artiste irlandais nous a offert une soirée des plus uniques, le genre de spectacle qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie et qui sera extrêmement difficile d’égaler.

Crédit photo: ©Dominique Bernier & Lilja Birgisdottir (Couverture)