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La chronique littéraire : rentrée littéraire d’automne

Toujours plus de livres à découvrir!

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Par : Johanne Mathieu

Quels livres sont susceptibles d’aviver votre intérêt en ce début prochain de l’automne? On vous propose ici cinq suggestions à découvrir. De superbes découvertes de Valérie Fontaine, Simon Boulerice et Eve Patenaude, François Y. Doré, Owen Laukkanen et Sarah Penner. 

Histoires dont tu es l’auteur – Le ballon, de Valérie Fontaine, Collection Petit Poucet, Éditions Québec Amérique (Littérature jeunesse – 6 ans et +)

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Hugo se pratique avec son ballon pour remporter le défi que lui ont lancé ses amis : en un seul coup de pied, parvenir à le faire monter plus haut que le toit de l’école. Mais en s’exerçant, le jeune garçon l’a envoyé chez le voisin. Va-t-il le retrouver ou l’a-t-il perdu? Voici le préambule d’une toute nouvelle série signée par Valérie Fontaine et qui permet au lecteur d’être l’auteur de cette histoire intitulée Le ballon.

Ce livre fera vivre au jeune lecteur une véritable aventure et lui permettra avant tout une chose : explorer. Tout au long de sa lecture, celui-ci aura la liberté de choisir quelle direction prendra cette intrigue. Romance, horreur, science-fiction ou enquête policière : tout est possible! En plus de pouvoir réinventer le récit de multiples manières, cette série propose au lecteur de découvrir de nouveaux genres littéraires, comme la fable, la bande dessinée, le journal intime, le théâtre, l’écriture journalistique, etc. Originale et intriguante, cette histoire est aussi rigolote et humoristique. Grâce à des textes courts, une auteure qui fait preuve de beaucoup d’inventivité et des illustrations de Geneviève Viel-Taschereau colorées, amusantes et qui rendent très bien le texte, tous les ingrédients sont réunis pour encourager le goût de la lecture chez les jeunes. (Le ballon, de Valérie Fontaine (2021), illustré par Geneviève Viel-Taschereau, Collection Petit poucet, Éditions Québec Amérique, Montréal, 64 pages)

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Papier bulle, de Simon Boulerice et Eve Patenaude, Collection Quai no 5, Éditions XYZ (Littérature jeunesse – À partir de 10 ans)

Hortense est hémophile. Pour elle, la perte d’une dent, un simple coup de coude, la pratique d’un sport ou même les premières menstruations peuvent prendre des allures de catastrophe. Si ses parents le pouvaient, ils l’emballeraient dans du papier bulle, pour ne pas qu’elle s’abîme. Alors que ceux-ci et le reste de son entourage cherchent à la préserver et la croient fragile, l’adolescente ne voit pas sa situation du même œil. En fait, elle refuse tout simplement le papier bulle. Elle est une karatéka-ninja-hémophile…

Un magnifique album signé Simon Boulerice, le texte se mariant superbement aux illustrations d’Eve Patenaude, et vice versa. L’auteur nous en apprend davantage sur l’hémophilie avec sensibilité, délicatesse et réalisme. Les illustrations d’Eve Patenaude, qui a utilisé ici la technique du bleeding et s’est inspirée du manga, expriment un univers féminin, intime et poétique et démontrent deux façons de voir celles-ci, tout comme il est possible de discerner cette histoire sous deux angles différents. D’un côté, il y a les autres qui perçoivent la jeune héroïne comme étant vulnérable, un être qu’il faut protéger et placer dans la ouate. De l’autre, il y a Hortense, qui se veut forte, combattante et guerrière. Cette histoire de résilience et de force met ainsi en scène une protagoniste qui refuse qu’on la surprotège et qui veut avant tout vivre. Elle est de celles qui croient « qu’on doit faire avec ce qu’on a ». Entre les quatre murs de sa chambre, mais aussi sans ses dessins, Hortense se crée un monde bien à elle et arrive même à prêter de la beauté dans ces taches de sang qui font d’elle ce qu’elle est. Une œuvre lumineuse et positive. (Papier bulle, de Simon Boulerice et Eve Patenaude (2021), Collection Quai no 5, Éditions XYZ, Montréal, 88 pages)

L’énigme du chat, de François Y. Doré, Éditions Multimondes

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Avec le chien, le chat est l’animal domestique le plus populaire. Mais que connaît-on de ce petit félin? Selon l’auteur François Y. Doré, pas grand-chose, puisque les recherches sur le comportement et la cognition du chat sont peu nombreuses. Même si dans son ouvrage, l’auteur n’a pas la prétention de résoudre l’énigme du chat, il se penche néanmoins sur ce mystère en fournissant une foule de connaissances sur ses aptitudes (sa perception, son attention, son apprentissage et sa mémoire) et sur les fonctions qui leur sont associées, comme la communication et la personnalité.

Adulé par les uns, diabolisé par les autres, le chat est considéré comme étant affectueux, mais aussi sournois, hypocrite et solitaire. Mais l’est-il vraiment? Une chose est sûre : le chat intéresse autant les scientifiques que les gens en général. Avec cet ouvrage précisément, François Y. Doré souhaite résumer et vulgariser toutes les connaissances scientifiques qui sont actuellement disponibles sur le félin, mais également déconstruire certains mythes tenaces, comme son indépendance et sa résistance au dressage. Ce professeur émérite de l’École de psychologie de l’Université Laval a aussi pour objectif de mettre de l’avant la nécessité d’approfondir bien davantage la recherche scientifique sur ses capacités cognitives et son comportement. Le chat a-t-il vraiment un œil de lynx? À quoi ressemble la notion du temps chez lui? Combien de sons peut-il émettre? L’auteur fait la lumière sur tout ce qui entoure cet attachant animal en remontant de ses origines jusqu’à aujourd’hui, en abordant notamment l’histoire de sa domestication, les croyances dont il est sujet, son monde visuel, sa mémoire, son comportement social ou encore son interaction avec l’humain pour ne nommer que ces quelques thèmes. L’énigme est vaste, et bien qu’il en reste encore beaucoup à découvrir, le mystère s’éclaircit tout de même grâce à ce passionnant ouvrage de François Y. Doré. (L’énigme du chat, de François Y. Doré (2021), Éditions Multimondes, Montréal, 216 pages)

Sauvage, d’Owen Laukkanen, traduit de l’anglais par Jeannot Clair, Éditions Petit homme (Littérature jeunesse – Adolescents)


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Le Out of the Wild… Qu’est-ce que c’est? Un camp où se tient le meilleur programme de thérapie en pleine nature pour les jeunes en difficulté de tous les États-Unis. C’est là qu’atterrit Dawn contre son gré. Elle est là pour y développer sa capacité à survivre dans la nature et apprendre à la dure le respect et le sens des responsabilités. Mis à part la jeune fille, ils sont six autres jeunes, quatre gars et deux filles : Lucas, Warden, Brandon, Evan, Brielle et Kyla. Ces adolescents forment « la meute ». Le camp sera-t-il vraiment en mesure de les aider? Quand le programme dérape et vire à la folie meurtrière, Dawn, qui est prise au piège au milieu de nulle part, apprendra réellement ce qu’est la survie et devra défier plusieurs menaces sur son chemin.

Très tôt dans ce roman, la table est mise. Un programme qui se déroule à des kilomètres de toute civilisation et en pleine nature, des jeunes peu recommandables, une adolescente sur la pente descendante… Et une ambiance peu rassurante. Si on apprend très tôt les problèmes de la jeune fille, il en est autrement sur la cause de tous ses déboires et sur la raison pour laquelle elle se retrouve dans ce camp : son père. Un secret qu’elle garde enfoui depuis trop longtemps concernant celui-ci la détruit. Durant ce séjour forcé, elle découvrira également qu’elle doit tout mériter : une meilleure nourriture, un meilleur équipement, etc. Elle connaîtra la faim et le froid. Et se rendra compte que oui, il y a des insectes, des cougars et des ours, mais qu’il y a encore pire. Catapultée dans un lieu isolé et entourée d’inconnus, lorsque le danger se pointera, sur qui pourra-t-elle vraiment compter? En avançant dans l’intrigue, on se doute que les sentiments viendront brouiller les pistes. Quoiqu’il en soit, elle devra puiser dans ses dernières réserves pour assurer sa survie.

Owen Laukkanen offre ici un suspense des plus prenants. Il maintient toujours le lecteur sur la corde raide avec des chapitres courts, concis et un rythme efficace. En fin de chapitre, l’auteur laisse toujours les choses en suspens pour susciter toujours plus l’intérêt. Et c’est réussi : on ne lâche pas ce livre avant de l’avoir terminé! Ses notes directes entre les chapitres ont également le même effet. Il s’adresse au lecteur, annonçant parfois le développement concernant un personnage, un plan prévu n’est peut-être pas idéal ou encore que l’intrigue ne prendra pas nécessairement la direction attendue. Le mystère est constant. Bref, on passe assurément un très bon moment de littérature. Si je devais attribuer un nombre d’étoiles à ce livre, je dirais cinq. (Sauvage, d’Owen Laukkanen (2021), Éditions Petit homme, Montréal, 320 pages)

La boutique aux poisons, de Sarah Penner, traduit de l’anglais par Laura Bourgeois, Guy Saint-Jean Éditeur

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Nella était autrefois guérisseuse et dispensait des soins bienveillants à ses clientes qui venaient la voir dans sa boutique, tenue pas sa mère et elle, mais ce n’est désormais plus le cas. L’apothicaire est toujours au service de celles-ci, mais a basculé du côté obscur de la profession. Elle réserve maintenant ses potions et ses connaissances à des fins plus sinistres, pour des femmes rusées qui veulent s’affranchir des hommes qui leur empoisonnent la vie. Un registre contient tous ces sombres secrets bien gardés. Par une soirée de février 1791, elle fait la connaissance d’Eliza, une jeune fille de 12 ans. Une amitié improbable naîtra de cette rencontre et déclenchera des événements qui scelleront leurs destinées. Quelque deux cents ans plus tard, Caroline Parcewell se retrouve seule à Londres, après avoir appris l’infidélité de son mari. Sur les rives de la Tamise, alors qu’elle participe à une activité de mudlarking, elle trouve une vieille fiole dans la boue. Renouant avec une passion délaissée pour l’histoire, elle décide d’enquêter sur la provenance de cette mystérieuse petite bouteille. Ses recherches la font remonter jusqu’à la boutique du 3, Back Alley que possédait Nella. Dès lors le destin de Caroline s’entremêle à ceux de l’apothicaire et d’Eliza. Une découverte qui, finalement, pourrait être liée à des assassinats irrésolus depuis plusieurs siècles…

La vengeance est le moteur de cet excellent suspense qu’est La boutique aux poisons, qui est d’ailleurs le premier roman de Sarah Penner. Des femmes blessées viennent discrètement à la boutique de Nella dans le but de se venger et obtenir une forme de justice contre les hommes de leurs vies. En Nella, on découvre une femme qui a énormément souffert. Une femme meurtrie qui compte sur son instinct et son expertise dans l’art de l’illusion. L’auteure lève lentement le voile sur ce qui a poussé cette ancienne guérisseuse à troquer ses remèdes contre des poisons mortels, sur ce qui l’a menée à vivre dans un monde de secrets et de meurtres. Malgré la noirceur de ces funestes desseins, on sent une certaine noblesse derrière la cause, celle de faire perdurer la tradition originelle de sa mère d’aider les femmes. L’une de ses règles est d’ailleurs de ne jamais utiliser ses potions contre l’une d’elles. La solidarité féminine, très perceptible, est un autre thème central de ce roman. Une solidarité qui se transportera à travers les siècles. En Caroline, on découvre une femme en quête de la vérité, mais aussi en quête d’elle-même. Toute cette histoire l’amènera à un point tournant de sa vie, à reprendre les rênes de ses rêves oubliés. Mais peu importe l’époque, le drame – mais aussi l’espoir – constitue la trame de ce thriller historique, autant pour les personnages de Nella et d’Eliza, que celui de Caroline. L’auteure fait cumuler habilement la tension dans ce livre subjuguant, allant de découvertes, en surprises et en revirements de situation. Vous aimez le suspense? Vous aimerez Sarah Penner. Celle-ci a sans contredit un indéniable talent. (La boutique aux poisons, de Sarah Penner (2021), Guy Saint-Jean éditeur, Laval, 384 pages)