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Osheaga Jour 3 : Une conclusion emballante

Une dernière journée plutôt chargée!

87©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Par : Marie-Claude Lessard

Pour sa troisième et dernière journée, la douzième édition d’Osheaga proposait une programmation fort alléchante et variée qui a causé bien des dilemmes chez les festivaliers. Heureusement, ces choix déchirants ont rapporté, car les artistes ont offert des performances mémorables sous un soleil torride et des vents rafraîchissants.

Zara Larsson

La pop vitaminée de la Suédoise a su satisfaire avec son allure décontractée, mais terriblement séductrice. Arborant un top blanc (ou une brassière sport, c’est selon, il y avait très peu de place à l’imagination…) et un pantalon brun taille haute, Zara Larsson a fait bouger et crier la foule en exécutant des chorégraphies rodées au quart de tour en compagnie de quelques danseuses vêtues également de tenues sportives.

La jeune chanteuse a fait taire les mauvaises langues prétendant que les pop stars sont incapables de chanter et de danser en même temps. S’éloignant de la tentation de faire du lip sync, Larsson a demontré qu’elle sait atteindre de hautes notes tout en demeurant dans un état émotif sincère, comme il a été particulièrement le cas de la chanson Symphony.

77©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Bishop Briggs

La chanteuse britannique, Sarah Grace  McLaughlin de son vrai nom, est arrivée sur la Scène de la Rivière tout de noire vêtue et coiffée de ses traditionnelles mignonnes toques rappelant son enfance à Tokyo. Tête penchée laissant entrevoir un regard féroce, Bishop Briggs a souhaité la bienvenue aux festivaliers dans son univers electro/pop avec la pièce Dark Side. L’intensité de la chanteuse faisait déjà des siennes chez la foule qui ne cessait de s’accroître. Ébahie par cet accueil , Briggs a affiché de ravissants sourires, même si cela détonnait légèrement avec les propos sombres de ses textes. Sa voix claire n’a manqué aucune note. Il sera intéressant de voir, au fil de sa carrière , quels autres genres elle embrassera, car Briggs peut presque tout se permettre avec son instrument vocal.

Peu complice avec ses musiciens, elle s’est dévouée entièrement à son public.  D’ailleurs, elle était particulièrement en forme lors des titres Wild Horses, The Way I Do et Be Your Love. Toujours d’attaque, se déplaçant les poings fermés comme une boxeuse, Bishop Briggs a conclu son concert avec son plus grand hit à ce jour, River. Les spectateurs la suivaient à la respiration près, tellement que son auteure n’a pu interpréter le dernier refrain, trop émue.

103©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Phantogram

Pour leur deuxième passage à Montréal en moins de 10 mois, le duo américain a continué de faire honneur à leur réputation énergique. Appuyé par  des effets visuels captivants, mais moins prenants que ceux déployés en salle (concert extérieur oblige) Sarah Barthel, tout en voix et en beauté, et Josh Carter ont offert avec conviction les tubes que les spectateurs étaient venus entendre : Fall in love, When I’m small, You don’t get me high anymore, ainsi que  d’autres.

Local Natives

Quelle belle découverte que ce groupe originaire de Los Angeles! Faisant dans l’indie rock, ce quintette entièrement masculin parvient à créer des mélodies planantes empreintes d’authenticité. Douces et romantiques sans être clichées, elles accrochent le public instantanément. D’ailleurs, le groupe possédait bien des fans dans la foule.  L’un des meilleurs moments de la prestation a été la pièce Dark Days chantée en duo exceptionnellement avec un des  guitaristes de la formation, Ryan Hanh. On espère un spectacle en salle très bientôt, car les distractions extérieures empêchaient une immersion totale.

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Tegan & Sara

Les structures gonflables représentant des vagues, un «T», un «&» et un «S» annonçaient un concert pop festif et rassembleur comme Tegan et Sara Quin ont le secret. Malheureusement, les sœurs ayant déjà habité à Montréal ont été victimes de problèmes de micro hors de leur contrôle, ce qui était doublement dommage car le dynamique duo possède de petites voix qui ne portent pas extrêmement loin. Même les gens près de la scène éprouvaient de la difficulté à entendre Tegan, adorable avec ses lunettes de soleil jaune et rose. Imaginez le désarroi des spectateurs éloignés! Malgré leur visible déception, les jumelles ont agi comme de véritables professionnelles. Tout sourire, elles ont tout de même profité de leur moment à Osheaga en livrant avec entrain un efficace résume de leur répertoire incluant leur premier hit , Back in your head, Alligator, Goodbye Goodbye, Girlfriend et Closer.

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The Lemon Twigs

Les frères d’Addario , leurs acolytes Megan Zeankowski et Danny Ayala ont pris d’assaut la Scène des Arbres pour présenter leur premier album Do Hollywood datant de 2015 et quelques pièces de leur nouveau EP qui devrait sortir en septembre. Actifs depuis 2015, les membres de The Lemon Twigs , qui ont tous fréquenté la même université, modernisent les styles musicaux populaires des années 60 et 70. Ils ont livré leurs arrangements recherchés avec sérieux, à tel point que quand Michael D’Addario s’est exécuté à la batterie torse nu avec le visage maquillé a passé presque inaperçu.

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Foster The People

Les festivaliers étaient extrêmement heureux d’assister à un concert de la bande menée par Mark Foster, qui a d’ailleurs avoué, il y a quelques années, qu’il adore Osheaga. Devant une foule qui s’étendait presque jusqu’à la scène d’en face. Foster The People a présenté avec aplomb les hits de leur premier album, l’indémodable Torches, ainsi que les pièces  pop synthétiques de Sacred Hearts Club, paru le 21 juillet 2017. Les spectateurs ont démontré un vif d’intérêt pour les morceaux de ce  troisième disque qui, il faut l’admettre, constituaient la trame sonore idéale avec la température à la fois torride et rafraîchissante.

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Vance Joy

Une armée de jeunes femmes et d’enfants attendait l’auteur-compositeur-interprète australien qui ne semble toujours pas s’habituer à l’attrait qu’il suscite. Il a offert en toute simplicité sa nouvelle pièce Lay It On Me de même que celles du disque Dream your life away dont , bien évidemment, les hits planétaires Mess Is Mine, Fire And The Flood et Riptide. Sa plume romantique qui a su charmer tout le Québec jouit d’un traitement justement un peu trop statique sur scène. Vance Joy n’a à peu près jamais quitté son pied de micro et ne s’est pas départi de sa guitare. Cela n’a pas trop dérangé les fans de la première heure, mais il faut admettre que les violons et les cuivres s’avéraient parfois plus captivants. Le doux folk du sympathique et humble artiste nécessite une présence scénique davantage enjôleuse, mais gageons que le tout sera de plus en plus peaufiné de tournée en tournée.

Alabama Shakes

Quelques minutes avant le début du concert, la pièce He Won’t Go d’Adele a résonné. Un choix inusité qui a pris tout son sens lorsque Britany Howard a foulé la scène vêtue d’une magnifique robe fleurie, style vestimentaire de prédilection de la superstar britannique. Évidemment, il est également impossible de ne pas comparer leurs puissantes voix, mais Howard est aisément parvenue à montrer sa couleur unique déstabilisante.

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Au-delà de son séduisant grain de voix rauque, il y a une authenticité rare qui se dégage de sa voix qui ne peut laisser personne indifférent. Elle ne chante pas les mots, elle les vit. À Osheaga, hier, Britany Howard a transmis les émotions tantôt tendres tantôt déchirantes de ses textes en les incarnant comme s’il s’agissait de la première fois qu’elle entrait en contact avec les sentiments véhiculés. Entourée d’éclairages aux couleurs chaudes, elle fusionnait avec sa guitare électrique. On ne pouvait détacher notre regard de la chanteuse, ce qui était un peu dommage pour le reste du groupe et les choristes qui ont effectué un travail impeccable. La seule remarque négative que nous pouvons émettre sur la prestation d’Howard est qu’elle ne se déplace pas beaucoup à l’avant. Les ballades langoureuses aux effluves motown et blues ont su abasourdir la foule qui était complètement survoltée. Ceci dit, les deux moments de grâce du spectacle ont été les chansons plus rock : la lauréate d’un Grammy Don’t Wanna Fight et Gimme All Your Love et son épique solo de guitare.

The Weeknd

Une structure triangulaire diffusant des éclairages turquoises, des feux d’artifices… Le Canadien Abel Tesfaye n’a pas tardé à accentuer l’ambiance de fête déjà fortement présente sur le site. Mais il ne fallait point se fier aux apparences. Il existe une profondeur cachée dans les textes fort créatifs de l’artiste qui se dévoile complètement une fois que les spectateurs soient rentrés à la maison, exténués par tant d’excitations ironiquement éphémères.

105©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Les trois pièces issues de Starboy qui ont amorcé la soirée (Starboy, Party Monster et Reminder) ne dressent pas un portrait tendre des nuits bien arrosées dans des clubs. Elles traitent plutôt d’autodestruction par le sexe, l’alcool et les drogues dures. The Weeknd aborde sans gêne les revers du vedettariat et la perte de soi. Le public a bu toutes les paroles du chanteur avec enthousiasme, fasciné par cet univers d’excès. Visiblement content d’être à Montréal, le chanteur était particulièrement en forme au niveau vocal. Il s’est montré fort généreux, offrant des collaborations avec des rappeurs appréciés comme Future et des succès planétaires tels que Earned It, Can’t Feel My Face et The Hills.

 

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Texte révisé par : Louisa Gaoua