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200 ans Mbilim et de culture Noon

Les Noons vibrent au rythme du Mbilim

©ClapAfrica 

Par: Ariane Coutu-Perrault 

Le Sénégal, pays de la Teranga, détient une richesse pluriculturelle chérie par les diverses communautés fières et distinctes. Que ce soit par leurs langues, leurs religions, leurs pratiques ou encore leurs rituels, chaque communautés cohabitent à travers leurs différences et leurs ressemblances. Parmi celles-ci, on retrouve les Sérères qui, se trouvant principalement dans la région de Thiès, contiennent 5 sous- groupes soit les Diobass, Laalaa, Ndoute, Noon et Safène. Durant le dernier mois, c’est la culture Noon, trop souvent oublié et mal dépeint, qui a su rayonner sur Thiès  à travers le style musical, le Mbilim.

C’est grâce à la collaboration de musicien-e-s traditionnel-l-e-s et d’un jeune chercheur Québécois, Anthony Grégoire, qu’à eu lieu le lancement d’album Mbilim Noon, D‘hier à aujourd’hui, à la Place de France de Thiès. Cet album est un des projets entourant la thèse de Doctorat d’Anthony Grégoire, s’intéressant à l’histoire et la culture Noon, plus précisément au Mbilim, qui a su évoluer et se moderniser à travers le temps, avec l’intégration d’instruments à sa pratique traditionnelle. Il s’intéresse également à la déconstruction du mythe plutôt péjoratif s’associant au Noon de par leur histoire, tout en mettant de l’avant des archives consolidant leurs légitimités et leurs importances. Dans sa volonté de mettre en lumière la culture Noon, plus précisément la musique Mbilim, il a permit la réalisation d’un album avec onze musicien-n-e-s Noon, Rich’Art Ndione et le Saawal, l’ensemble Rakhane Mbissane, Serge Tine et Ndiassé Faye, enregistré au Studio Clap Africa, afin de rendre accessible la musique Mbilim à international. La pochette a d’ailleurs été imaginé par un graphiste montréalais Félix Lemay.

Durant le spectacle qui a rapidement pris l’allure d’une grande fête, on a pu assister à la communion des Noons, nous laissant le privilège de témoigner de leur flamboyante danse au rythme enivrant. Effectivement, les gens de la communauté se lèvent de leur chaise comme s’il y avait un ressort qui les propulsaient pour aller danser, chacun dans son style dans une rencontre générationnelle menée par la pulsion des battement des nombreux tambours, au rythme soutenu, parfois saccadé, comme une conversation musicale. La présence des gens sur la piste de danse faisait partie intégrante du spectacle donné par les musicien-n-e-s, générant une émotion puissante et unique. La chorale Saint-Pierre Claver qui avait été invitée pour l’occasion a d’ailleurs couru hors de la scène pour se mettre danser à leur tour, vêtu de leur toge dorée.

«[…] pratique musicale constituait tout d’abord le moyen par excellence de véhiculer les événements du quotidien et d’annoncer sa venue de village en village, tout comme pour dénoncer publiquement les méfaits de l’un des leurs pour qu’il puisse trouver raison : le chant, littéralement la base rythmique du genre, est possiblement le seul élément à ne pas avoir changé de forme et/ou de structure aujourd’hui.»(Grégoire)

©FélixLemay

La croyance veut que ce ne soit pas les gens qui se mettent à danser, mais plutôt le rythme qui vienne les chercher, s’emparant de leur corps pour se mettre à bouger aux sons des battements, comme le Mbilim a su trouver Anthony Grégoire lors de son premier voyage dans le village Thiafathie en 2010. «En effet, dès que quelqu’un cède sous les appels du Nder et entre sur la piste, les tambours communiquent avec lui pour établir un dialogue fondé sur l’observation des pas de danse représentatif de son sous-groupe ethnique et a une gamme précise de rythme associé au genre, à l’âge, voir a temps de l’année.» Il faut assister à une prestation de cette réunion pour comprendre la portée de ces mots, qui ne traduisent que très peu la puissance de la communion des gens qui dansent au son du rythme.

Après le spectacle et les émissions de radio, la dédicace de l’album se tiendra samedi prochaine, au musée régional de Thiès, accompagné d’une conférence d’Anthony Grégoire sur la culture Noon et de prestations musicales de différents groupes locaux. Vous pouvez également vous procurer l’album sur toutes les plateformes.

 

Cet article a été réalisé dans le cadre du Programme de stages internationaux pour les jeunes de Mer et Monde.