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Visionnement : Miss Bala

Partagée entre deux mondes

© Sony Pictures

Par : Normand Pineault

Dans une période où chaque populaire œuvre étrangère crée son alter ego américain, c’est à présent au tour de Miss Bala (2011), du réalisateur mexicain Gerardo Naranjo, d’avoir également droit à ce traitement. Cette reprise  du même nom, cette fois-ci de la réalisatrice Katherine Hardwicke (TwilightThirteen), laisse toutefois tomber la photographie artistique de l’original au profit d’un modèle plus généralisé, un peu romancé, et sans personnalité distincte.

Cette version moderne raconte l’histoire de Gloria (Gina Rodriguez), une maquilleuse de mode qui se retrouve malgré elle au centre d’une guerre de gangs au Mexique. En recherchant son amie durant une attaque dans un bar, elle se fait kidnapper par le chef, Lino (Ismael Cruz Cordova), qui se sert par la suite d’elle pour ses crimes, en plus de tenter de la séduire. Elle plonge alors dans ce monde qui semble sans issue, jusqu’à être forcée de participer à un concours de mode afin d’être la diversion d’un assassinat.

Ce film s’écoute bien si les attentes ne sont pas trop élevées. Il s’agit d’un suspense tout en look, où ce sont le scénario et ses rebondissements prévisibles qui dirigent plutôt les acteurs, et non l’inverse. L’action est bonne, mais s’oublie elle-même, car son rythme est parsemé de longueurs rien que pour illustrer le lien non désiré qui se crée entre la jeune femme et son agresseur. Même si Gina Rodriguez est décente dans son rôle de Gloria, il est difficile par moments de prendre au sérieux la victime effrayée, qui devient beaucoup trop rapidement, et sans développement, la courageuse sans peur qui traverse une violente fusillade comme une promenade sous la pluie.

Il y a beaucoup d’autres films qui traitent du sujet de la guerre entre les bandes rivales, les cartels de la drogue, et la violence à la limite entre le Mexique et les États-Unis, et ce, avec beaucoup plus de mordant. Mais il y en a aussi beaucoup d’autres qui le font avec plus d’ennui et de désintérêt que Miss Bala. Ce film tombe donc lui aussi à la frontière entre les deux, à califourchon entre un suspense, et un petit film d’après-midi.

Miss Bala, en salle partout au Québec dès le vendredi 1er février 2019.

 Texte révisé par : Johanne Mathieu