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Punk’s Not Dead

Retour sur 77 Montréal

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© Stéphane Couturier/MatTv.ca

Par Maxime D.-Pomerleau

Si vous pensiez que le punk était mort, détrompez-vous. Il était bien vivant hier sur l’Île Notre-Dame, alors que se tenait la première édition du festival 77 Montréal. Profitant de la tournée conjointe de Dropkick Murphys et Rancid débutée il y a quelques semaines, les organisateurs ont décidé d’étirer la fête et de créer un événement commémorant l’émergence du mouvement punk, attribuée à l’année 1977. Quelques 5000 personnes étaient présentes pour crier haut et fort que le punk n’est pas mort.

C’est Pale Lips qui a ouvert la journée, devant une petite foule de curieux, un nombre respectable pour 12h30. Le groupe de rock’n roll a bien réchauffé la foule, et en a profité pour faire connaître leurs toutes dernières pièces, parues sur l’album Should’ve Known Better, paru début juillet. Le lancement officiel aura lieu le 12 août prochain. J’adore ce groupe qui donne une bonne leçon à ceux qui croient que les filles ne savent pas faire de rock; elles sont talentueuses, charismatiques et elles habitent complètement la scène.

C’est ensuite Barrasso qui s’est présenté sur la Scène Est, seul groupe francophone de la programmation. Même si on avait du mal à comprendre les paroles, on a reconnu quelques pièces de Des X, des croix, des pointillés et on a quand même fredonné Fil de fer et 7021. Le groupe était très heureux de participer à l’événement, évoquant les Ramones comme influence, et remerciant chaleureusement le public de s’être pointé tôt.

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Après le street punk de Genetic Control (les premiers de la journée à chanter Blitzkrieg Bop), nous avons eu le privilège de revoir sur scène la formation The Kingpins, des légendes de la scène ska montréalaise. Le groupe a arrêté de se produire en 2004 et plusieurs membres ont des projets solos, comme la charismatique chanteuse aux robes yéyé Lorraine Muller. Leur groove reggae et leurs pièces rythmées de ska tirant sur le rocksteady étaient parfaits pour cette fin d’après-midi ensoleillée. On a pu entendre les hits de leur album Let’s Go to Work, mais pas leur reprise de L’aventurier, d’Indochine. Pour une autre édition peut-être?

Après le psychobilly de The Creepshow, fiers représentants de la scène indépendante canadienne, c’était au tour de Jake Burns de se produire sur la Scène Ouest. Au premier plan de la scène punk européenne depuis 40 ans, le chanteur de Stiff Little Fingers a des kilomètres de tournée dans le corps, des milliers de riffs grattés sur sa guitare, et une voix écorchée qui racontent la vie, et partagent la sagesse et l’indignation. Gotta Get Away, My Dark Places et Wasted Life font partie de ses classiques.

On délaisse un peu le hardcore de Madball pour se promener sur le site, entre autres aller à la foire du disque et l’exposition d’affiches, qui prouvent une fois de plus que Montréal est une ville où la culture punk et DIY est présente depuis très longtemps. Le punk rock mélodique de Bouncing Souls a encore fait chavirer les cœurs, et on était contents de passer nos vacances d’été en leur compagnie (tentative de clin d’oeil à leur album How I Spent my Summer Vacation, dont la plupart des pièces qui ont été jouées sont issues). Ils ont terminé par la rassembleuse True Believers et on ne trouve décidément que 45 minutes, c’est trop court.

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© Stéphane Couturier – photoclic/MatTv.ca

The Vandals ont offert une prestation énergique et sont allés à la rencontre de leurs fans, en allant longtemps au parterre. Warren Fitzgerald en a même profité pour faire de l’équilibrisme entre les deux sections du parterre. On a regardé le concert de X dans la file pour aller se chercher une gauffre aux framboises, un gros souper pour soutenir toute la bière ingérée dans la journée. Leur son sonne définitivement seventies, avec une forte influence des Ramones. La chanteuse Exene Cervenka se présente solide pour interpréter majoritairement des chansons de leur album Los Angeles. Il fait bon de voir une femme forte, même dans la soixantaine, posséder la scène comme elle, avec son attitude badass. Respect!

Dropkick Murphys ont été accueillis comme des dieux, avec une foule qui s’est aussitôt mise à hurler et danser à l’avant. Les projections en arrière-scène soutenait bien les musiciens et appuyaient sur la symbolique contenue dans certaines chansons. Les boys étaient de retour pour nous balancer des succès à la tête, mais aussi de nouvelles pièces de leur album 11 Short Stories of Pain and Glory à commencer par leur premier extrait Blood. Avec Rebel With a Cause et la poignante Going Out in Style, le public était en feu. Ça trashait dans l’pit, comme on dit, et Max la chaise en a profité pour faire du crowdsurfing en fauteuil roulant, cigarette au bec, une image célébrée par le band et les festivaliers. La magnifique Rose Tattoo amorçait la fin de cette courte prestation. Une véritable chorale a entonné les paroles de cette chanson-phare de leur précédent album Signed and Sealed in Blood. Après une explosive I’m Shipping Up to Boston, le groupe a conclu avec la chanson à propos, Until the Next Time. Pour terminer leur prestation, Dropkick a fait monter une cinquantaine de personnes sur la scène, majoritairement des filles, pour chanter et danser sur cette excellente pièce qui ravive des souvenirs et fait penser aux amitiés perdues.

Pour clôturer l’événement, Rancid a pris d’assaut la scène principale, commençant avec Radio et Roots Radical. Les charismatiques et tatoués Lars Frederiksen et Tim Armstrong ont livré la marchandise, et même si le groupe ne saute et ne court plus sans arrêt d’un bout à l’autre de la scène, tous les membres ont une bonne présence sur scène, même si le follow spot ne va jamais sur eux, comme c’était le cas pour le claviériste. Bien que leurs récentes compositions se fondent bien à leurs plus anciennes, ce sont les vieux hits du répertoire de Rancid qui provoquaient les plus grandes réactions. Nihilism, Old Friend et Salvation ont brassé pas mal, mais la ligne droite de la fin était dure à battre. Recevez coup sur coup Fall Back Down, Timebomb et Ruby Soho, et vous aurez mal aux pieds et vous serez essoufflé! Inutile de dire que l’ambiance était survolée au maximum.

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Fait rare dans les concerts, le rappel regroupait les deux têtes d’affiches de la soirée. Si d’habitude on invite les amis de la tournée à venir jouer de la guitare ou chanter le refrain sur une chanson, ils ont cette fois-ci monté un vrai rappel conjoint, rendant hommage à plusieurs figures de la scène punk old school, à commencer par The Ramones (leurs fantômes étaient présents sur toutes les scènes hier!) avec Cretin Hop.

Le classique de The Clash I Fought the Law a ravi plusieurs fans dans l’assistance. Des paroles si simples mais si vraies, qu’elles trouvent toujours écho chez le public. Après une version hardcore de Folsom Prison Blues de Johnny Cash (inspiration pour nombre de chanteurs punks) ils ont terminé avec une surprenante reprise de TNT de AC/DC. Tout le monde avait la gueule à terre, et même si ça n’a pas fait l’unanimité, il faut admettre que l’interprétation parfaite de Al Barr de la voix de Bon Scott était saisissante. Un spectacle dont tout le monde se souviendra, et qui prouve que des vieux routiers comme Rancid sont toujours pertinents dans la culture punk.

Avec sa zone pour enfants, ses projections documentaires (même si on ne savait pas ce qu’on regardait parce que les titres n’étaient pas annoncés), ses espaces de faux gazon et ses zones accessibles pour personnes à mobilité réduite, c’est un public diversifié qui s’est rassemblé pour souligner la culture punk dans ce qu’elle a de meilleur. Un festival multigénérationnel, où la troisième génération se berce dans la nostalgie, alors que les adultes forment la relève en emmenant leurs enfants de cinq ans à leur premier show. On a déjà hâte à l’an prochain!

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Crédit photos : ©Stéphane Couturier /MatTv.ca

Texte révisé par : Louisa Gaoua