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Un franc succès pour la première édition de MAIpoils

Cabaret MAIpoils à Montréal

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© Courtoisie

Par: Sophie Dumont

La première édition de MAIpoils s’est terminée en beauté et dans l’authenticité le mercredi 31 mai dernier au café Le Cagibi à Montréal. Au menu, plusieurs artistes étaient venus appuyer la cause MAIpoils en livrant des témoignages sur scène dans une ambiance intimiste. Mais d’abord, qu’est-ce que MAIpoils?

Cachez ces poils que je ne saurais voir!

Lors d’un entretien avec la fondatrice du mouvement, Paméla Dumont, la jeune membre de l’Union des artistes a d’abord expliqué que dans le nom « MAIpoils » se trouve un jeu de mots qui intègre la période au cours de laquelle s’est échelonné l’évènement, mais également le point central de la cause, soit les poils. Selon elle, en utilisant le mot mai et en l’interprétant tel un déterminant possessif, le nom peut ainsi contribuer à une certaine forme de réappropriation de nos poils, petits attributs du corps humain encore considérés comme indésirables dans l’inconscient collectif.

Ayant constaté que la pilosité féminine semble tabou dans notre société occidentale contemporaine, la comédienne a ainsi tenté de sensibiliser la population face à ce sujet, et ce, par l’intermédiaire de diverses actions qui ont eu lieu au cours des quatre dernières semaines.

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© Mario Faubert Photographe

Ainsi, le mouvement MAIpoils est une invitation à ne pas se raser pendant tout le mois de mai, et ce, dans le but d’apprendre à vivre avec notre corps au naturel et de tester notre capacité à ne pas succomber à l’intense pression sociale associée aux standards de beauté.

D’abord considéré comme une initiative personnelle, MAIpoils s’est rapidement vu transformé en un véritable défi collectif tant certaines réactions furent virulentes face à l’idée du mouvement. Il semblerait que la possibilité que les femmes puissent choisir de laisser libre cours au cycle de vie de leur pilosité en choque plus d’un(e). Démontrant par le fait même de la nécessité d’un tel mouvement, ces réactions semblent avoir servi de moteur aux idées de la jeune actrice.

Soirée de clôture du mois MAIpoils

Dans une ambiance légère et détendue, la soirée a débuté tout en douceur avec un mot de bienvenue de la fondatrice du mouvement. Enchaînant avec un numéro d’humour, Paméla Dumont a interprété le texte Au poil! de Klair fait Grr avec toute la spontanéité, le naturel et la douce exubérance qui sont propres à la jeune rouquine.

Un extrait du recueil Chercher la femme d’India Desjardins a ensuite été présenté par Mélanie Chouinard. Le texte intitulé Adam et Ève a littéralement pris vie sous nos yeux grâce au jeu expressif de la comédienne. Au gré du récit qui dépeignait de manière caricaturale l’histoire de la naissance de l’humanité, la comédienne changeait de rôles en incarnant à elle seule trois personnages différents sur la scène. Très captivante, cette brillante et hilarante interprétation d’Adam et Ève a su faire éclater de rire l’auditoire plus d’une fois tout en suscitant une réflexion quant aux rapports de genre.

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© Courtoisie

Sur une note un peu plus sérieuse et poétique, la comédienne Marie-Pier Audet a présenté le texte Faire l’amour de Paméla Dumont. Racontant l’histoire d’une « première fois » entre deux jeunes adultes qui se découvrent, elle a abordé la notion de la pression que nous nous auto-infligeons, parfois à tort, quant à notre apparence physique, notamment en ce qui a trait à l’éradication des poils.

Les héros des centres d’entraînement, tiré de l’ouvrage Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles, a ensuite été récité par son auteur, Steve Gagnon. Le jeune acteur et comédien a, grâce à un humour brillant quelque peu sarcastique, mais toujours de bon goût, dépeint le portrait stéréotypé de « la masculinité » selon une version d’Hollywood qu’il conteste. Malgré le caractère désopilant de la présentation, le message véhiculé par l’artiste semblait politique. Faisant référence à la pression sociale qui touche également les hommes en ce qui a trait au culte du corps et à « la virilité musclée », ce dernier a lancé un cri d’alarme quant à l’influence que peuvent avoir les héros du cinéma américain chez les jeunes garçons en quête d’identité.

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Mon coup de cœur de la soirée : Les poils tiré du recueil Les monologues du vagin. C’est dans une simplicité émouvante que Céline Cossette a interprété ce touchant texte d’Ève Ensler. Troublant, triste, grave par moments, mais à la fois drôle et empreint d’une sérénité presque déconcertante, ce numéro a fait émerger chez l’auditoire une très large gamme d’émotions en quelques minutes. Chapeau à l’auteure, mais également bravo à son interprète qui a su lui donner avec exactitude le juste ton.

La comédienne, chroniqueuse et auteure Rosalie Bonenfant s’est également livrée au jeu en récitant son texte Est-ce que je te plais, s’il te plaît? Cet essai devenu viral à la suite de la diffusion d’une capsule sur les ondes de Radio-Énergie soulève plusieurs questions quant à l’objectification du corps des jeunes femmes ainsi qu’au rôle joué par la société dans la sexualisation des adolescentes.

Le mythe Trobriandais a par la suite été présenté par Bruno Forest. Inspiré de l’Histoire du poil de Marie-France Auzépy et de Joël Cornette, ce dernier a offert une succulente parodie d’un récit à saveur anthropologique.

En guise d’avant-dernier numéro, Samuel Bleau a présenté son texte Werewolf (Indoor swimming at the space station) avant de laisser place à Noémi Lira qui a interprété La Loba, extrait du livre de Clarissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups.

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© Courtoisie

À l’image du mois MAIpoils, le Cabaret MAIpoils a été un franc succès et tout laisse présager qu’une deuxième édition aura lieu en 2018. Considérant que le mouvement a fait beaucoup plus d’adeptes que la fondatrice ne l’avait espéré, il ne serait pas étonnant de voir un festival du poil poindre son nez au cours des prochaines années.

En attendant, celles et ceux qui désirent s’impliquer au sein du mouvement peuvent communiquer directement avec sa fondatrice sur le site officiel à l’adresse www.maipoils.com ou contribuer à la campagne de sociofinancement en cliquant sur le lien suivant : https://fr.ulule.com/maipoils/

Au plaisir de nous « poilariser » d’ici la prochaine édition!

Texte révisé par : Annie Simard