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Tokyo Police Club et Charly Bliss à la Sala Rossa

Soirée indie rock sympathique

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©Mélodie Guay/ MatTV.ca

Par : Mélissa Thibodeau

Le groupe indie canadien Tokyo Police Club faisait vibrer hier soir la scène de La Sala Rossa dans le Mile-End montréalais. L’endroit n’était pas rempli à craquer, mais une foule plus que respectable et plus qu’excitée a réchauffé la place. Le groupe de Brooklyn Charly Bliss assurait la première partie.

Si je n’avais pas été au-dessus de tout cela, j’aurais pu y avoir un sérieux coup de vieux! Je n’étais pas la plus âgée là, mais dans le spectrum « génération milléniale », je me situe certainement parmi les vieux. Les jeunes Y étaient décidément majoritaires.

L’énergie sympathique qui régnait, toutefois, dans la place me rappelait toute cette fébrilité que je ressentais lorsque j’allais voir mes bands favoris en spectacle. La liste de lecture rock alternative 90s qui jouait avant et entre les sets accentuait ce doux sentiment de nostalgie.

Charly Bliss

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J’ai pris conscience de l’existence de ce groupe en jetant un dernier coup d’oeil à l’événement du spectacle, question de confirmer que je partais belle et bien à la bonne heure. Mais, au lieu de faire une recherche rapide Google à partir de mon téléphone, j’ai décidé de me laisser surprendre.

Presque à l’heure, trois jeunes hommes et une jeune femme prennent place. Cette dernière assume le rôle de chanteuse principale. Pétillante et vêtue d’une jupe de paillettes dorées, Eva Hendricks part le bal tout de go. Ses coéquipiers Spencer Fox (guitare et voix), Dan Shure (basse et voix) et Sam Hendricks (batteur et le frère d’Eva) sont peut-être plus sobres côté vestimentaire, mais possèdent autant d’énergie que la frontwoman.

Le groupe faisait connaissance avec le public montréalais alors qu’il s’agissait de leur premier arrêt dans la métropole. On les sentait fébriles. On a affaire à des jeunes musiciens en début de carrière qui n’ont pas encore été atteints par le cynisme qui peut être causé par des années de tournées.

Eva souligne rapidement la gentillesse des quatre bonhommes de Tokyo Police Club. Elle déclare que les Canadiens sont vraiment gentils et qu’ils étaient soulagés d’être de ce côté de la frontière alors qu’un méchant branle-bas se brasse aux États-Unis.

Le quatuor a livré une bubble-grunge (terme piqué de Wikipedia mais tout à fait approprié ici) sympathique et accrocheuse. Charly Bliss semble puiser ses influences dans des groupes tels que Sonic Youth, Elastica. Ça me rappelait l’époque de Letters du Cleo, un groupe de Boston que j’écoutais énormément pendant mon adolescence. D’ailleurs, le groupe a déjà fait les premières parties de Veruca Salt et de Sleater-Kinney.

On chante, entre autres, à propos d’amour et de Dairy Queen. La chanson Turd, inspirée par les nombreux cas d’harcèlements sexuels qu’a vécus la chanteuse dans le passé, résonne tout particulièrement dans le contexte politique actuel. D’ailleurs, les profits de vente de cet extrait vont à Planned Parenthood, un organisme sans but lucratif américain qui offre conseils et services en termes de santé sexuelle et reproductive.

Le groupe sera de retour à Montréal le 1er avril prochain au Bar Ritz Le PDB.

Tokyo Police Club

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Contrairement à Charly Bliss, Tokyo Police Club (TPC) n’est pas du tout étranger à Montréal. Le groupe est composé du chanteur et bassiste Dave Monks (qui apparemment célébrait son 30e anniversaire cette semaine), du guitariste Josh Hook, du claviériste Graham Wright et du batteur Greg Alsop. Les gars sont originaires de Newmarket, en Ontario. Ils ont formé TPC en 2005. C’est d’ailleurs pendant l’édition 2005 de Pop Montréal que le quatuor a vraiment pris son envol.

Le génie indie du groupe a été reconnu assez vite. Leur sortie à Pop Montreal leur aura valu un contrat de disque avec la compagnie torontoise Paper Bag Records. C’est sur cette étiquette qu’ils offriront le EP A Lesson in Crime. On réagit vite et de façon positive dans la presse musicale. Des publications connues telles que Pitchfork et Rolling Stones les comparent à The Buzzcocks et à The Strokes.

Depuis, ils ont fait paraître en tout quatre albums et trois (ou quatre, c’est selon) EP. Ils ont tourné avec Weezer et Foster The People. Ils ont joué dans des festivals monstres tels que Coachella, Lollapalooza, Glastonbury, Reading, Leeds, Bonnaroo. Ils rassemblent depuis une série de fans plus que dédiés.

Et en les voyant sur scène, on peut comprendre pourquoi. Sans artifices et sans prétention, le groupe a le public dans sa main. Monks s’adresse à l’auditoire comme s’ils étaient des amis proches. Il dirige le micro vers la foule qui ne se fait pas prier pour chanter toutes les paroles. L’énergie de scène de Tokyo Police Club est vive, fraîche et dans ta face. Avec leurs riffs de guitare singuliers, leurs lignes de synthés animées, leurs rythmes exaltants et airs accrocheurs, ils ont fait de La Sala Rossa une véritable piste de danse.

Fait intéressant, le groupe a d’ailleurs profité pour jouer A Lesson in Crime dans son entièreté, question de souligner son 10e anniversaire, question de faire un retour dans le temps.

On ne sait pas encore quand le groupe retournera en ville. En attendant, on peut visiter www.tokyopoliceclub.com pour suivre leurs nouvelles.

Texte corrigé par : Annie Simard