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Sur les traces de Marguerite Duplessis avec Émilie Monnet

Une exploration sur le thème méconnu de l’esclavage au Québec, via un parcours sonore et des discussions performatives

Crédit photo : Annie Dubé

Par : Annie Dubé

L’artiste pluridisciplinaire Émilie Monnet poursuit sa pertinente exploration des angles morts de nos oublis collectifs, avec un parcours sonore gratuit à découvrir à partir de la Fondation Phi, et elle présente aussi au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui des rencontres avec des invités de la Martinique, autour de ces liens invisibles entre les peuples autochtones et afrodescendants. La pierre angulaire de ces deux évènements? Marguerite Duplessis, une héroïne autochtone oubliée qui a tenté de se battre pour sa liberté il y a 300 ans.

Marcher sur les traces de Marguerite Duplessis avec Marguerite : la pierre, un parcours sonore

Après la pièce Marguerite : le feu, présentée il y a quelques mois à l’Espace Go, Émilie Monnet poursuit sa triade avec un parcours sonore sur Marguerite Duplessis, la première esclave et première autochtone à avoir revendiqué judiciairement sa liberté en Nouvelle-France. Un personnage oublié qui, pourtant, est une véritable héroïne à découvrir. Sa soif d’indépendance et son combat méritent d’être reconnus, partagés, et discutés. Ce volet de l’histoire du Québec est méconnu, et Émilie Monnet permet d’ouvrir la discussion à travers ses recherches, du Québec jusqu’en Martinique, pour suivre la trace de cette ancêtre d’avant-garde dont le drame ne laissera personne indifférent. Ce parcours est disponible gratuitement en ligne jusqu’au 6 juin, vous pouvez le télécharger dès maintenant et l’explorer à votre guise à partir de l’emplacement de la Fondation Phi afin de marcher sur les traces de cet oubli collectif.

Voilà un pan de l’Histoire qu’on ne lit pas dans les livres d’école, et pourtant, on devrait. C’est une profonde révolte qu’on ressent face à l’esclavage qui sévissait il y a quelques siècles, et c’est un devoir de mémoire de devoir y faire face, afin de saisir l’enjeu complexe de ces humains déracinés.  Cette reconnaissance d’une figure historique de l’ombre fera-t-elle du chemin dans notre monde présent? Une rencontre émouvante entre les archives de papier, et les pierres des bâtiments du Vieux-Montréal, où le passé a enfoui ses traces silencieusement.

Émilie tient salon au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

En plus du parcours, nous avons eu la chance d’assister à la première de trois rencontres, dans le cadre de Émilie tient salon, qui avait lieu le 2 juin avec Dominique Cyrille, une ethnomusicologue martiniquaise spécialisée dans les traditions de musique et danse de l’aire géoculturelle caribéenne. Dans un décor intime et tout en douceur, un échange entre les deux femmes a permis de continuer d’explorer la quête historique des liens qui unissent les divers peuples de l’Amérique. Une rencontre unique, pleine d’authenticité, de nuances et de questions dont les réponses demeurent parfois sans adresse. Une émouvante conversation qui redonne de l’espoir en l’humanité.

Le 3 juin, c’était au tour de Serge Bilé, fasciné par l’histoire de Marguerite Duplessis, il lui a consacré un livre : Marguerite Duplessis, le combat pour la liberté d’une déportée amérindienne. Un invité qui tombe à point !

Le 4 juin à 16 h aura lieu le dernier salon, cette fois-ci avec Françoise Dô, fondatrice de la compagnie Bleus et Ardoise. Elle a signé plusieurs textes dont Aliénation(s)A parté et Juillet 1961 qui traitent notamment des silences et des non-dits au sein des familles et de la société.

Tous les amateurs de questions sociologiques et les simples curieux désireront plonger dans l’univers de Marguerite à travers la quête d’Émilie. Vous pouvez vous procurer des billets sur le site du CTD’A pour 15 $ pendant qu’il est encore temps. Il se peut que votre perspective sur le monde en revienne changée, et pour le mieux.

Crédit photo de couverture : CTD’A

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