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Spectacle Finale de Analog

Le coup d’éclat de Montréal Complètement Cirque

© Gabriel Talbot/MatTv.ca

Par Maxime D.-Pomerleau

C’est le spectacle qui rallie les foules pour l’édition 2019 de Montréal Complètement Cirque : Finale de la compagnie allemande Analog. La troupe colorée s’est établie au Théâtre St-Denis 2 où elle nous a ouvert les portes de son univers le 9 juillet.

On comprend dès le départ que ces performeurs de rue carburent aux réactions du public et instaurent immédiatement une complicité impossible à briser. Utilisant certains éléments de la vie quotidienne comme appareils (des piles de livres au lieu des cannes), le plateau contient aussi une structure massive avec une cavité au centre, où se trouve le batteur. Jeux de lumières multicolores et trame sonore résolument urbaine, Analog maîtrise les codes de la culture pop, du cinéma et de l’entertainment qui en met plein la vue, au point d’être parfois saturé par un trop plein de stimuli.

La situation s’ajuste lorsque les numéros de cirque commencent à s’enchaîner et qu’on retombe dans une formule plus traditionnelle, linéaire mais ici sans thématique ou arc narratif précis. Les performances vocales ne servent plus qu’à faire diversion pour un changement de décor, mais sont des numéros à part entière, où toute la soul de la chanteuse Ena Wild peut se déployer. Chaise acrobatique et équilibrisme, cerceau aérien (mal éclairé cependant), numéro de roue Cyr et main à main, tous ont leur moment pour briller sur scène. À ce niveau, Analog ne réinvente pas le style, mais l’exécute fort joliment.

Les surprises viennent de numéros qui révèlent des appareils ou des disciplines que les artistes exploitent différemment. Le plus intrigant est sans contredit le mât chinois, qui comporte un deuxième mât chinois tournant autour du premier, attaché à son sommet, et muni d’une lumière au bout! Cette combinaison surprenante permet la réalisation de figures audacieuses, en mouvement ou non. Un numéro fort visuellement. L’approche de Bertan Candelbek du bounce juggling met l’accent sur la sonorité créée par les balles frappant la plateforme, plutôt que par la prouesse de jonglerie en soi. D’abord, il est rare de voir un numéro entier se dérouler vers le bas plutôt qu’en hauteur, et l’artiste utilise seulement trois, puis quatre balles. Il s’engage avec le batteur Lukas Thielecke dans un combat rythmique, où ils se répondent ou créent à l’unisson. Une mélodie claire finira par s’en dégager, faisant danser les autres membres du collectif! Un numéro efficace qui prouve que la sobriété est parfois plus payante que la démesure.

De même, le numéro de corde lisse de Manda Rydman innove dans l’utilisation des hommes comme contre-poids mobiles. Ceux-ci se trouvent à changer de position sur scène et évoluer autour d’elle, suivant ses mouvements et contrôlant ses montées et descentes. Les quelques secondes où l’acrobate semble suspendue dans les airs, tournant sur elle-même et restant sur place, alors que sa corde continue de défiler, sont fascinantes.

La force du groupe est justement…. le groupe. Qu’il soit discret en arrière-plan, spotter pour les autres acrobates ou qu’il traverse carrément la scène en dansant à la queue-leu-leu, Analog trouve sa puissance dans la passion qui unit les artistes. Au-delà des démonstrations de leurs compétences techniques, c’est le plaisir d’être ensemble qui transparaît et devient le cœur du spectacle. Et puis, pas besoin d’un clown lorsqu’on a un cascadeur en speedo doré glitter qui se prend pour Jean-Claude Van Damme et fait la split en mangeant une banane!

Le numéro d’accro et de cerceau chinois revisité en a surpris plus d’un. La troupe a invité des membres du public à y participer et parmi ceux-ci s’est retrouvé Martin Matte! L’air faussement à l’aise, il a embarqué dans la folie de ses acolytes qui semaient le chaos autour d’eux. Il faut avouer qu’il est plutôt rare de le voir sur scène sans qu’il ne soit en spectacle et en parfait contrôle de la situation. Un moment qui a bien fait rire les spectateurs! Après un enchaînement de figures complexes et sous des torrents d’applaudissements, les artistes se sont simplement arrêtés pour le salut : c’était fini! On se croyait au deux tiers du spectacle alors que près d’une heure trente s’était écoulée. Au lieu de monter une prestation en crescendo et terminer avec un climax de pirouettes acrobatiques comme on nous a habitué, Analog a opté pour la constance dans le tapis; une stratégie gagnante.

Avec ses artistes multilingues, ses canons de confettis et son mélange de musique live, d’acrobaties et d’humour, Finale est un spectacle parfait pour une première incursion dans l’univers du cirque et atteint l’équilibre entre divertissement et recherche. Pas surprenant que les supplémentaires annoncées jusqu’au 20 juillet se comblent rapidement!

#complètementcirque

Crédit photo : Gabriel Talbot/MatTv.ca