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Sortie de Born & Bored : Entrevue avec Guilhem

Un premier album solo pour le punk rockeur

©photo courtoisie Guilhem

Par Maxime D.-Pomerleau

Guilhem, chanteur et guitariste du groupe punk-rock montréalais Lost Love, sort ces jours-ci son premier opus solo. Fruit d’une dernière année remplie d’expériences humaines et musicales, Born & Bored est un album aux mélodies légères et entraînantes, une oasis bienvenue au cœur de l’hiver. On prend quelques minutes pour discuter avec l’artiste de son album, de ses inspirations, de voyage et de la scène locale, auxquels il prête un regard étonnamment académique!

En lisant le titre de l’album, j’ai immédiatement pensé à cette image virale du nouveau-né qui a déjà l’air blasé et l’ai envoyée à Guilhem. Tout de même, je m’interroge. À cette ère d’hyperconnectivité, de surstimulation et de sollicitation, bref d’abondance, sommes-nous si facilement… bored? « Haha. Wow. J’pense que j’avais pas vu cette image là. C’est fou comment ça aurait pu être ma pochette. Au niveau de l’ennui, j’pense que personnellement, je me tiens toujours (trop) occupé pour pas être ennuyé. J’essaye de rester dans un état de flow le plus souvent possible parce que c’est comme ça que je suis heureux j’pense. J’ai même écris mon mémoire de maîtrise sur ce mystérieux phénomène qu’est le « flow state ». Bref, on est tellement bombardé par 1001 médias par jour que je pense que ça m’a désensibilisé un peu trop. Mais en vrai, je devrais sûrement prendre le temps de rien faire et de méditer un peu plus. Pour mon prochain album. Sûrement. »

Qu’est-ce que tu avais envie de dire avec tes compositions solo qui se prêtait moins à la formule du groupe?
« Au niveau du message, c’est pas tellement différent, même si je pense que j’ai évolué au niveau de la composition en générale. La raison principale de cet album solo est que dans la dernière année, j’ai joué plus de shows solo qu’avec Lost Love et ça faisait plus de sens pour moi d’aller en studio tout seul, surtout que c’était un défi que je voulais relever depuis longtemps. Aussi, en show, être solo, ça apporte une dynamique complètement différente. J’peux raconter des histoires entre les tounes. J’peux même arrêter des tounes en plein milieu si j’en ai envie (ok… j’le fais pas souvent ça). Je peux jouer dans plus d’endroits (des houses shows dans des appartements d’ami.e.s, chez des disquaires, dans des restos plus « tranquilles ») »

Tu voyages beaucoup pour donner des concerts avec Lost Love autant qu’en solo. Qu’est-ce que ces expériences à l’étranger t’apportent comme artiste?
« Je dois avouer que y’a deux raisons principales pour lesquelles je joue de la musique: 1- Jouer de la musique, c’est l’fun en général. 2- Voyager. Pour vrai, c’est assez fou, quand je regarde en arrière, tous les endroits que j’ai pu visiter grâce à la musique. Dans tous les arts, je pense que c’est quand même important voyager un peu. Voir des trucs différents. Pouvoir s’inspirer d’autre chose et garder l’esprit ouvert. »

Côté musical, Born & Bored flirte dangereusement avec le indie rock (Heart (Attack) of Gold) ou un genre de néo rock’n roll au rendu assez propre. Plusieurs pièces aux mélodies prononcées s’apparentent à la powerpop mais toujours le riff de guitare nous ramène dans la voie du folk punk (5tr3ss, Downward Spiral). Dans la quatrième pièce, Sober Realism, je crois même entendre du Weezer mais je vérifie avec le principal intéressé si je ne suis pas dans le champ. « « Néo rock’n’roll », assez fou comme terme. Avec Weezer, t’es pas dans le champs trop trop. Le dernier album de Lost Love était aussi assez influencé par Weezer justement. J’pense qu’en fait, les influences principales que j’ai c’est Jeff Rosenstock, Frank Turner, The Weakerthans. Au niveau des paroles, j’écris sur des sujets personnels ou j’écris des histoires. Pour cette toune-là en particulier, ça parle d’écrire mon mémoire de maîtrise, tout en jonglant avec mes autres responsabilités (ma vie amoureuse, mes ami.e.s, le Pouzza Fest, mon band, etc.) » Pour le lecteur averti Guilhem est aussi connu dans la scène montréalaise comme l’un des programmateurs du Pouzza Fest, ce festival qui célèbre la musique et la culture punk et dont je fais l’éloge chaque année entre ces pages. Un événement important autour duquel se retrouve la communauté punk locale et internationale. « Le Pouzza, c’est comme une conférence. Une conférence où pendant une fin de semaine, plein de bands de partout dans le monde se réunissent à Montréal pour jouer de la musique. Y’a une espèce d’aspect magique de la chose quand tu vois deux bands se croiser dans la rue et se prendre dans leurs bras parce qu’ils se sont pas vus depuis un bout. Même si tout au long de l’année, les shows « locaux » peuvent être « rough » parce que y’a moins de monde au shows. »

Born & Bored est réalisé par Adrian Popovich (qui a entre autre travaillé avec Solids, The Dears, We Are Wolves, Les Breastfeeders et Sonic Avenue) et produit par Hugo Mudie, un collaborateur de longue date de Guilhem. Le choix de travailler avec ces artisans s’est donc imposé naturellement pour l’auteur-compositeur-interprète. « Ça faisait deux albums que Hugo produisait de Lost Love et j’aime ça travailler avec lui. J’pense qu’on s’entend super bien et il comprends assez bien où je veux aller et il m’aide à me diriger musicalement. Adrian est aussi très l’fun/relaxe, donc ça fait de lui un candidat idéal pour enregistrer de la musique. Il sait ce qu’il fait et j’aime bien le studio dans lequel il travaille. »

L’album s’ouvre sur une courte pièce, plutôt instrumentale, dont les premières paroles sont « You gave me something crazy to believe in ». Il se termine avec la dixième chanson The Needs, une réflexion sur ce dont on a besoin (ou pas) pour être heureux. Est-ce que l’album suit un chemin bien précis que tu avais en tête?
« Oui, ça suit un chemin. La première chanson et la dernière étaient d’avance planifiées pour commencer et finir l’album. Le message de « The Needs » c’est qu’on a trop de faux besoins et qu’il faut essayer de se pousser loin de ces faux besoins. Je pense que si les gens arrivaient à modifier certaines perceptions qu’ils ont, ça leur permettrait d’être plus heureux.se. « Nobody’s gonna save me from myself », je veux dire que y’a personne d’autre que moi qui va me botter le cul à faire quelque chose de ma vie, et surtout, quelque chose que j’aime, que je veux faire. »

En rafale :

Quoi boire en écoutant ton album?

« Red Bull & Hennessy OU Gin & Tonic (mais un bon gin, pas le cheap là) »

Où aller en écoutant ton album?

« Si t’es à Montréal, va au Mont St-Hilaire. Sinon, sur le bord du fleuve en conduisant. Trouve une étendue d’eau. C’est là que je veux que mon album soit enterré. »

Une pièce de l’album que tu conseilles à nos lecteurs.

« Slow Song. Parce que c’est l’avant-dernière, donc les risques que tu te rendes là sont statistiquement faibles avec nos TDAs collectifs. Mais elle est « différente » comme toune et elle a une vibe très « rancho relaxo » donc, si tu feels relaxe, commence par elle. »

 

Guilhem sera en tournée au Québec et dans les Maritimes dans les prochaines semaines, l’occasion d’entendre les pièces de ce premier album solo. En ce qui concerne un lancement officiel de Born & Bored à Montréal, on attendra d’avoir les deux pieds dans le printemps et que le mois de mai se pointe le bout du nez. Suivez sa page Facebook pour ne pas manquer l’événement!