Saya Gray de retour à Montréal, rien ne pouvait l’arrêter

Par : Marin Agnoux
En ce soir de fête du premier mai, où le travail devient un vague souvenir le temps d’une journée, un jeune public se rassemble devant la salle du National, en plein cœur de Montréal, pour accueillir la star émergente canado-japonaise, Saya Gray.
La première partie, assurée par John Mavro, l’un des musiciens de Saya, se déroule dans une ambiance très intime et brute. Il propose une folk-pop guitare-voix portée par un chant puissant, plus qu’impressionnant. Le public, bouche bée, n’ose pas trop parler. Tout le monde écoute dans un calme saisissant, où l’on se fait tout petit devant cette scène immense.

21h15. L’attente s’allonge, le public s’impatiente à l’idée de voir Saya Gray apparaître sur scène. D’un instant à l’autre, tout devient presque silencieux. Les yeux sont rivés vers l’avant, pour ne pas rater une seule seconde de son arrivée.
Les musiciens montent sur scène. Tout commence. La fin du morceau Line Back 22 explose, tandis que Saya sort de l’ombre des coulisses, accompagnée de sa double guitare-basse et vêtue de ses extravagantes fourrures. Le groupe réarrange tous leurs morceaux, passant d’une pop alternative à des expérimentations plus électroniques. Aucun musicien n’est mis de côté : chacun joue un rôle irremplaçable.

Saya s’assoit, discute entre les morceaux, racontant ses expériences périlleuses dans l’industrie musicale et revendiquant fièrement son indépendance. Le monde est à l’écoute, fasciné, déjà fan de l’artiste. De temps à autre, les musiciens quittent la scène, puis reviennent, laissant à Saya l’espace d’interpréter certains titres de façon complètement décalée. Parfois, sa guitare acoustique se glisse avec sa voix ; à d’autres moments, sa basse repose près d’elle, sublimant ses mélodies.

Tout défile. On ne sait plus quelle heure il est. Le temps semble suspendu. Puddle Of Me, Shell of a Man, 10 ways (to lose a crown)… Le concert s’imprègne de l’attitude de Saya et de son groupe. Des résidus d’influences rock traversent les compositions et transforment sa musique. Son frère, à la guitare, joue tel un guitar hero ; le batteur, avec un jeu rappelant la scène métal ; et les longs moments d’expérimentation instrumentale évoquent le rock progressif.

Saya Gray entre et sort de scène en rockstar affirmée, idolâtrée par son public. Après ce concert dont beaucoup se souviendront, on pourra dire, dans quelques années, qu’on y était, ce soir-là.