La jalousie tue toujours !

Par : Sylvie Tardif
La pièce Othello de William Shakespeare, dans une adaptation de Jean Marc Dalpé et une mise en scène de Didier Lucien, était présentée, en première médiatique, ce 8 mai dernier au Théâtre du Nouveau Monde.
Coproduction du Théâtre du Trident et du Théâtre du Nouveau Monde, Othello ou le Maure de Venise est une tragédie shakespearienne probablement écrite en 1603 et jouée pour la première fois en 1604. Othello demeure pertinent plus de 420 ans après sa première représentation.
Othello, officier vénitien d’origine africaine, reçoit pour mission de partir défendre Chypre contre les Ottomans. Ses officiers et sa femme Desdémone l’accompagnent. Manipulé par Iago, Othello se laisse convaincre que Desdémone a une aventure avec Cassio. Il en devient fou de jalousie et décide de tuer sa femme malgré qu’elle nie les accusations d’infidélité. Est-ce que le racisme, le pouvoir, la manipulation, la jalousie, la misogynie et le féminicide sont toujours d’actualité? Hélas, il s’agit de thèmes contemporains.
Le décor est une structure étagée qui permet aux comédiens de parcourir les hauteurs du pouvoir et de descendre sur la place de cette fortification pour effectuer leurs basses œuvres. La lumière est superbement utilisée pour créer des barreaux de prison sur le sol illustrant la folie dans laquelle Othello est tenu captif et qui le conduira au pire. Le chant de Valérie Le Maire et les chorégraphies circassiennes ajoutent à la beauté de la mise en scène.

L’adaptation de Jean Marc Dalpé est intéressante. Quelques expressions en langue québécoise ou italienne colorent le jeu des comédiens qui maîtrisent bien le texte. Les rôles principaux masculins sont superbement interprétés, Iago (Lyndz Dantiste) est crédible de perfidie, Cassio (Steven Lee Potvin) est émouvant lorsqu’il se croit déchu et Othello (Rodley Pitt) est convaincant lorsqu’il sombre peu à peu dans une jalousie dont on aimerait le sauver avant qu’il ne commette l’irréparable. Ma préférence va vers les rôles féminins, Desdémone (Ariane Bellavance-Fafard) et Emilia (Myriam Lenfesty). Cette dernière interprète un plaidoyer émouvant en faveur de Desdémone qu’elle retrouve morte. Cette scène du féminicide est troublante et le plaidoyer qui s’en suit est poignant.

Si le racisme était peut-être la dénonciation la plus forte au moment de l’écriture par l’auteur, il est plus ténu dans l’interprétation contemporaine proposée. Par contre, la misogynie est évidente. Les femmes sont des nobles qu’on tue ou des putes qu’on utilise.
Othello est présenté au TNM du 6 au 31 mai 2025. Cette pièce vaut la peine d’être vue. La programmation 2025-2026 du Théâtre du Nouveau Monde est ambitieuse. Il est important d’encourager les arts vivants. N’hésitez pas à acheter des billets en visitant le site web du théâtre.