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Osheaga Jour 1 : Enivrant même sous la pluie!

L’enchantement des Britanniques et de la sorcière blanche

3©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Par : Marie-Claude Lessard

Au cours des dernières années, Osheaga était béni côté température. Le festival a cruellement goûté au revers de la médaille lors de la première journée de sa douzième édition hier. Les orages par intermittence n’ont toutefois pas empêché des milliers de festivaliers à se déplacer et à lâcher leur fou. Les apparitions imprévues des conflits d’horaire, les délais ou les annulations de certains spectacles causés par la pluie n’ont pas trop entravé le plaisir des spectateurs affamés de musique, incluant des journalistes qui doivent revoir de A à Z leur plan de match!

Barns Courtney

Aux alentours de 13h30, le Britannique Barns Courtney a vécu son baptême d’Osheaga bien au sec. Devant une foule somme toute imposante considérant le fait que le site était ouvert depuis 30 minutes à peine, ce chanteur de blues à la voix rauque fortement invitante a interprété les pièces de son ep The Dull Dums paru en janvier 2017, y compris le premier single Fire pour lequel il a demandé à la foule de s’agenouiller et de sauter en même temps au compte de trois. Mignon et parfait pour lancer les festivités.

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Blaenavon

Quelques minutes avant le déluge, le trio Blaenavon a mis le feu à la Scène de la Vallée Vans avec leur son indie pop nostalgique. Le chanteur, Ben Gregory, avec ses cheveux longs, son regard pénétrant et sa guitare électrique de couleur menthe, possède non seulement l’allure parfaite de la rockstar mais également un magnétisme désarmant.

London Grammar

La formation London Grammar, ce fabuleux croisement entre Florence + The Machine et Daughter (deux groupes présents lors des deux derniers Osheaga) a été contrainte de raccourcir son concert, mais elle a tout de même laissé une agréable impression. Hannah Reid a mis de l’avant sa magnifique voix angélique, spécialement lors d’une mémorable envolée a cappella.

Glass Animals

Un nombre impressionnant de fans attendait la venue de Glass Animals sur la Scène de la Rivière Virgin Mobile. Le groupe a seulement pu offrir trois chansons. Malgré la grande déception des admirateurs, ils se sont déchaînés, particulièrement sur le morceau Pork Soda sur lequel un ananas a été lancé dans la foule. Débordant d’énergie , Dave Bayley sautillait partout sur scène, s’agenouillait même en mimant des fusils. Les admirateurs pourront compenser avec un spectacle bien plus long le 3 octobre au Métropolis.

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Tove Lo

La Suédoise a échappé à la pluie pour proposer un condensé de pièces de son nouvel album Lady Wood et de ses plus grands succès commerciaux. Très sensuelle, Tove Lo s’est déhanchée suavement, ce qui a électrisé le public (seul bémol: la chanteuse allait plus souvent vers le côté gauche de l’immense scène). Elle a même levé son chandail pour dévoiler ses seins nus sur Talking Body, geste totalement en symbiose avec son personnage scénique et son émancipation féminine. Malheureusement, sa voix manquait parfois de portée. Sur scène, les pièces Lady Wood et Cool Girl jouissaient de percussions fort invitantes.

Milky Chance

Bien que assez statique sur scène, le duo allemand a offert sans prétention une prestation aux accents exotiques. Alternant avec des titres de leur récent opus Blossom et des hits planétaires comme Down by the river, Milky Chance a redonné le sourire aux festivaliers…et l’a même arrosé avec des jets d’eau comme s’il n’en avait pas déjà assez sur le site!

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Rag’N’ Bone Man

L’Anglais Rory Graham a reçu un accueil plus que chaleureux et avec raison! Tout au long de son concert de 60 minutes, le chanteur regardait le public complètement ébahi par les fréquents applaudissements. Il a avoué humblement qu’il avait passé une mauvaise journée, et qu’il était fatigué mais que l’énergie de la foule et son courage de braver la pluie ont remis les choses en perspective, et qu’il en avait bien besoin. Au-delà du succès Human qui a propulsé la Scène Verte, le chanteur a offert plusieurs moments soul marquants dont une époustouflante version acoustique de Skins. Que ce soit sur The Fire, Lay my body down ou As you are, la voix rauque écorchée qui détonne avec l’imposante carrure de l’homme de 32 ans a donné des frissons. Elle attire les émotions comme un aimant et rend les spectateurs vulnérables.

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Lorde

Alors que la plupart des artistes maudissaient la pluie, Lorde l’a accueillie à bras grands ouverts. Parapluie noir, robe longue blanche à manche amples, elle affichait des allures de Mary Poppins ou d’une sorcière blanche de son propre aveu. Effectivement, la Néo-Zélandaise a enchanté le public en guise de conclusion de la première journée.

La star de 20 ans a maintes fois remercié la foule et exprimé sa joie d’être de retour sur la grande Scène d’Osheaga après trois ans d’absence. C’était adorable au début, mais un peu redondant au milieu du spectacle, bien qu’on sentait la chanteuse fort sincère. Celle qui a gagné de l’assurance n’a pas manqué de charisme. Tout en voix et en sneakers, elle a insufflé ses pièces de danses modernes très inspirées et inspirantes. Elle était appuyée par des vidéoclips et des danseurs qui interprétaient les paroles des chansons , ce qui ne rajoutait pas beaucoup au spectacle tant l’énergie de Lorde prenait toute la place.

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Elle a proposé des titres moins connus de ses deux albums, Pure Heroine et Melodrama de même que des hits comme Royals et Green Light avec la même intensité. Son deuxième opus, qui traite de la gérance des émotions au féminin, dévoile la grande maturité de l’artiste. Dans ce sens, elle est un splendide porte-parole pour toutes les femmes qui revendiquent leur imperfection.

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Les textes de Melodrama frappent en plein plexus. Les trois pièces phares de la soirée :

  1. Homemade Dynamite  en duo avec Tove Lo.  Une pièce accrocheuse qui parle du sentiment d’autodestruction chez les jeunes adultes.
  1. Bloody Mother Fucking Asshole, une reprise de Martha Wainwright interprétée uniquement avec son guitariste Ray. Les paroles correspondent parfaitement à son univers, et la pièce a mis en valeur sa voix.

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Le moment inoubliable de ce concert est Liability, une puissante ballade sur la solitude sociale qu’entraîne une personnalité marginale que Lorde a offerte dans la pluie,  assise sur une serviette, les yeux brillants d’espoir.

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Texte révisé par : Louisa Gaoua