NOBRO, quand le punk et le féminisme font bon ménage
© Chris MacArthur
Par : Myriam Bercier
MatTv vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous présenter des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Aujourd’hui, je célèbre ma vingtième chronique avec le groupe punk NOBRO.
NOBRO est un quatuor punk-rock composé de Kathryn McCaughey membre fondatrice du groupe à la voix et la basse, Karolane Carbonneau à la guitare, Lisandre Bourdages aux claviers et percussions et Sarah Dion à la batterie. Elles ont fait notamment la première partie de Alexisonfire et The Distillers. Elles devaient faire celle de Pussy Riot au Canadian Music Week à Toronto, mais la COVID les a empêchées. Elles offrent à leur public des chansons avec toute l’énergie qu’on associe au style punk, soulignées par des mélodies s’approchant parfois de la pop rugissante.
© Chris MacArthur
Leur dernier EP, Sick Hustle, est sorti le 17 avril dernier. On y retrouve quatre chansons. La première, Don’t die, relate les soirées de cocaïne passées avec un ex qui jouait franchement avec le feu (d’où le refrain dans lequel on peut entendre Kathryn McCaughey chanter : « I can’t believe that I’m not dead »). La seconde chanson, Till I get it, exprime une volonté d’être prêt à tout faire pour se rendre à son objectif, s’inspirant franchement du concept de la victoire à la Pyrrhus (que Wikipédia définit ainsi : « est une victoire tactique obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu’elles compromettent ses chances de victoire finale »). Don’t wanna talk about it relate le côté fou d’un amour éphémère. Finalement, la dernière pièce, Marianna, est dédiée à la première guitariste et meilleure amie de la chanteuse Marianna Florczyk qui a décidé de quitter le groupe pour aller s’installer dans une ferme en Colombie-Britannique.
Je me suis donc entretenue avec Sarah Dion, et nous avons parlé entre autres de la fameuse Marianna de la chanson, de la place des femmes sur la scène musicale, des différences entre l’industrie musicale québécoise et torontoise et d’horaires chargées de musicien.ne.s. Sans plus tarder, voici voilà l’entrevue!
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amenée à faire de la musique?
Sarah : J’étais une enfant très gênée, timide, je parlais à personne et je n’étais pas intéressée envers les autres personnes. Un moment donné, j’ai vu une batterie, on m’a laissée jouer dessus, je suis arrivée à ma maison, j’ai démontré un intérêt pour quelque chose à mes parents, ce qui arrivait jamais, donc mes parents ont sauté sur l’occasion, ils m’ont acheté une batterie, ils m’ont inscrit à des cours et ça fait 20 ans que je joue et je n’ai jamais arrêté. J’ai vraiment trouvé une façon de m’exprimer là-dedans. C’est vraiment ça.
Myriam : Comment le groupe s’est-il formé?
Sarah : Ça a commencé avec juste Kathryn McCaughey, qui est la bassiste, membre fondatrice et chanteuse. Le groupe a eu plusieurs formes. On est la trois ou quatrième formation. Là, on a vraiment trouvé le dream team si tu veux. Kathryn voulait faire sa place sur la scène. Faut dire que le band ça fait cinq, six ans qu’il existe. Et il y a cinq, six ans sur la scène il n’y avait pas autant de filles musiciennes comme on le sait aujourd’hui. Elle, elle sentait qu’elle n’avait pas sa place sur la scène locale, donc elle a dit « de la marde, je vais la faire moi-même ma place! » Son but c’était d’aller trouver des musiciennes qui étaient un peu flashy, qui ont des skills développées, qui ont pas peur de jouer fort, vite et de faire leur show. Ça a commencé comme ça, au fil du temps, moi je suis rentrée dans le groupe. Après ça, Lisandre Bourdages aux percussions, keyboard est rentrée, elle était déjà dans l’entourage du band. Kathryn s’est rendu compte que Lisandre jouait les bongos comme une folle donc elle s’est dit « on va mettre des bongos dans le band! », moi au début je me disais « ça va être bizarre… », mais finalement c’est vraiment un bon feature du band c’est fou (rires). Ensuite, il y a eu Karolane Carbonneau qui est la petite nouvelle qui est rentrée, ça va faire un an et demi. Là c’est la formule magique, on est vraiment contentes avec ça.
Myriam : Justement tu disais que la composition a changé depuis la création en 2015, que s’est-il passé, il y a des membres qui sont partis ou le fit faisait pas…?
Sarah : Oui, il y a des membres qui sont partis avec le temps ça a changé. Au début c’était Marianna Florczyk à la guitare et Martha Rodriguez à la batterie. Le premier EP qui s’appelle Stroke Level : High! qui est sorti je pense en 2016, mais qui a été enregistré en 2014 c’est avec ces deux filles-là, moi je suis arrivée dans le processus, j’ai joué avec Marianna. Il y a du monde qui est parti, on a eu une autre guitariste qui s’appelle Gabrielle Larue, ça a duré le temps d’une tournée. C’est un band, on a beaucoup je l’ai juste en anglais le mot, de commitment. C’est dur de trouver des gens qui veulent vraiment, vraiment se donner. C’est des tournées, c’est des shows, c’est de l’investissement de temps et d’argent, ça a été long de trouver vraiment LE quatuor qui était prêt à faire tout ça. Je dis ça pour NOBRO, mais c’est ça pour tous les bands. Plus ça allait plus ça devenait, entre guillemets, big, je veux pas dire qu’on est big, mais tu sais Marianna a quitté le band un mois avant notre plus gros show on jouait dans un gros festival à Toronto on ouvrait pour Death from above [1979] après il y avait un autre band qui jouait et elle a choké. C’est correct, c’est encore notre amie, mais c’est de la pression des fois. C’est pas tout le monde qui était prêt à ça.
Myriam : En considérant le nom du band, NOBRO, on comprend rapidement que c’est un groupe féminin. C’était important pour vous d’être que des filles dans le groupe?
Sarah : Oui, vraiment. Comme je te disais tantôt, le band a été vraiment créé pour ça, pour montrer ça, pour faire notre place, pour défricher un peu la place des femmes sur la scène punk. On sait qu’il y en a déjà eu, qu’il y en a et qu’il y en avait déjà, mais c’est de le mettre à l’avant-plan. C’est drôle parce que l’anecdote qui vient avec ça c’est que Kathryn cherchait vraiment des filles pour être dans le band, et elle a plein d’amis musiciens garçons qui disaient « moi je pourrais être dans ton band » et elle disait toujours « no, bro, it’s fine no, bro » et c’est devenu le nom du band. On s’en cache pas, c’est un band féministe, on veut mettre ça de l’avant, qui veut donner le pouvoir, le power back aux femmes en musique, c’est absolument important pour nous.
Myriam : Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais?
Sarah : Kathryn qui compose toutes les paroles est anglophone, elle vient de Calgary. Ça fait 10 ans qu’elle est à Montréal maintenant. Elle commence à développer son français. Les trois autres on est francophones de Montréal. Vu que c’est elle qui chante et écrit des paroles, évidemment que ça va être dans sa langue maternelle, c’est aussi simple que ça. On a des chansons en français qui s’en viennent par contre, on va tâter le terrain voir si au Québec il y a de la place pour un NOBRO francophone, donc à suivre. Karolane Carbonneau, la guitariste, qui a écrit des tounes, Kathryn aussi a écrit des tounes en français, avec son français complètement cassé parce qu’elle est anglophone. Le pire c’est qu’on la corrige pas, on la laisse dire ça comme elle le dit. C’est vraiment cool, ça donne une touch qui est le fun aussi. À suivre pour voir si on va vers cette direction-là aussi.
Myriam : Vous avez signé un contrat avec l’étiquette torontoise Dine Alone Records. Est-ce que le fait d’avoir été signées à Toronto plutôt qu’à Montréal vous offre des opportunités différentes?
Sarah : Oui, on jouait déjà beaucoup en Ontario, dans le coin de Toronto. Il y a beaucoup de gens qui pensent qu’on est un band de Toronto. Ce que ça nous apporte, c’est qu’au Québec, ce qui se passe je trouve, c’est que c’est un microclimat, tous les bands, toutes les maisons de disques ça se passe au Québec. À Toronto, ils comprennent pas nécessairement tout ça. Lisandre, Karolane et moi on est dans d’autres bands au Québec, on joue avec Émile Bilodeau, Comment debord, avec plein de monde. Eux à Toronto, ils comprennent pas qu’on fait des 100 shows par année et qu’on est en tournée à l’année longue avec ces artistes-là. Il y a vraiment une différence. Mais ce qui est le fun à Toronto c’est qu’eux ils ont vraiment un bras au Canada et aux États-Unis, et en Europe beaucoup aussi. C’est vraiment d’aller chercher l’international vraiment plus, alors que si on reste vraiment à Montréal, au Québec, ça se passe plus au Québec.
Myriam : Vous avez lancé votre EP Sick Hustle deux semaines plus tard que prévu, pourquoi?
Sarah : Ben, c’est à cause de la COVID évidemment. On se demandait si ça valait la peine. Si on l’avait sorti deux semaines avant, c’était dans le moment où tout le monde parlait juste de ça, sur ton newsfeed Facebook c’était juste ça, et s’il y avait autre chose tu cliquais même pas là-dessus, c’était dans le moment de panique on s’entend, c’était à la fin mars. Finalement on l’a sorti le 17 avril. Mais ça a été ça, finalement on s’est dit « ah, on le sort pareil » ça faisait un an et demi qu’on travaillait là-dessus, on voulait passer à autre chose, mettre ça en branle. On l’a sorti quand même le 17 avril, c’était vraiment pour ça. On sait toujours pas si c’était un bon move, on va le savoir plus tard quand on va se mettre à aller jouer ce EP-là en live, mais c’est vraiment ça la raison en fait.
Myriam : Justement tu parles d’aller le jouer en live, vous deviez faire la première partie de Pussy Riot au Canadian Music Week à Toronto qui a été évidemment annulée à cause de la COVID. Est-ce qu’il y a une possibilité que ce soit reporté? Est-ce que vous avez des dates de reportées pour l’instant?
Sarah : En ce moment, dans le monde de l’événementiel, c’est tellement incertain. Oui, tout est reporté, mais chaque mois, on reçoit d’autres emails pour reporter plus loin encore, et chaque mois encore on reporte, c’est comme ça depuis cinq mois. J’aimerais ça dire que oui on a une date, mais c’est tellement incertain. Mais quand ça va débloquer, nous on va vraiment être prêtes à sauter à pieds joints dans la tournée, c’est certain.
Myriam : Tu en parlais un peu tantôt, Karolane Carbonneau est dans Comment debord et Bourbon, Lisandre Bourdage est dans le groupe Les Shirley dans lequel tu es également en plus de jouer de la batterie pour Émile Bilodeau. Comment faites-vous pour jongler avec toutes vos obligations?
Sarah : C’est l’enfer (rires)! C’est le bordel. Tu vois en ce moment, je suis en pratique avec Les Shirleys, et les filles de NOBRO arrivent d’une minute à l’autre, donc c’est de chevaucher tout ça. Avec Émile j’ai trois remplaçants donc je jongle avec eux, ils sont merveilleux, ils sont super bons, ils sont compréhensifs. C’est sûr que je mets ma priorité dans NOBRO personnellement parce que c’est mon band, c’est mes tounes, c’est vraiment mon bébé. Les Shirley aussi je te dirais. C’est vraiment de prendre des décisions, et plus ça va, plus les décisions sont dures à prendre parce que tous les projets sont en plein envol, ça va bien. Avec Émile j’adore ça, ça fait quatre ans que je suis avec eux, c’est rendu ma famille maintenant, et ils sont tout le temps contents quand je vais faire des shows, des tournées avec les filles. C’est de la grosse gestion d’horaire en fait. Des fois il y a l’espèce de légende que les musiciens sont tous désorganisés et tout croches, mais si tu veux make it, non, ça ne peut pas être comme ça. C’est des agendas très serrés je te dirais!
Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Sarah : J’ai pas vraiment de question, mais j’aimerais passer un message. Est-ce que ça se peut…? :
Encouragez vos bands locaux. Allez voir des shows un mardi soir. Payez vos billets en prévente. Soyez ouverts à ce qui se passe dans votre cour. Avec NOBRO, ça fait six ans qu’on roule à Montréal, mais notre crowd locale s’est révélée seulement quand on s’est mises à faire des tournées d’envergure et à faire des grosse salles. Svp, gardez les oreilles et les yeux ouverts sur ce qui se passe chez vous, consommez local!
MUSICAL :
1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Rain on me – Lady Gaga
2. Ta chanson de rupture préférée?
Sexe, drogue, ceri$e$ & rock n’ roll – Jérôme 50
3. Ta chanson d’amour préférée?
You’re still the one – Shania Twain
4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage?
Simon Kearney, Comment debord, P’tit Belliveau
5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
3 parce qu’un seul c’est impossible!
Night mirror – New Swears
A distant call – Sheer Mag
Morbid stuff – PUP
6. La chanson qui te rend le plus heureux?
I’m holding on to love – Shania Twain
7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup?
8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Clairement Rain on me
9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Summer of 69 – Bryan Adams ex aequo avec Journée d’Amérique – Richard Séguin
10. Ta chanson (à toi) préférée?
Impossible de répondre…! Mais je vais dire Fan the flames – Sheer Mag
Myriam Bercier
On vous présente : NOBRO
NOBRO, quand le punk et le féminisme font bon ménage
© Chris MacArthur
Par : Myriam Bercier
MatTv vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous présenter des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Aujourd’hui, je célèbre ma vingtième chronique avec le groupe punk NOBRO.
NOBRO est un quatuor punk-rock composé de Kathryn McCaughey membre fondatrice du groupe à la voix et la basse, Karolane Carbonneau à la guitare, Lisandre Bourdages aux claviers et percussions et Sarah Dion à la batterie. Elles ont fait notamment la première partie de Alexisonfire et The Distillers. Elles devaient faire celle de Pussy Riot au Canadian Music Week à Toronto, mais la COVID les a empêchées. Elles offrent à leur public des chansons avec toute l’énergie qu’on associe au style punk, soulignées par des mélodies s’approchant parfois de la pop rugissante.
© Chris MacArthur
Leur dernier EP, Sick Hustle, est sorti le 17 avril dernier. On y retrouve quatre chansons. La première, Don’t die, relate les soirées de cocaïne passées avec un ex qui jouait franchement avec le feu (d’où le refrain dans lequel on peut entendre Kathryn McCaughey chanter : « I can’t believe that I’m not dead »). La seconde chanson, Till I get it, exprime une volonté d’être prêt à tout faire pour se rendre à son objectif, s’inspirant franchement du concept de la victoire à la Pyrrhus (que Wikipédia définit ainsi : « est une victoire tactique obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu’elles compromettent ses chances de victoire finale »). Don’t wanna talk about it relate le côté fou d’un amour éphémère. Finalement, la dernière pièce, Marianna, est dédiée à la première guitariste et meilleure amie de la chanteuse Marianna Florczyk qui a décidé de quitter le groupe pour aller s’installer dans une ferme en Colombie-Britannique.
Je me suis donc entretenue avec Sarah Dion, et nous avons parlé entre autres de la fameuse Marianna de la chanson, de la place des femmes sur la scène musicale, des différences entre l’industrie musicale québécoise et torontoise et d’horaires chargées de musicien.ne.s. Sans plus tarder, voici voilà l’entrevue!
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amenée à faire de la musique?
Sarah : J’étais une enfant très gênée, timide, je parlais à personne et je n’étais pas intéressée envers les autres personnes. Un moment donné, j’ai vu une batterie, on m’a laissée jouer dessus, je suis arrivée à ma maison, j’ai démontré un intérêt pour quelque chose à mes parents, ce qui arrivait jamais, donc mes parents ont sauté sur l’occasion, ils m’ont acheté une batterie, ils m’ont inscrit à des cours et ça fait 20 ans que je joue et je n’ai jamais arrêté. J’ai vraiment trouvé une façon de m’exprimer là-dedans. C’est vraiment ça.
Myriam : Comment le groupe s’est-il formé?
Sarah : Ça a commencé avec juste Kathryn McCaughey, qui est la bassiste, membre fondatrice et chanteuse. Le groupe a eu plusieurs formes. On est la trois ou quatrième formation. Là, on a vraiment trouvé le dream team si tu veux. Kathryn voulait faire sa place sur la scène. Faut dire que le band ça fait cinq, six ans qu’il existe. Et il y a cinq, six ans sur la scène il n’y avait pas autant de filles musiciennes comme on le sait aujourd’hui. Elle, elle sentait qu’elle n’avait pas sa place sur la scène locale, donc elle a dit « de la marde, je vais la faire moi-même ma place! » Son but c’était d’aller trouver des musiciennes qui étaient un peu flashy, qui ont des skills développées, qui ont pas peur de jouer fort, vite et de faire leur show. Ça a commencé comme ça, au fil du temps, moi je suis rentrée dans le groupe. Après ça, Lisandre Bourdages aux percussions, keyboard est rentrée, elle était déjà dans l’entourage du band. Kathryn s’est rendu compte que Lisandre jouait les bongos comme une folle donc elle s’est dit « on va mettre des bongos dans le band! », moi au début je me disais « ça va être bizarre… », mais finalement c’est vraiment un bon feature du band c’est fou (rires). Ensuite, il y a eu Karolane Carbonneau qui est la petite nouvelle qui est rentrée, ça va faire un an et demi. Là c’est la formule magique, on est vraiment contentes avec ça.
Myriam : Justement tu disais que la composition a changé depuis la création en 2015, que s’est-il passé, il y a des membres qui sont partis ou le fit faisait pas…?
Sarah : Oui, il y a des membres qui sont partis avec le temps ça a changé. Au début c’était Marianna Florczyk à la guitare et Martha Rodriguez à la batterie. Le premier EP qui s’appelle Stroke Level : High! qui est sorti je pense en 2016, mais qui a été enregistré en 2014 c’est avec ces deux filles-là, moi je suis arrivée dans le processus, j’ai joué avec Marianna. Il y a du monde qui est parti, on a eu une autre guitariste qui s’appelle Gabrielle Larue, ça a duré le temps d’une tournée. C’est un band, on a beaucoup je l’ai juste en anglais le mot, de commitment. C’est dur de trouver des gens qui veulent vraiment, vraiment se donner. C’est des tournées, c’est des shows, c’est de l’investissement de temps et d’argent, ça a été long de trouver vraiment LE quatuor qui était prêt à faire tout ça. Je dis ça pour NOBRO, mais c’est ça pour tous les bands. Plus ça allait plus ça devenait, entre guillemets, big, je veux pas dire qu’on est big, mais tu sais Marianna a quitté le band un mois avant notre plus gros show on jouait dans un gros festival à Toronto on ouvrait pour Death from above [1979] après il y avait un autre band qui jouait et elle a choké. C’est correct, c’est encore notre amie, mais c’est de la pression des fois. C’est pas tout le monde qui était prêt à ça.
Myriam : En considérant le nom du band, NOBRO, on comprend rapidement que c’est un groupe féminin. C’était important pour vous d’être que des filles dans le groupe?
Sarah : Oui, vraiment. Comme je te disais tantôt, le band a été vraiment créé pour ça, pour montrer ça, pour faire notre place, pour défricher un peu la place des femmes sur la scène punk. On sait qu’il y en a déjà eu, qu’il y en a et qu’il y en avait déjà, mais c’est de le mettre à l’avant-plan. C’est drôle parce que l’anecdote qui vient avec ça c’est que Kathryn cherchait vraiment des filles pour être dans le band, et elle a plein d’amis musiciens garçons qui disaient « moi je pourrais être dans ton band » et elle disait toujours « no, bro, it’s fine no, bro » et c’est devenu le nom du band. On s’en cache pas, c’est un band féministe, on veut mettre ça de l’avant, qui veut donner le pouvoir, le power back aux femmes en musique, c’est absolument important pour nous.
Myriam : Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais?
Sarah : Kathryn qui compose toutes les paroles est anglophone, elle vient de Calgary. Ça fait 10 ans qu’elle est à Montréal maintenant. Elle commence à développer son français. Les trois autres on est francophones de Montréal. Vu que c’est elle qui chante et écrit des paroles, évidemment que ça va être dans sa langue maternelle, c’est aussi simple que ça. On a des chansons en français qui s’en viennent par contre, on va tâter le terrain voir si au Québec il y a de la place pour un NOBRO francophone, donc à suivre. Karolane Carbonneau, la guitariste, qui a écrit des tounes, Kathryn aussi a écrit des tounes en français, avec son français complètement cassé parce qu’elle est anglophone. Le pire c’est qu’on la corrige pas, on la laisse dire ça comme elle le dit. C’est vraiment cool, ça donne une touch qui est le fun aussi. À suivre pour voir si on va vers cette direction-là aussi.
Myriam : Vous avez signé un contrat avec l’étiquette torontoise Dine Alone Records. Est-ce que le fait d’avoir été signées à Toronto plutôt qu’à Montréal vous offre des opportunités différentes?
Sarah : Oui, on jouait déjà beaucoup en Ontario, dans le coin de Toronto. Il y a beaucoup de gens qui pensent qu’on est un band de Toronto. Ce que ça nous apporte, c’est qu’au Québec, ce qui se passe je trouve, c’est que c’est un microclimat, tous les bands, toutes les maisons de disques ça se passe au Québec. À Toronto, ils comprennent pas nécessairement tout ça. Lisandre, Karolane et moi on est dans d’autres bands au Québec, on joue avec Émile Bilodeau, Comment debord, avec plein de monde. Eux à Toronto, ils comprennent pas qu’on fait des 100 shows par année et qu’on est en tournée à l’année longue avec ces artistes-là. Il y a vraiment une différence. Mais ce qui est le fun à Toronto c’est qu’eux ils ont vraiment un bras au Canada et aux États-Unis, et en Europe beaucoup aussi. C’est vraiment d’aller chercher l’international vraiment plus, alors que si on reste vraiment à Montréal, au Québec, ça se passe plus au Québec.
Myriam : Vous avez lancé votre EP Sick Hustle deux semaines plus tard que prévu, pourquoi?
Sarah : Ben, c’est à cause de la COVID évidemment. On se demandait si ça valait la peine. Si on l’avait sorti deux semaines avant, c’était dans le moment où tout le monde parlait juste de ça, sur ton newsfeed Facebook c’était juste ça, et s’il y avait autre chose tu cliquais même pas là-dessus, c’était dans le moment de panique on s’entend, c’était à la fin mars. Finalement on l’a sorti le 17 avril. Mais ça a été ça, finalement on s’est dit « ah, on le sort pareil » ça faisait un an et demi qu’on travaillait là-dessus, on voulait passer à autre chose, mettre ça en branle. On l’a sorti quand même le 17 avril, c’était vraiment pour ça. On sait toujours pas si c’était un bon move, on va le savoir plus tard quand on va se mettre à aller jouer ce EP-là en live, mais c’est vraiment ça la raison en fait.
Myriam : Justement tu parles d’aller le jouer en live, vous deviez faire la première partie de Pussy Riot au Canadian Music Week à Toronto qui a été évidemment annulée à cause de la COVID. Est-ce qu’il y a une possibilité que ce soit reporté? Est-ce que vous avez des dates de reportées pour l’instant?
Sarah : En ce moment, dans le monde de l’événementiel, c’est tellement incertain. Oui, tout est reporté, mais chaque mois, on reçoit d’autres emails pour reporter plus loin encore, et chaque mois encore on reporte, c’est comme ça depuis cinq mois. J’aimerais ça dire que oui on a une date, mais c’est tellement incertain. Mais quand ça va débloquer, nous on va vraiment être prêtes à sauter à pieds joints dans la tournée, c’est certain.
Myriam : Tu en parlais un peu tantôt, Karolane Carbonneau est dans Comment debord et Bourbon, Lisandre Bourdage est dans le groupe Les Shirley dans lequel tu es également en plus de jouer de la batterie pour Émile Bilodeau. Comment faites-vous pour jongler avec toutes vos obligations?
Sarah : C’est l’enfer (rires)! C’est le bordel. Tu vois en ce moment, je suis en pratique avec Les Shirleys, et les filles de NOBRO arrivent d’une minute à l’autre, donc c’est de chevaucher tout ça. Avec Émile j’ai trois remplaçants donc je jongle avec eux, ils sont merveilleux, ils sont super bons, ils sont compréhensifs. C’est sûr que je mets ma priorité dans NOBRO personnellement parce que c’est mon band, c’est mes tounes, c’est vraiment mon bébé. Les Shirley aussi je te dirais. C’est vraiment de prendre des décisions, et plus ça va, plus les décisions sont dures à prendre parce que tous les projets sont en plein envol, ça va bien. Avec Émile j’adore ça, ça fait quatre ans que je suis avec eux, c’est rendu ma famille maintenant, et ils sont tout le temps contents quand je vais faire des shows, des tournées avec les filles. C’est de la grosse gestion d’horaire en fait. Des fois il y a l’espèce de légende que les musiciens sont tous désorganisés et tout croches, mais si tu veux make it, non, ça ne peut pas être comme ça. C’est des agendas très serrés je te dirais!
Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Sarah : J’ai pas vraiment de question, mais j’aimerais passer un message. Est-ce que ça se peut…? :
Encouragez vos bands locaux. Allez voir des shows un mardi soir. Payez vos billets en prévente. Soyez ouverts à ce qui se passe dans votre cour. Avec NOBRO, ça fait six ans qu’on roule à Montréal, mais notre crowd locale s’est révélée seulement quand on s’est mises à faire des tournées d’envergure et à faire des grosse salles. Svp, gardez les oreilles et les yeux ouverts sur ce qui se passe chez vous, consommez local!
MUSICAL :
1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Sexe, drogue, ceri$e$ & rock n’ roll – Jérôme 50
You’re still the one – Shania Twain
Simon Kearney, Comment debord, P’tit Belliveau
I’m holding on to love – Shania Twain
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