un magazine web axé sur la culture d’ici

On vous présente : Louis Venne

Louis Venne et la beauté des choses impossibles


© Louis Venne, crédit photo de Camille Gladu-Drouin

Par : Myriam Bercier

MatTv.ca vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous faire découvrir des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, on célèbre la 60e chronique avec Louis Venne.

Louis Venne, de son vrai nom Louis-Philippe Robillard, est un auteur-compositeur-interprète franco-ontarien. Il lance son premier album, Le café des oiseaux, en janvier 2010, avant de prendre une pause de près de dix ans. Avec cet album, Louis Venne, alors sous son vrai nom, remporte plusieurs prix Trilles d’or, le prix André « Dédé » Fortin de La Société Professionnelle des Auteurs et des Compositeurs du Québec (SPACQ), qui vise à récompenser des auteurs-compositeurs-interprètes émergents. Il remporte également le prix Song from the heart du Conseil des festivals folk de l’Ontario en 2010. En 2019, il remporte le prix ROSEQ à Contact ontarois, puis finalement, en 2021, il met la main sur le prix Artiste solo ou groupe rock/alternatif au Gala Trilles d’or.


© Louis Venne, crédit photo de Camille Gladu-Drouin

En 2019, il lance son plus récent album, Comme une bête dans les headlights, enregistré à Val-des-Lacs. Il y parle de distance et de la beauté des choses impossibles. Il sera nommé Trilles d’or trois fois, notamment pour Album de l’année. En 2021, il fait paraître une nouvelle mouture de cet album, avec en ouverture une reprise de sa pièce Plaine en duo avec Poulin, qui y prête son jeu de guitare et sa voix. Cette pièce traite de l’amitié, celle qui fait que tout le reste s’endure.

J’ai eu la chance de m’entretenir avec Louis Venne la semaine dernière. Nous avons parlé entre autres des chemins qu’a pris sa vie pendant les (presque) 10 ans qui séparent ses deux albums, comment il est revenu à son projet solo, son duo sur Plaine avec Poulin et les raisons derrière la deuxième mouture de cette chanson et de son album. Sans plus attendre, bonne lecture!

Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
Louis : Ça vient sûrement d’assez loin. Quand j’étais petit, mon père avait un ami qui grattait un peu la guitare autour des feux de camp quand on faisait des partys avec la famille et les amis. C’est de là que l’envie m’est venue. En vieillissant, j’ai eu ma première guitare, j’ai commencé à apprendre des chansons, à les jouer à mon tour l’été autour des feux.

Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire pour écrire des chansons?
Louis : Un peu tout et n’importe quoi. Je ne pourrais pas dire une chose en particulier, je dirais que c’est tout ce qui fait notre vie. Tout ce qui se passe chaque jour, ce qui se passe dans ma vie, ce qui se passe dans l’actualité, ce que je vois, ce que j’entends.

Myriam : As-tu un processus de création? Si oui, lequel?
Louis : Je pense que mon processus de création s’est probablement plus défini au cours des dernières années, en ce sens où quand j’ai sorti mon premier album, j’étais très jeune, ça fait plus de dix ans. J’écrivais beaucoup de textes d’histoires, avec des personnages, un peu plus théâtral peut-être. Avec les années, je me suis dirigé vers quelque chose de plus personnel, plus intime. Ma démarche est passée par là, mais aussi par tout ce que je fais dans ma vie qui n’est pas directement de la musique : je suis aussi ébéniste, je travaille le bois, je fais différentes choses qui peuvent avoir un certain rapport avec l’art en général, je pense que ces choses-là font partie de ma démarche artistique aussi.

Myriam : Après ton premier album, qui avait été très bien accueilli, tu as pris une pause de 10 ans que tu as brisé en 2019 avec Comme une bête dans les highlights. Pourquoi avoir pris cette pause?
Louis : Parce que j’avais envie d’explorer d’autres choses, j’avais envie de faire d’autres choses, je n’avais pas envie de faire juste de la musique, tout de suite en tout cas. À ce moment-là, j’avais 20 ans quand Le café des oiseaux est sorti. J’avais envie d’explorer, de voyager, de voir le monde. Pendant ces 10 ans-là, j’ai fait beaucoup de longs voyages, d’expédition, j’ai été faire la formation en ébénisterie, j’ai eu mille et une jobines, plus bizarres les unes que les autres. J’ai fait plein d’affaires. Je ne voulais pas me cantonner dans un truc. Quand j’avais vingt ans, j’étais trop curieux et j’avais trop envie de faire des choses différentes. J’ai quand même continué de faire de la musique, j’ai eu des groupes, j’ai continué à écrire, j’ai fait du théâtre. J’ai continué dans ma pratique artistique, mais ce n’était pas mon seul et unique objectif.

Myriam : Qu’est-ce qui t’a fait revenir à ton projet solo?
Louis : C’est vraiment venu naturellement. Après un moment, j’étais dans un groupe pendant presque quatre ans avec des amis. Ce n’était pas mon projet, mais je m’étais remis à écrire des chansons à ce moment-là, ou du moins ça m’a poussé dans cette direction-là. Tranquillement pas vite, j’en ai écrit une, puis deux… Je me suis remis à composer pour moi-même, et avec un ami, François Petitpas, à Montréal, j’ai commencé tranquillement pas vite à aller enregistrer, il a un studio maison. J’ai commencé à enregistrer des chansons chez lui, on a fait des arrangements, puis de fil en aiguille, c’est devenu des chansons, on a trouvé d’autres musiciens. Finalement, après trois ans de ce processus, j’étais rendu avec assez de chansons pour faire un album, donc on s’est dit qu’on était rendu là, donc aussi bien le faire. Ce n’était pas planifié plus que ça.

Myriam : Y a-t-il quelque chose que tu aimerais changer dans ta façon d’être dans l’industrie musicale ou dans ta façon de gérer le tout pour ton 2e album?
Louis : J’ai envie d’être le plus clair possible. C’est encore parfois difficile… J’ai envie d’être clair, que ce soit simple, que ça ne prenne pas toute la place non plus. C’est un truc qui me reste de ma longue pause : je fais beaucoup d’autres choses dans ma vie outre la musique, je travaille dans le communautaire à Montréal dans un organisme que j’adore. Je viens d’avoir un enfant. Il y a beaucoup de choses, et la musique fait partie du tout, j’ai envie que ça reste comme ça et j’ai surtout envie que ça continue d’être le fun, en fait. Ça, c’est la règle numéro un, je pense que c’est la chose la plus importante. Pour moi, la musique a toujours été du plaisir et de la liberté. J’ai vraiment envie que ça reste ça, c’est ça le plus important pour moi.
Myriam : Si je te comprends bien, tu veux que ta musique fasse partie du tout sans devenir le tout.
Louis : Oui, exactement, mais c’est tout est fluide dans la vie. À un moment donné, il y a des opportunités qui se présentent et peut-être que ça vaut la peine, peut-être que ça en vaut moins la peine. Je reste ouvert à tout ça. Je veux continuer de voir ça comme une partie du puzzle.

Myriam : Tu as offert une nouvelle coupe de cheveux à ta chanson Plaine comme tu l’as dit sur Instagram, en faisant paraître une nouvelle version avec Poulin, comment est-ce arrivé? Comment vous êtes-vous rencontrés?
Louis : On s’est rencontrés sur le tournage de mon clip Drift, avec Frédérique Bérubé. Poulin est une des amies de Fred, elle est venue lui donner un coup de main avec le tournage, on s’est rencontrés comme ça. J’aimais beaucoup son projet de musique, donc je ne sais pas, quand je me suis dit que j’aimerais ça revoir Plaine et la faire en duo avec quelqu’un, ça a poppé dans ma tête qu’il faudrait que ce soit Poulin et elle a accepté.

Myriam : Pourquoi voulais-tu donner une deuxième mouture à cette chanson particulièrement?
Louis : Je trouvais que c’était une chanson qui s’y prêtait bien, comme sur l’album elle est assez dénudée au niveau des arrangements, il n’y a pas un million d’instruments, c’est assez straightforward. Je trouvais que c’était une chanson qui se prêtait bien à être réarrangée.

Myriam : De tous les artistes que tu aurais pu choisir, tu as dit que Poulin a poppé, est-ce qu’il y a une raison, est-ce qu’il y a quelque chose que tu allais chercher dans cet artiste-là?
Louis : J’adore sa voix, de un, mais j’adore aussi son… c’est comme une Guitar hero, Poulin! (rires). Elle joue de la guitare en, comment dire? elle joue en crime, disons! J’avais envie que la version soit plus rock aussi, donc je me suis dit que ça allait être parfait, et effectivement, on a à peine répété, elle est arrivée, on a enregistré ça, et c’était chose d’un après-midi et c’était canné.

Myriam : Dans la même veine, tu as lancé une nouvelle mouture de ton album Comme une bête dans les headlights, pourquoi ne pas avoir attendu de faire un nouvel album ou EP et y ajouter la nouvelle version de Plaine, ou encore le lancer en single par exemple?
Louis : Parce qu’on a été arrêté dans notre élan avec la commercialisation de l’album quand la COVID est arrivée. On commençait à faire des spectacles, donc quand la pandémie a commencé, tout a arrêté. Quand on a eu l’idée de refaire une version de Plaine, on s’est dit en même temps : « pourquoi pas profiter du fait qu’on va ressortir Plaine pour en même temps remettre l’album sur les plateformes, reparler de l’album, pour qu’il y ait plus de gens qui aillent l’écouter. » C’était pour lui donner une deuxième chance, un second souffle.

Myriam : Qu’est-ce qui t’attend dans les prochains mois, dans la prochaine année?
Louis : Dans les prochains mois, on y va par mois quand même ces temps-ci avec la COVID et tout on n’est pas trop sûr, mais on a quand même un bel été qui s’en vient. Je m’en vais passer une semaine au festival de Tadoussac, pour faire des spectacles, participer à des ateliers d’écriture. Finalement, on va faire une petite tournée de deux semaines autour de la Gaspésie en première partie d’Alex Burger. Il y a aussi un spectacle aux Îles-de-la-Madeleine au début du mois d’août. C’est beaucoup plus que ce que je pensais qui allait se passer à la base. Très content que ça reprenne de ce côté-là.

Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Louis : On vous pose souvent des questions par rapport à vos expéditions. Quel est le lien réel entre celles-ci et ce qui vous inspire vos chansons? Mon inspiration est en général beaucoup plus reliée à nos modes de vie contemporains, sédentaires, routiniers et souvent angoissants plutôt qu’à l’exploration de territoires inconnus.

Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
En ce moment, Gigi L’Amoroso de Dalida

Ta chanson de rupture préférée?
Mélane, de Fred Fortin

Ta chanson d’amour préférée?
La chanson des vieux amants, de Jacques Brel

Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage?
Douance

Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Toutes les Romances sans paroles de Mendelssohn au piano

La chanson qui te rend le plus heureux?
Le Métèque, de Moustaki

Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup?
Klo Pelgag

La chanson qui t’obsède en ce moment?
Pigeons, de Les louanges

Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Nataq, de Richard Desjardins

Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
Rapport Météo, une nouvelle chanson