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Noir de Mike Ward: moqueur et grinçant

Le spectacle le plus « grand public » de Mike Ward

© François Daoust/MatTv.ca

Par Julie Côté

Encore impliqué dans l’affaire Jérémy Gabriel, alors que sa cause est en appel, on pourrait croire que Mike Ward s’est assagi avec son tout nouveau spectacle, Noir, dont la première médiatique s’est déroulée mercredi dernier. C’est tout le contraire, alors que l’humoriste nous a offert son meilleur spectacle en carrière. Je ne suis pas le genre de personne à employer des superlatifs comme celui-ci, mais dans ce cas-ci, c’est amplement justifié.

Avec une précision chirurgicale, il continue de tirer sur les sujets sensibles, comme le mouvement #metoo et les personnnes handicapées, mais jamais de façon gratuite, il est mordant, mais jamais méchant. «Moi, j’ai pus rien à perdre», a lancé le principal intéressé , après avoir reçu un bruyant accueil de son public. Soutenu par le fil conducteur de sa dépression de l’année dernière, AUCUN sujet n’est épargné.

Le premier numéro de la soirée, bien que sans surprise pour les fans de son podcast Mike Ward Sous Écoute, qui ont entendu quelques bribes de ce sketch, est l’un de ses meilleurs. Quelques jours avant la représentation, les médias ont reçu une demande de ne pas parler en détail des 10-15 premières minutes du spectacle. Donc, pour les curieux, il va falloir y assister. Comme mentionné précédemment, personne n’est à l’abri. Il enchaîne par la suite avec les affaires Salvail et Rozon. «Qui aurait cru, il y a un an, que c’était moi la meilleure personne du « show-business » québécois?», a-t-il questionné. Il en rajoute par la suite sur son incompréhension envers les pédophiles: «Moi, les enfants, je les blesse avec mes « jokes », pas avec mon pénis!».

Le spectacle prend un tout autre ton par la suite. Sophie Durocher lui a ironiquement reprocher de manquer d’audace en ne parlant pas de l’état islamique. C’est dans une très belle ironie qu’il fait un rapide survol de ce qu’il pense de tout cela. Probablement le numéro avec le moins de rires, qui semblait comme une justification un peu trop forcée. Il termine par la suite avec une note plutôt touchante en disant que son handicap à lui, c’est de pouvoir rire de tout, même de ce qui n’est pas drôle.

Par contre, Mike Ward reste Mike Ward, et ne cherche aucunement ici à s’adoucir. Bien que parfois inégal, Noir reste l’un de ses grand crus. On souhaite une longue vie à ce maître de l’humour salace.

Preach et Christine Morency en première partie

L’une des autres grandes forces de Mike Ward, c’est son ineffable désir de mettre la relève en valeur. C’est en tant que doorman au Bordel Comédie Club, le club dont Mike Ward est propriétaire, qu’Éric Preach a fait ses premières armes en solo. Avec sa carrure imposante, on s’attend à ce qu’il nous propose un certain genre d’humour, mais il nous amène ailleurs et c’est ça qui est intéressant. À ne pas confondre avec ce qu’il fait avec Aba and Preach, on est pas là.

Lors de la dernière édition du Festival Juste Pour Rire, aucun prix « Révélation » n’a été offert pour la première fois depuis longtemps. Mike Ward a pris les choses en main et a offert l’un de ses anciens trophées à Christine Morency.Ce prix est tellement important pour un(e) humoriste en début de carrière, c’est pour ça que j’ai décidé de continuer la tradition et de donner le prix moi-même», avait-il écrit sur sa page Facebook. Proclamant qu’elle a le casting idéal pour jouer une grosse lesbienne dans Unité 9, elle enchaîne avec une excellente anecdote sur son passage aux douanes. Dans ce court numéro, elle nous a fait rire à plusieurs reprises.

Crédit photo: © François Daoust/MatTv.ca

Texte révisé par : Marie-France Boisvert