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Nager pour danser à la piscine olympique

Dans les Abysses : le concert sous-marin

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©Parc Olympique

Par Sébastien Bouthillier

En accueillant un pool party gratuit, la piscine du Stade olympique devient un espace d’écoute inédit ce dimanche dans le cadre du Red Bull Music Academy.

Avec le système sonore conçu par le compositeur Joel Cahen, l’acoustique aquatique brouille la démarcation entre son et lumière.  Grâce aux haut-parleurs immergés exprès pour l’occasion, le corps entier vibrera au rythme de la musique avant que le baigneur entende parce que le son voyage quatre fois plus vite sous l’eau.  Dans l’eau, on entend par les os!

L’ombre de Détroit, ville en faillite abandonnée, imprègnera l’atmosphère.  La techno typique de cette ex-métropole de l’automobile inspire désormais une musique glauque, aux textures synthétiques, digne d’un film de science fiction.

Sur le bord de la piscine, le groupe Dopplereffekt (formé par Gerald Donald et To Nhan Le Thi) livrera une performance de sa musique émergeant des bas-fonds du Détroit abandonné par l’industrie depuis le naufrage économique.  Une musique lugubre découlant de la techno, qui suggère des machines dissonantes et un monde post humain. Une douche froide pour l’ouïe.

Comme l’effet Doppler explique le décalage entre l’émission d’une onde et la réception du signal sonore, la musique grinçante de Gerard Donald illustre la société perdue luttant impuissamment pour sa survie.  Ce musicien a aussi fondé Drexciya (avec James Stinson), à qui un autre DJ de Détroit consacre son set dimanche soir : Stingray, reconnu pour son électro inégalée aux microscopiques entortillements qu’il crée sans remords.

Gerald Donald refuse l’étiquette d’Afro-Américain futuriste, s’entoure de mystère, accorde peu d’entrevue, préfère l’anonymat…  Mais c’est un esthète que Kraftwerk inspire, les noms allemands de ses pièces, albums et groupes le révèlent.

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Enfin, le DJ Lorenzo Senni, réputé pour son style qu’il désigne comme de la musique transe pointilleuse, a créé une œuvre spécialement pour la soirée.

Pour ceux qui préfèrent rester au sec, d’autres haut-parleurs joncheront le bord de la piscine.

Dans les Abysses, le 23 octobre à la piscine du Stade olympique.

Texte révisé par : Marie-Claude Lessard