Une tragicomédie modernisée

Par Lucia Cassagnet
Mercredi soir à la Maison Symphonique, le Festival Mozart de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) continuait sa progression avec la présentation de l’opéra Così fan tutte de Mozart : le dangereux jeu de l’amour.
Sous la narration de Frédéric Desager, la salle comble a voyagé vers l’Italie du XVIIIe siècle.
En quelques lignes, l’opéra de Wolfgang Amadeus Mozart suit les traditions du genre en nous présentant une histoire d’amour, de trahison, de peine, de pleurs, de regret et de désir. Sous les manigances de Don Alfonso (Thomas Hampson), Ferrando (Matthew Swensen) et Guglielmo (Gustavo Castillo) font un pari pour prouver que leurs femmes leur seraient fidèles jusqu’à la mort.
Fiordiligi (Anna Prohaska) et sa soeur Dorabella (Michelle Losier), les fiancées des jeunes hommes, se veront donc ajoutées de force dans une magouille de Don Alfonso où elles termineront victimes d’une peine d’amour (et leurs fiancés aussi, d’ailleurs).
Comme dans toute histoire classique, les amours de jeunesse sont destinées à être malheureuses.
Mais, comme toute bonne tragicomédie, on s’en doute que le dénouement nous chantera « tout est bien qui finit bien » au nom de l’amore !
Une adaptation cocasse
L’opéra de Mozart a été joué pour la première fois il y a plus de 230 ans.
Comment révigorer une oeuvre authentiquement classique ?
L’équipe derrière cette production a su superposer le XXIe siècle à l’oeuvre de manière originale et créative, en gardant l’essence de Mozart bien vivante et le public agréablement surpris.

On a commencé par des costumes peu attendus : des robes modernes et une combinaison veston-pantalon pour Despina (Jenny Daviet) et des chandails de sport et des tuques de Montréal avec des fanny packs pour les garçons.
Ensuite, l’incorporation de téléphones intelligents peut sembler un méchant anachronisme pour n’importe quel historien, mais dans ce cas-ci, il ajoutait à l’élément de comédie et d’absurde à cette oeuvre où les thèmes sont lourds et le sérieux est dans le chant, dans les paroles du texte.
La juxtaposition de l’émotion chantée versus les délires des personnages sur la scène a ouvert la porte à certains personnages pour briser le quatrième mur à plusieurs reprises.

Que ce soit en interagissant avec le chef d’orchestre Rafael Payare ou par la présence du narrateur, qui, assis au côté de la scène sur un petit sofa, faisait à la fois office de personnage et de membre de l’audience, le spectacle venait nous chercher pour nous faire rire et nous donner l’impression de faire partie de l’histoire.
Ce spectacle était un beau défi pour les musiciens de l’orchestre qui devaient suivre les pauses, les soupirs, les intonations des chanteurs – ainsi que la baguette de Payare, évidemment – pour ajuster leurs notes avec les voix vibrantes.

Lorsque le choeur de l’OSM prennait part aux harmonies, c’était vraiment toute la beauté de l’opéra classique qui résonnait autour de nous.
L’interprétation du dramma giocoso en 2 actes sur le livret de Lorenzo da Ponte par l’OSM a été un franc succès.
Le spectacle est assez long, il dure environ 3 heures avec entracte, mais le temps passe tellement vite lorsqu’on est en bonne compagnie qu’on ne s’en est même pas rendu compte !

Une deuxième représentation a lieu le 25 avril, pour se procurer des billets c’est ici.
Crédit photo de couverture : Antoine Saito
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