Pour le bien, pour l’amour, pour le mieux
©Stéphane Couturier – photoclic/MatTv.ca
Par : Mélissa Thibodeau
Les Hay Babies trônaient sur la scène Ford mercredi dernier lors des FrancoFolies devant une foule de fans (anciens et nouveaux). Les FrancoFolies l’ont joué concept en programmant une série d’artistes acadiens cette journée-là. Tel un prélude à cette grosse boum acadienne qui s’annonçait avec la Soirée Acadie Rock (article à venir), on avait eu droit à des vitrines de Joey Robin Haché et de Menoncle Jason en fin d’après-midi. La soirée avait débuté avec le Gaspésien Guillaume Arsenault pour se poursuivre avec les formidables Hay Babies.
J’ai fureté les archives de ma mémoire pour me rendre compte que la dernière fois que j’ai vu le groupe dans un concert qui n’était pas un lancement était en 2014, au Club Soda, justement lors des FrancoFolies. Elles avaient sorti Mon Homesick Heart deux ou trois mois auparavant. Elles avaient remporté les Francouvertes l’année précédente. Les filles avaient le vent dans les voiles, quoiqu’une bonne brise ne cesse de les pousser depuis leur début en 2011.
Il y a beaucoup de choses qui se sont passées en trois années. J’ai quand même continué de suivre l’évolution des filles d’assez près, et leur deuxième long jeu La 4ième dimension (version longue) est un album que j’écoute avec grand plaisir, pas seulement parce que je les aime bien ces dames, mais parce que c’est juste that bon, comme on dirait par chez nous.
Et c’est, bien sûr, surtout cet album qui a été mis de l’avant lors de ces 50-60 minutes de musique. On a commencé en douceur (et un peu de théâtre) avec Tous les jours de la semaine, une pièce dans laquelle la protagoniste (interprétée ici par Katrine Noël) pense à son ex avec regret, l’implorant de revenir. On s’ensuit avec Motel 1755, le premier extrait de cet album qui est, dans mon livre à moi, une célébration de l’amitié et sur ma liste de chansons préférées à vie.
Il y a aussi Johnny Boy qui met de la puissante voix de Julie Aubé et dont les harmonies, qui me ramènent presque aux girls groups des années 60, font vibrer mes cordes sensibles. Deux sandwiches qui parle des plages en Acadie nous a été présentée avec des informations que Tourisme N.-B. oublie toujours d’inclure dans leurs guides de voyage.
Les deux prochaines pièces Pour le mal, pour l’amour, pour le mieux et But Now I Know sont principalement interprétées par Vivianne Roy (aussi connue comme étant Laura Sauvage). Ce sont également deux pièces que tu veux inclure dans ta liste de lecture de rupture amoureuse. Ou dans n’importe quelle liste de lecture, peu importe.
Le prochain bloc de chansons nous ramène dans les premiers enregistrements des Hay Babies. J’ai vendu mon char est toujours plaisante à entendre et à voir alors que les chorégraphies bien rodées de Katrine et Julie ajoutent bien à la mise en scène. La version de Horse on Fire (que l’on retrouve sur leur EP Folio) accélérée x5 m’a déroutée, mais finalement agréablement bien surprise.
Néguac and Back, que l’on peut entendre sur Mon Homesick Heart, me frappe en plein plexus chaque fois. Cette poésie interprétée par Julie Aubé relate avec regret la déchéance de certains villages au profit des plus grands centres. Il s’agit d’une réalité en Acadie mais aussi ailleurs.
Still Pareil, une autre chanson de rupture amoureuse et Parfois je me demande, dédiée à tous ceux qui vont travailler avec des gens qu’ils n’apprécient pas (un problème que Les Hay Babies n’ont pas en passant) sont deux autres bons moments où Vivianne se défoule pour son bonheur et celui de tous.
Après quelques instants où le banjo refusait de s’accorder justement (qui nous fait ressortir la blague « avez-vous déjà entendu une chanson où le banjo était « tuné »? », on termine ce set finalement avec Fil de téléphone, un extrait radio tiré de Mon Homesick Heart accueilli avec plaisir par la foule. Les filles invitent ensuite tout le monde à se rendre à côté pour la Soirée Acadie Rock qui commencera dans quelques minutes!
Les spectacles extérieurs ne sont pas toujours les meilleurs endroits pour apprécier la musique des artistes. Le son n’est pas toujours à point, il n’est pas toujours facile de se trouver un endroit pour autant bien voir qu’entendre les gens sur la scène. Mais malgré tout cela, il était aisé de voir à quel point le groupe prend toujours de la maturité. On l’entend sur l’album, mais Les Hay Babies sont électrifiantes sur scène. Après quoi, 500-600 spectacles, on apprend quelques trucs ou deux, mais elles restent toujours aussi naturelles.
Certains peuvent être déboussolés de voir leurs darlings troquer leur indie folk plus organique pour un son plus étoffé inspiré du rock 70s, etc. Pourtant, Les Hay Babies, malgré l’évolution de leur son grâce à l’ajout de musiciens solides (Kevin McIntyre aux claviers, Marc-André Belliveau à la batterie et Mico Roy à la guitare), ne renient jamais leur passé et ne perdent pas leur âme pour autant. En prenant de l’âge, leur art prend de la maturité également. Je le vois sur scène et je l’entends dans leur musique. Elles titillent mes sentiments toujours et peut-être même plus qu’à leur début. Je n’attendrai pas un autre trois ans pour les revoir en spectacle. C’est certain.
© Stéphane Couturier – photoclic/MatTv.ca
Texte révisé par : Annie Simard