Prestation magistrale d’Anne-Élisabeth Bossé!
Par : Marie-Christine Jeanty
La très attendue pièce Les gens, les lieux, les choses est présentée chez Duceppe depuis le 17 septembre. Il s’agit d’une traduction faite par David Laurin de People, Places and Things écrite par le dramaturge britannique Duncan Macmillan. Olivier Artau signe la très moderne et efficace mise en scène. Anne-Élisabeth Bossé nous souffle encore une fois avec son talent dans le rôle principale d’Emma. L’histoire d’une comédienne dont la vie bascule à cause de ses multiples dépendances. Le public suit sa trajectoire alors qu’elle entre dans un centre de désintoxication.
L’intrigue de la pièce se passe en deux temps. D’abord, Emma s’enfonce et refuse de coopérer tandis que, dans le deuxième, elle lâche enfin prise et semble mieux faire face aux tempêtes. La pièce nous amène évidemment dans des zones sombres de l’existence humaine (dépendances et leurs conséquences) mais nous amène également dans des zones plus lumineuses, rien n’est binaire. Les gens, les lieux et les choses, ce sont ces éléments perturbateurs, voire dangereux, qui incitent certaines personnes à consommer.
Autour d’Emma, les participants à la cure se dévoilent dans toutes leurs failles. Emma, pige dans sa force naturelle d’actrice et tricote une vérité qui lui sied, décochant au passage des flèches pleines de venin à ceux qui tentent de l’aider. Elle n’arrive pas tout de suite à faire face à sa réalité. Caustique à souhait et fuyante comme il se doit, Anne-Élisabeth Bossé irradie sur scène. À ses côtés, Maude Guérin est à la fois d’une justesse et d’une efficacité, alternant les rôles en un claquement de doigts : elle est tantôt la docteure, tantôt la thérapeute ou la mère. Dans le rôle de Tom, participant à la cure que les mensonges d’Emma n’émeuvent guère, Charles Roberge nous a ébloui avec sa performance qui laisse présager un bel avenir pour lui.
Contrairement à d’autres, cet incursion dans l’esprit de ceux et celles qui cherchent à sortir la tête de l’eau et à faire face sans artifice autant que possible à leurs démons, nous a émue. Les effets d’éclairage percutants signés Keven Dubois doublés de la présence autant en solo qu’avec le groupe du danseur Fabien Piché nous vraiment fait ressentir le tourment qui habite Emma et c’était même une très poétique incursion dans la peau d’un junkie en plein voyage hallucinogène. À voir chez Duceppe jusqu’au 12 octobre.
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