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Le Sacre du Printemps

Littérature augmentée

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Par Maxime D.-Pomerleau

À MatTv.ca on aime le journalisme un peu champs gauche, celui qui nous fait découvrir des initiatives directement sorties de l’underground montréalais. Aujourd’hui je me penche sur Le Sacre du Printemps, une nouvelle revue littéraire subversive et impatiente éditée en ligne. Je me suis entretenue avec Jean-Pascal de la France, rédacteur en chef et co-fondateur de cette publication singulière, en décembre dernier, pour le lancement de la première revue sur le thème Futurisme, mais pas trop.

J’ai laissé quelques segments de l’échange questions-réponses tels quels parce qu’ils sont savoureux et aussi parce qu’ils donnent une excellente idée de l’esprit déjanté dans lequel cet espace de création dédié à la relève évolue.

« Le Sacre du Printemps c’est une tribu. Le choix du nom procède d’une illumination et des sons de flûtes de Stravinsky. On veut évoquer le sang et le sacrifice de vierges. L’idée est venue d’une impulsion. L’objectif est de donner un espace à des auteurs au sang qui explose des veines. Ça, et déprogrammer les obstacles à l’intuition. Ça a été 48 mois de travail avant d’accoucher (sans sage-femme). On est pas mal fier. »

Avec une philosophie axée sur l’autonomie et la créativité, Jean-Pascal et ses acolytes Jennyfer Desbiens et Guillaume Mansour ont mis sur pied Le Sacre sans subvention, n’ayant aucun bagage spécialisé en littérature ou expérience professionnelle en édition; inscrivant un nouvel objet dans la lignée des produits culturels totalement indépendants. « Nous sommes de vulgaires imposteurs (et c’est peut-être mieux comme ça). »

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Quel type de publication faites vous et à quel type de public vous adressez-vous? « Pour le moment, un magazine numérique et éventuellement un site Internet de créations. Nous nous adressons aux analphabètes ou aux gens qui n’ont pas ni ordinateur, ni Internet. »Bref, ils s’adressent à tous les publics curieux de découvrir ce que la relève a à vous dire. Et ça rugit, ça grince des dents, ça n’a peur de rien. Les tripes sont sur la table, servez-vous.

Le Sacre ne fait pas d’appel de textes ouvert. Ce qui se retrouve dans l’édition trimestrielle du magazine se crée de manière collaborative avec les artistes et les auteurs approchés. « On se rencontre. On voit si ça clique. Et puis on s’échange tout ce qu’on a. Il n’y aucun critère de sélection sinon le fait que le courant passe ou non. »

La revue contient aussi des vidéos et des pièces musicales, qui augmentent l’expérience du lecteur et les dimensions de l’œuvre, par opposition à l’édition papier traditionnelle. La démarche artistique pour composer une revue est en apparence basique mais demande beaucoup d’implication. « On bouffe le thème, et on crée sur tout ce que ça nous donne comme effet. »Une fois pressé, évidé, desséché, on retrouve ce thème dans une version épurée, reconstruit et étrangement ordonné dans son ensemble. Le résultat est magnifique, trouble, déroutant; il change au gré des pages que les auteurs teintent de leur verbe et leurs images.

En terminant, avez-vous quelque chose à dire sur le milieu de l’édition? « YOLO LE MILIEU DE L’ÉDITION ! LET’S GO GANG ! hihihihi xxxx lolololol. Ensuite on a choisi l’édition numérique parce qu’on n’a pas d’ca$h. »Et parce qu’ils savent que leur auditoire a autant de cash qu’eux, on peut télécharger la revue en format pdf gratuitement.

Je l’avoue, Le Sacre du Printemps a l’air hermétique pour les non-initiés à la poésie et la littérature actuelle, dont je fais moi-même partie. Même si j’ai l’impression de ne pas tout comprendre, j’ai un immense respect pour ce type d’initiative originale. Ça prend du front pour se lancer dans un projet artistique aussi pointu, avec une proposition incongrue et audacieuse, d’autant plus que le secteur de l’édition en arrache en cette ère du numérique.

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Lancement du Sacre de l’Animal, vendredi 7 mars au bar Les Pas Sages. Splendeur et liberté au rendez-vous.