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La soeur de… Entrevue avec Claudette Dion

L’authenticité d’une dame de cœur

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© tele.ados.fr

Par : Johanne Mathieu

Le 6 novembre prochain sortira sur les tablettes la biographie de Claudette Dion, intitulée La sœur de, écrite en collaboration avec Jean-Yves Girard et publiée par Les Éditions La Presse. Bien qu’elle soit immanquablement la sœur de…, celle-ci a su forger et créer son propre destin : un destin où s’entremêlent passion, musique et entraide.

Pour l’occasion, MatTv.ca s’est entretenu avec elle.

Livrer sa vie : une question de courage

Claudette Dion se livre d’abord sur sa vie avant, pendant et après Céline, mais aussi sur son propre parcours de vie, un parcours de vie complet, riche et bien distinct : « À chaque fois que quelqu’un m’interpelle ou que quelqu’un me rencontre, on me demande, c’est comment d’être la sœur de Céline, t’es donc ben chanceuse d’être la sœur de Céline, c’est-tu vrai que t’es la sœur de Céline, alors je vais leur livrer ça aussi dans Claudette Dion, La sœur de… J’ai un parcours de vie particulier, je pense, et privilégié aussi. Je suis la sœur de, mais je suis aussi la fille de, je suis la femme de, je suis la mère de et la grand-mère de, mais surtout la sœur de. »

Mais s’attaquer à un tel projet demande du courage, courage qu’elle n’avait pas nécessairement. C’est Jean-Yves Girard qui lui a donné la confiance de livrer sa vie. « Je ne me faisais pas confiance pour l’écrire moi-même, cette biographie-là , je trouvais ça un peu prétentieux, de dire je vais raconter ma vie, pourquoi ta vie à toi particulièrement, et lui m’a convaincue que c’est particulier, d’abord, d’être dans une grande famille comme la nôtre. Il m’a dit : ″Claudette, t’as fait ta marque, t’es chanteuse, toi aussi, t’es allée à  l’Olympia de Paris. C’est quoi qui te manque pour écrire ta vie, là, t’as tout ce qui faut pis c’est incroyable, ton parcours de vie.″ »

Son talent d’écrivain, son écoute et sa sensibilité l’ont aussi incitée à collaborer avec lui. « J’ai lu la biographie qu’il avait faite avec France Castel et je me suis dit : ″Wow, wow″. Il avait confiance en qui j’étais, il avait confiance que le lecteur, étant donné que c’est lui qui a cette expérience-là , lui savait que le lecteur serait ravi d’une telle transparence et d’une telle authenticité. »

Mais il n’est pas toujours si facile de rentrer en plein cœur d’un tel sujet, d’écrire sa biographie, surtout quand notre sœur s’appelle Céline Dion. « J’ai eu au moins à  trois reprises des gens qui m’offraient d’écrire, pis ils me disaient : ″Comment vous voudriez que ça s’appelle?″ Le titre d’un livre, ben, Ma vie, ou je sais pas. Finalement, c’est en France qu’ils m’ont dit : ″Pourquoi vous rentrez pas directement dedans?″ Tout retournait vers elle. Je pense que ça allait de soi, c’est tellement vrai, c’est tellement présent dans nos vies que je pense qu’au lieu de l’ignorer, je pense que c’était sage d’y aller avec ça. »

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© Les Éditions La Presse

Céline et… Claudette

Il y a la présence de Céline, dans ce livre, mais il est aussi beaucoup question de Claudette, la femme, celle pour qui l’amour des enfants est plus fort que tout. « Dans mon histoire, y’a pas qu’elle. Claudette Dion, pour moi, d’abord, je suis, je pense être née mère, je me vante de ça. Je vibre à tout ce qui est, que ce soit le langage des enfants, leurs sourires, leur attention, leurs petites mains autour de toi. J’ai été puéricultrice dans la vie, et c’est pas pour rien. J’aurais passé ma vie là, auprès des enfants. J’avais pas d’autres rêves que ça, je suis passionnée par les enfants d’abord, et c’est pour ça que j’ai pas choisi d’être une chanteuse. »

La chanteuse qu’elle est a tout de même réussi à se tailler une belle place dans le domaine artistique. « Quand tu sais chanter, les gens sont au rendez-vous, c’est un don que tes parents t’ont donné, je me dis : ″On as-tu assez une belle vie!″ Chanter, ça, ça a été un cadeau de la vie. Quand tu pars de Charlemagne à chanter à l’église toute petite, pis que tu te ramasses à chanter à l’Olympia de Paris, si c’est pas ça avoir un beau destin dans la vie là, pis ça, c’est grâce à tes parents… »

Altruiste, toujours près des gens et présente pour les autres, la sœur de la célèbre Céline est aussi d’une générosité sans bornes, toujours disponible pour les autres. C’est elle la porte-parole de la Fondation maman Dion, qui offre une aide aux enfants et familles en difficulté au Québec. « Je suis vraiment à ma place à la Fondation maman Dion. Je suis aussi à la Maison des soins palliatifs Adhémar-Dion, parce que l’être humain qui est dans ses derniers jours de vie est aussi fragile qu’un enfant et je pense que c’est facile de leur faire plaisir aussi et de réaliser peut-être un dernier rêve, un dernier souhait ou de leur faire un gros câlin pis d’être présent pour eux et de les écouter. »

En plus d’être toujours prête à venir en aide aux autres, la famille est primordiale pour cette mère de quatre enfants et grand-mère de huit petits-enfants, famille qui lui apporte beaucoup de bonheur. « Mes quatre enfants sont en santé mentale, physique. C’est des bons parents, ils m’ont donné huit petits-enfants, je capote. Vraiment, là, ça, c’est la cerise sur le sundae. Quand mes enfants ont besoin de moi, j’essaie d’être le plus disponible possible. Fait que je vais chercher aussi tout cet amour-là, en rendant service à mes enfants. J’ai un bel échange. »

Selon Claudette, la mission de Céline est de rendre les gens heureux. La sienne rejoint assurément celle de sa célèbre sœur. « C’est peut-être à une autre échelle, moi, je pense que c’est au quotidien. Je n’ai pas de plan de carrière qui fait que je suis trop loin de mon bonheur, parce que je suis proche de mes enfants. J’essaie d’être disponible le plus possible, c’est ça qui me rend heureuse, pis quand on prépare des évènements pour aller chercher de l’argent pour envoyer les enfants à l’école, je me dis, on a encore réussi. Les gens nous disent oui facilement, pis aider les enfants démunis à aller en classe avec leurs sacs, leurs lunettes pis un peu de linge neuf. Ça, c’est notre fierté là, à travers le Québec, c’est pas rien non plus. »

En portant ce célèbre nom, Claudette Dion fait en sorte de redonner au suivant et de rendre les autres heureux. « En partageant. On a reçu beaucoup de nos parents, on a reçu de beaux exemples. On a reçu un don aussi. Alors, je m’en sers. »

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© gettyimages.com

Quand la musique est bonne…

Chez les Dion, oui, la musique est bonne, et la musique sonne, sonne, sonne… « J’aime toutes les musiques. Que ce soit indien, que ce soit quelqu’un qui chante a capella, que ce soit un quatuor, j’écoute le jeu des voix, les voix basses, ça m’émeut la musique, ça vient me chercher jusque dans mes tripes, je ne savais pas ça avant parce que je me permettais pas d’en écouter tant que ça. À la maison, t’as pas le temps vraiment, mais je savais pas à quel point ça me rendait heureuse. D’en faire, c’est déjà un bonus, mais surtout d’en écouter, ça, c’est un privilège exceptionnel et je me l’accorde. »

Musicalement, Claudette Dion est une femme de talent, de passion et de projets. Elle a d’ailleurs été marraine pour L’étoile des aînés, un concours qui s’adressait aux 65 ans et plus, mais un projet qu’elle a dû abandonner cependant en cours de route. « J’ai été quatre ans marraine de ce projet-là, j’ai fait le tour du Québec à plusieurs reprises, et j’étais sur le point de devenir marraine à travers le Canada. J’ai déjà vu un harmoniciste jouer la magnifique chanson Souvenirs d’un vieillard et faire pleurer une salle de 400 personnes… C’est tellement émouvant, du monde qui ont du talent et qui le partagent avec d’autres, c’est ce que j’ai vécu à travers L’étoile des aînés et ça, n’importe quand, on me demande de rembarquer là-dedans, c’est sûr que c’est oui. »

D’autre part, elle fait aussi partie du projet musical Le studio de la relève, qui touche cette fois les jeunes au secondaire. « Ça n’a pas pris vraiment naissance encore, mais je les aide beaucoup et c’est des gens du secondaire. Les professeurs, de plus en plus, les obligent à écrire, peu importe. Parce qu’ils ont perdu un peu l’écriture, on s’entend, avec Internet, avec tout ça. Écrire, c’est une belle thérapie. Ils travaillent presque pendant un an, et juste le fait du départ d’écrire deux lignes, et ça devient deux paragraphes, et ça devient deux pages. Le processus d’écriture qui devient une chanson. Alors, c’est en train de prendre naissance. »

Femme de musique, à quoi s’intéresse Claudette Dion, musicalement parlant chez les autres artistes? Quels sont ses coups de cœur? Car la chanteuse cherche toujours à bonifier son répertoire et à le garder à jour. « J’écoute Zaz beaucoup. J’écoute aussi Laurence Élie. Elle a un beau p’tit son de guitare, ses textes sont intelligents. Ça s’appelle Plus peur, la toune que j’ai appris dernièrement. Puis Zaz, ben, Si jamais j’oublie évidemment. »

Lorsqu’elle fait la tournée des festivals d’été, elle reprend aussi de plus vieux morceaux. « J’ai repris aussi Mille après mille, tu vas me dire que c’est vieux, mais c’est l’hymne national du country, Mille après mille, mais en même temps j’ai comme inséré La vie en rose à travers ça, que personne voit venir, et je reprends Mille après mille pour finir. C’est mon chef d’orchestre qui m’a dit ″Viens entendre ça, ce que je t’ai fait, Claudette…″ Moi, je trouve que c’est un bijou. »

Elle s’est aussi commise à écrire deux chansons cette année : 130, Notre-Dame de l’amour, « parce que c’est vraiment l’adresse de l’endroit où on a tous grandi à Charlemagne » et Quand, une chanson qui parle de sa mère. « C’est Luc de la Rochellière qui m’a aidée à l’écrire, je lui ai donné à peu près ce que je voulais qu’il dise, j’ai écrit à peu près quatre pages, il m’a dit : ″J’ai tout ce qu’il faut pour faire une toune.″ »

La chanteuse se laisse aller à ce qu’elle aime, que ce soit avec Coup de chapeau, de Ginette Reno, avec Nicole Martin, qu’on ne voit pas assez souvent, selon elle, et même avec du Hart Rouge, avec Tous ces souvenirs, une chanson moins connue. Et elle se plaît à mettre ces morceaux au goût du jour et à les insérer dans ses spectacles.

En parlant de sa biographie, Claudette Dion croit sincèrement que ça aidera tous ceux qui ont un rêve : « Peu importe qui on est dans la vie, je pense qu’il faut prendre notre courage à deux mains pis faut se faire confiance et y aller. »

Qu’on lui parle, qu’on la lise ou qu’on l’écoute chanter, Claudette Dion sait sans aucun doute se livrer aisément et nous parler de sa vie avec générosité et authenticité. En plus d’être une artiste complète, c’est une vraie dame de cœur.

Texte révisé par : Annie Simard