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La chronique littéraire : On meurt tous d’avoir vécu

De vie à trépas

Crédit photo : Renaud-Bray

Par : Johanne Mathieu

Avec On meurt tous d’avoir vécu, Karine Vilder, chroniqueuse littéraire pour le Journal de Montréal, en est à son premier roman. Publié chez les Éditions Stanké, celui-ci nous invite à faire une immersion totale et déjantée dans l’univers de la mort.

New York, 2009. Louky Crapo a passé près de vingt ans à rédiger pour la Free Press Agency et il a enfin décroché le poste qu’il convoitait tant à la section Nécrologie. À un moment, il se voit contraint de prendre six jours de congé, alors que son travail est tout ce qui le rend heureux et lui permet de se sentir bien. Durant ces quelques jours, Louky se découvrira un don étrange, qui va complètement changer sa vie. Un don qui aura une incidence sur les gens qui l’entourent. D’abord étonné et incrédule de posséder ce certain pouvoir, il ouvrira une « boîte de Pandore » qu’il ne pourra plus refermer…

Charles Manson a été le seul
à me prédire un plus noir destin.

© Éditions Stanké/Julia Marois

Dans cette histoire imaginée par Karine Vilder, le personnage de Louky Crapo nous fait plonger dans l’univers de la mort, qui est son quotidien, et pour tout dire, toute sa vie. À la Free Press Agency, il est en charge de la section Viandes froides et notices nécrologiques. Le premier terme ne désigne non pas le domaine des charcuteries, mais plutôt les rubriques nécrologiques de célébrités, longtemps rédigées à l’avance et préservées « au frais » jusqu’au décès de celles-ci. Et après toutes ces années passées à la Free Press, voilà qu’il découvre ce don étrange qui lui confèrera du pouvoir… sur la vie des gens. Animé au départ de bonnes intentions, Louky se laisse emporter par des penchants plus noirs. Il est d’ailleurs assez lucide à ce sujet : « Le cours de l’Histoire l’a maintes fois démontré : donnez du pouvoir à un individu lambda et vous le verrez rapidement en abuser. »

En parallèle à cela, le protagoniste se dévoile et nous parle de son parcours atypique, lui qui a côtoyé très tôt la mort et ses cadavres. La mort est par ailleurs partout dans ce roman. Celui-ci regorge ainsi de nombreuses informations – souvent farfelues – sur ce qui peut amener les gens à passer de vie à trépas. Par exemple, le nombre de personnes qui perdent la vie en tombant du lit ou celles qui décèdent après s’être mordu la langue. L’auteure nous remémore aussi la mort de plusieurs célébrités (Michael Jackson, Lady Di, Tom Clancy ou Paul Walker).

Mais qu’il s’agisse de l’intrigue ou de toutes ces données détaillées sur la mort, ce livre n’a rien de lourd, de dramatique ou de très noir. On meurt tous d’avoir vécu est plutôt raconté sur un ton léger, humoristique, voire anecdotique. Un roman original qui vous procurera un très bon moment de lecture.

On meurt tous d’avoir vécu, de Karine Vilder (2022), Éditions Stanké, Montréal, 224 pages.

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