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La chronique littéraire : L’habitude des bêtes

L’homme pas si loin de la bête

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© twitter.com

Par : Johanne Mathieu

Dans la réserve faunique, les gens sont aux aguets : les loups sont revenus et ils dérangent. Leur présence est menaçante. Il y a deux meutes dans la montagne. Mais il y a aussi deux clans qui divisent le village : ceux qui sont pour la chasse et veulent nettoyer la montagne, et ceux qui sont contre. Les loups laissent des traces, mais ils laissent aussi des empreintes dans les esprits. De vieilles blessures et de vieilles guerres refont surface. Il y a bel et bien des loups dans la bergerie, mais pas toujours ceux que l’on croit…

Dans L’habitude des bêtes, publié par Boréal, Lise Tremblay se questionne entre autres, par l’entremise de ses personnages, sur ce qui amène les gens à changer. À commencer par le narrateur, Benoît, un homme qui devient bon par le seul contact de son chien, Dan. D’autres personnages, que ce soit Rémi, Mina ou Carole, ont, eux aussi, subi des transformations. À leur façon, chaque personnage est différent de celui ou de celle qu’il était avant. L’auteure y aborde aussi la mort, qui rôde partout à travers le roman, et qui est une bête en soi. Une bête dont il faut arrêter d’avoir peur, qu’il faut réussir à accepter et à apprivoiser, pour ainsi « mourir tranquille ».

On voit aussi qu’au final, les humains sont comme les loups. Ils se jaugent, ils se jugent, ils n’aiment pas les nouveaux venus, ils forment des clans. Les gens peuvent être durs entre eux et acceptent difficilement un membre de plus dans leur communauté. Ils vivent en meute et se protègent. Et les uns sont parfois la bête noire des autres.

image© Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

L’habitude des bêtes est un récit empreint d’émotions, où l’on sent et on ressent la présence tangible de la nature. Lise Tremblay en a d’ailleurs fait son milieu de vie. Son écriture est subtile, tranquille et sans fioritures. Même dans les émotions les plus fortes, tout est dit avec douceur. Mais tout l’éclat de cette œuvre se retrouve justement là, dans cette histoire bien tissée qui coule bien. Un livre à découvrir, tout simplement.

Texte révisé par : Marie-France Boisvert