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La chronique littéraire : Le goût de l’élégance

Un destin détourné de sa trajectoire

© www.editions-libreexpression.com

Par : Johanne Mathieu

Au détour du destin, la vie nous amène parfois à changer brusquement de trajectoire. Ce destin détourné peut alors donner l’occasion de repenser complètement sa vie, de la réinventer. Johanne Seymour propose ici Le goût de l’élégance, paru aux Éditions Libre Expression. Une œuvre douce, empreinte d’humanité, qui fait du bien à l’âme.

Depuis un certain temps déjà, Simone Vendredi laisse sa vie suivre le cours des petites violences et de haine du quotidien. Amours, amis et connaissances se sont éclipsés. La lumière s’est peu à peu éteinte en elle. Employée dans un commerce, elle arrive en retard à son travail par un matin de pluie torrentielle, en raison d’une explosion survenue sur la rue. Son patron la congédie. « Un jour, tu te lèves, et ton destin prend une tournure inattendue. » Par la fenêtre de l’autobus, alors qu’elle est sur le chemin du retour, Simone aperçoit une petite annonce au bas de la vitrine d’une librairie, qui l’interpelle et la détournera des pensées sombres qui la submergent, qui l’éloignera de l’irréparable. Cette succession récente d’événements transformera toute son existence et lui fera vivre sa plus grande aventure. Elle l’ignore encore, mais Vendredi dérivera à la rencontre de son Crusoé…

Avec ce neuvième roman, Johanne Seymour délaisse le polar pour nous livrer une fable des plus contemporaines qui porte sur la recherche de soi, mais aussi sur la nature humaine, sur la capacité à évoluer dans un monde rude et insensible, où souvent le moindre prétexte sert à injurier ou à détruire, où la beauté et la poésie sont disparues pour laisser place à toutes ces petites violences invisibles que l’on peut subir dans la vie, les indélicatesses, les gestes méprisants, les remarques blessantes. Malgré sa part d’ombres, ce récit démontre que la poésie peut réapparaître alors qu’on ne l’attendait plus, et c’est ce qui arrivera au personnage de Simone. Celle-ci a le goût de l’élégance, et dans cette aventure, alors qu’elle s’est laissée envahir par la noirceur, elle sera amenée à renouer avec l’élégance des mots, l’élégance des liens, à redécouvrir la beauté de la vie. Elle se rendra compte qu’elle peut choisir les couleurs qui teinteront son existence.

Dans cette œuvre, Johanne Seymour fait danser la poésie au fil des pages, et célèbre la compassion, l’empathie et l’harmonie. Fable faite de lumière et d’espoir, réflexion touchante, œuvre où domine une force puissante et positive, l’auteure offre aux lecteurs l’un des meilleurs livres de l’année.

Le goût de l’élégance de Johanne Seymour (2020), Éditions Libre Expression, Montréal, 168 pages.

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