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La chronique littéraire : Cupidon a des ailes de carton

S’éloigner pour mieux aimer

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Par : Johanne Mathieu

L’amour crée souvent l’extase, le bien-être et le bonheur, mais peut avoir l’effet inverse, car la route pour l’atteindre pleinement est parsemée de questionnements et de doutes. Comment aimer mieux l’autre? Peut-on améliorer sa capacité à aimer? Mais surtout comment parvenir à s’aimer soi-même? À l’instar de son personnage, Meredith, Raphaëlle Giordano nous invite à une introspection et à faire un tour de l’amour, mais également un tour du nous, et surtout, un tour de nous-mêmes dans son roman Cupidon a des ailes de carton, paru chez Édito.

Meredith aime Antoine, et Antoine aime Meredith. Depuis qu’ils se sont rencontrés, entre les deux, c’est le coup de foudre. Pourtant, elle ne se sent pas prête pour le grand amour. Le sera-t-elle jamais? Comédienne en devenir, elle souhaite devenir quelqu’un et se réaliser pleinement, mais ne sait que trop bien qu’elle n’en est pas là. Tant qu’elle n’aura pas ce sentiment d’accomplissement d’elle-même, Meredith ne pourra s’engager pleinement avec Antoine, car elle ne se contentera pas de n’être que « la femme de ». Elle veut aussi que leur histoire évite les mauvais pièges de Cupidon. C’est pourquoi elle veut entreprendre un tour de l’amour et lance un ultimatum à Antoine, qu’il devra respecter. Elle se donne six mois pour être prête à s’engager pour de bon avec lui, mais pour cela, ils devront couper les ponts pendant tout ce temps. Meredith sait qu’elle joue la plus merveilleuse relation qu’elle ait connu jusqu’ici, mais elle prend ce risque. Mission perdue d’avance?


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Voilà un troisième roman pour  Raphaëlle Giordano, et encore une fois, l’auteure continue d’aborder son thème de prédilection, l’art de transformer sa vie pour trouver le chemin du bien-être et du bonheur. Et elle y réussit bien, de façon originale. Le personnage de Meredith veut s’affranchir et ainsi éviter que son bien-être et son bonheur ne dépendent uniquement du personnage d’Antoine. Le défi pour elle est d’aimer, mais aussi de se trouver elle-même. L’auteure aborde l’amour, ses différents chemins pour y arriver et ses différents points de vue, en donnant la parole non seulement à Meredith, mais aussi aux autres personnages qui gravitent autour d’elle. On peut prendre la principale antagoniste pour quelqu’un d’excentrique, mais on finit par comprendre sa démarche et croire en celle-ci. En surface, l’auteure utilise la légèreté, mais le roman est très loin d’être superficiel. Un roman qui nous amène à réfléchir et à nous questionner sur ce que nous voulons vraiment, par rapport à nous-mêmes, mais aussi par rapport à l’autre. À la toute fin, l’auteure nous invite à revivre l’expérience de Meredith, en tenant un journal amoureux pour nous faire cheminer vers notre propre capacité à aimer et à améliorer celle-ci. Inspiré et réussi.  

Cupidon a des ailes de carton, de Raphaëlle Giordano (2019), Éditions Édito, Montréal, 448 pages.

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