un magazine web axé sur la culture d’ici

La chronique littéraire : Asymétrique

Valérie Jessica Laporte signe la suite de Méconnaissable

© editionslibreexpression.groupelivre.com

Par : Johanne Mathieu

Son premier roman, Méconnaissable, a valu à Valérie Jessica Laporte d’être lauréate au Festival du premier roman de Chambéry. Trois ans plus tard, elle nous revient avec la suite, Asymétrique, publiée chez Libre expression.

Après avoir effectué une fugue épique, la narratrice de cette histoire, autiste et maintenant préadolescente, habite désormais avec son père qu’elle surnomme « père-clé ». Depuis sa fugue, elle s’est réfugiée dans un mutisme qui s’éternise. Mais tout cela va changer à l’instant où elle empêche un incident de justesse et consent ainsi à fabriquer à nouveau des mots sonores.

À partir de ce jour, elle s’efforcera de synchroniser tête, corps et liens. Son père l’aidera à entrer en relation tant avec les humains qu’avec sa propre enveloppe. Son apprentissage lui démontre notamment qu’elle possède des habiletés insoupçonnées. Mais celui-ci sera également parsemé d’épreuves et culminera avec une prise de conscience bouleversante.

C’était récent, ce sentiment de fierté de père-clé lorsqu’il observait sa fille. Elle avait peut-être perdu la parole jusqu’à aujourd’hui, mais elle avait gagné quelque chose de nouveau, de fort.

© Hélène Claveau/editionslibreexpression.groupelivre.com

Asymétrique est d’abord un roman sur la résilience et l’espoir. Malgré la réalité qui entoure la préadolescente autiste, malgré sa différence, l’ouverture de crée autour d’elle. En fait, au fil des pages, on assiste à son éclosion. Et cela commence avec l’ouverture que lui démontre son père, cet homme patient qui n’a plus rien du « personnage secondaire » qu’il occupait jusque-là. Les deux protagonistes s’apprivoiseront progressivement, une compréhension mutuelle se développera entre eux. Cette relation père-fille est l’une des raisons qui fait la magnificence de ce roman.

Cette ouverture est ainsi le début de quelque chose de nouveau. Le début d’une reconstruction, le début d’une liberté d’être, même si une ambiguïté persiste quant à la façon dont la narratrice veut exister. En plus de découvrir de nouvelles vocations qu’elle ne se connaissait pas, la jeune fille découvre le plaisir de parler, l’entraide et l’amitié, ce qui l’amènera entre autres à parfaire sa technique de fabrication de liens. Elle qui recherche tant la symétrie, elle trouvera un bel équilibre dans cet élan vers les autres, mais aussi vers elle-même. Elle dira : « Beaucoup d’éléments sont arrivés au bon moment dans cette histoire. »

Mais cet équilibre est précaire et tout peut basculer à tout moment. Ses propres limites, mais aussi celles des autres, se présenteront à elle de façon abrupte.

Malgré cet aspect plus sombre de l’histoire, Valérie Jessica Laporte démontre que la différence n’empêche en rien de surmonter les défis, de s’accomplir, mais surtout, cela n’empêche en rien d’être qui nous sommes. Un roman très touchant et très humain sur la beauté des liens que nous nouons, sur l’ouverture à l’autre, la compréhension et le pardon.

Asymétrique, de Valérie Jessica Laporte (2023), Éditions Libre expression, Montréal, 216 pages.

Vous pourriez être intéressés par cet article :

La chronique littéraire : Méconnaissable