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Inoubliables Aurores orchestrales : Elisapie et l’Orchestre Métropolitain

Quand le ciel nordique réchauffe les coeurs à la Maison Symphonique

Crédit photo : Sylvain Légaré

Par : Annie Dubé

C’était un dimanche après-midi pas comme les autres à la Maison Symphonique, le 24 septembre dernier, lors du concert Aurores orchestrales de l’Orchestre Métropolitain, en compagnie de la chanteuse Elisapie et d’une énorme dose de magie.

Une lueur musicale qui brille loin dans l’univers

Accompagnée sur scène par les merveilleux chants de gorge et le mouvement du tambour de son amie Sylvia Cloutier, l’artiste inuit scintillait comme un oiseau lumineux dans le ciel de l’automne.

Crédit photo : Sylvain Légaré

Indescriptible, cette aurore boréale sonore a voyagé dans le cœur du public en suivant le chemin de nos oreilles attentives et accueillantes.

D’une vibrante puissance parfois inégalée, cette réunion entre l’orchestre du très vivant Yannick Nézet-Séguin, du Chœur Métropolitain et de ces deux femmes sublimes, donne l’envol à tous les possibles. C’est la démonstration sonore des cultures qui unissent leurs forces pour nous plonger dans la plus grande beauté humaine, avec une sensibilité indicible et sans équivoque. Un territoire au-delà des paysages.

C’était la première fois que je constatais en personne la vie qui anime le chef d’orchestre Nézet-Séguin. Contagieux, son bonheur amplifie chaque note de ses musiciens.

Des concerts comme ceux-là, c’est la voie de l’avenir. Et ça ouvre le chemin à l’aube de meilleurs jours. Précieux moment d’humanité.

Crédit photo : Sylvain Légaré
Crédit photo : Sylvain Légaré

Un hommage à la musicienne Lise Beauchamp

Crédit photo : Sylvain Légaré

Le concert a aussi débuté par un touchant hommage posthume à la hautboïste Lise Beauchamp, membre de cette grande famille qui n’a pas manqué d’émouvoir par son sourire, capté dans la mémoire de l’objectif d’une caméra. Une musicienne dévouée à son art, qui a laissé sa trace dans le souvenir de ceux qui la pleurent.

Daphnis et Chloé : un récit tout en musique et en frissons

En deuxième partie, nous avions droit à un autre paysage sonore, celui de la musique du ballet Daphnis et Chloé de Ravel. Allant d’une douceur ludique à un puissant coup de tonnerre, cette œuvre n’avait peut-être pas de chorégraphie pour l’accompagner, mais Yannick Nézet-Séguin semblait être en quelque sorte un danseur qui s’animait d’une fougue énergique.

On se dit qu’il n’a pas besoin d’aller au gym avec tous ces rebonds sur scène, muni de sa baguette magique.

Crédit photo : Sylvain Légaré

Le récit de cette légende antique, affiché sur un écran pour nous donner les grandes lignes de l’histoire, m’a fait réaliser comment depuis des millénaires, les personnages féminins sont des butins de guerre et des prix offerts aux gagnants. Loin de moi l’idée d’annuler l’Antiquité, évidemment, mais à lire que deux compétiteurs masculins se chamaillent dans un concours de danse pour épatée la jeune femme, et qu’on déclare que le vainqueur aura droit à un baiser de Chloé, je me suis dit : pauvre Chloé. Personne ne lui a demandé qui elle avait envie de frencher. Si elle avait le moindre désir d’embrasser un héros grec ce jour-là. Soupir mythologique.

Les origines de notre romantisme sacrificiel ne datent pas d’hier, et on finit presque par s’y habituer sans broncher, même si les choses progressent lentement dans les prises de conscience. Mais on ne changera pas l’Histoire des histoires d’un coup de baguette.

Les vrais héros de cette histoire épique, ce sont les musiciens qui lui donnent vie.

C’était un dimanche pas comme les autres, à la Maison Symphonique.

On espère que d’autres unions consenties entre les Premiers Peuples et les orchestres classiques donneront droit à de tels cosmos éclairants, entre les équinoxes et les solstices de nos époques.

Le concert sublime sera disponible par vidéo sur demande du 21 au 30 octobre 2022, ne manquez pas cette exploration d’un horizon des possibles, immense.

Crédit photo de couverture : Sylvain Légaré

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