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GRAMMY AWARDS : Retour sur la 61e cérémonie

Kacey Musgraves et Childish Gambino sortent grands gagnants 

Par Sara Avakian

La  61e édition des GRAMMYs, animée par la chanteuse Alicia Keys, a récompensé plusieurs artistes dimanche soir à Los Angeles. Retour sur cette longue soirée de la musique. 

C’est Kacey Musgraves qui s’est sauvée avec le très convoité titre d’Album de l’année pour son sublime album Golden Hour. Elle l’a ajouté à trois autres trophées de la catégorie country qu’elle avait remportés plus tôt dans la journée.

L’autre grand gagnant de la soirée est Childish Gambino (Donald Glover), qui a remporté les prix de Chanson de l’année (une première historique pour une chanson hip-hop) et Enregistrement de l’année pour This Is America. La chanson dont la vidéo est devenue virale dès sa mise en ligne s’est aussi méritée des récompenses dans les catégories Meilleur vidéoclip de l’année et Meilleure performance rap/chantée lors de la cérémonie d’après-midi. Glover n’était cependant pas présent pour accepter ses prix.

Le premier trophée de la soirée, celui pour Meilleure performance pop, duo ou groupe, a été remis à Lady Gaga et Bradley Cooper (qui était absent car il était à la cérémonie des BAFTAs en Angleterre) pour la chanson Shallow, écrite pour le film A Star Is Born.  Ce n’était pas le premier trophée sur lequel Gaga a mis la main pour cette chanson, et comme à chaque fois, elle a éclaté en larmes à l’annonce de sa victoire. Pendant ses remerciements, elle a profité de sa plateforme pour parler de santé mentale, implorant les gens à ne pas regarder ailleurs lorsque l’on voit quelqu’un souffrir.

Le GRAMMY pour Meilleure chanson rap a été remis au Canadien Drake pour God’s Plan. « Vous avez déjà gagné s’il y a des gens qui connaissent tous les mots de vos chansons », avait-il dit dans un discours qui a malheureusement été coupé par la production…

Cardi B a quant à elle restée bouche bée quand son album Invasion of Privacy a été nommé Meilleur album rap. C’était la première fois dans l’histoire qu’une artiste féminine remportait cet honneur en solo. Il s’agissait aussi d’un premier GRAMMY pour la rappeuse américaine.

Le prix pour Meilleur album R&B a été remis à la jeune et encore un peu méconnue artiste H.E.R, et Dua Lipa, à qui on doit les succès New Rules et One Kiss, a été couronnée Révélation de l’année.

Des performances, des performances, et encore des performances…

Comme d’habitude, la remise des prix  a été ponctué de (beaucoup trop de) performances. Au total, 18 numéros ont été présentés!

  • La soirée a débuté avec un énorme numéro théâtral aux sonorités latines mettant en vedette Camilla Cabello. Young Thug l’a rejoint pour un couplet dans les rues de la Havane, tout come Ricky Martin et le trompettiste Arturo Sandoval. J Balvin y était aussi pour chanter son hit Mi Gente.
  • Le Canadien Shawn Mendes a interprété son succès In My Blood seul au piano avant d’être rejoint par Miley Cyrus pour une explosive finale.
  • La princesse country Kacey Musgraves a captivé le public avec sa ballade Rainbow, un beau moment d’une frappante simplicité.
  • Tout en contraste, Janelle Monáe a poursuivi en interprétant son morceau Make Me Feel avec un groupe de danseuses aux costumes de latex dans un impressionnant segment à la production soignée.
  • L’excentrique Post Malone est monté sur scène pour chanter ses compositions Stay et Rockstar, qui elle était en lice pour le prix d’Enregistrement de l’année. Pour une raison qu’on ignore, il a été rejoint par les Red Hot Chili Peppers pour rocker sur Dark Necessities … un morceau du groupe datant de 2016.
  • H.E.R était accompagnée d’une chorale sur sa chanson Hard Place et leurs puissantes performances lui ont valu une ovation.
  • Le duo country Dan + Shay a chanté une version acoustique son single Tequila.
  • L’incomparable Cardi B en a mis plein la vue avec son succès Money, interprété dans un décor de velours capitonné contenant d’un piano recouvert de paillette et des danseuses.
  • L’un des moments attendus de la soirée était bien sûr la performance de Lady Gaga. C’est sans Bradley Cooper que la pop star a offert au public une performance rock de la ballade Shallow. Un choix audacieux qui a laissé plusieurs spectateurs un peu perplexes.
  • Le rappeur Travis Scott (avec James Blake, et Philip Bailey d’Earth Wind and Fire) a interprété Stop Trying to Be Good et No Bystanders. 
  • Brandi Carlile a offert une poignante performance de son single The Joke. Rapelons que la chanteuse au style americana était la femme la plus nommée aux GRAMMYs cette année avec six nominations. Elle a remporté trois trophées, tous lors du gala hors d’ondes.
  • St.Vincent et Dua Lipa ont fait équipe pour un medley très hot de Masseducation (sacrée Meilleure chanson rock dans l’après-midi), R-E-S-P-E-C-T  et One Kiss.

Une soirée riche en hommages

  • L’hommage à Dolly Parton était sans aucun doute l’un des moments forts de la soirée. Rassemblant Kacey Musgraves, Katy Perry, Miley Cyrus, Little Big Town, Maren Morris et Dolly Parton elle-même, ce segment nous a offert un superbe medley des pièces Here You Come Again, Jolene, After the Gold Rush, Red Shoes et 9 to 5. Même le très populaire groupe de K-pop BTS a été vu en train de hocher de la tête pendant cette performance. Un moment cocasse.
  • Plus tard, Diana Ross a eu son moment de gloire lors d’une performance-hommage. Après avoir été présentée par son adorable petit-fils, la chanteuse légendaire a fait son entrée vêtue d’une majestueuse robe d’un rouge éclatant, et a interprété The Best Years of My Life – un morceau approprié pour l’occasion – ainsi que Reach Out and Touch. Visiblement émue, Ross a quitté la scène en se souhaitant bonne fête, elle qui célèbre cette année ses 75 ans.
  • Si les hommages à Parton et Ross étaient réussis, les réactions sont divisées plutôt pour celui réservé au Motown. Mené par Jennifer Lopez (?) accompagnée par le fameux Smokey Robinson et Ne-Yo, ce medley de tubes motown est un peu tombé à plat.
  • Le duo de sœur Chloe x Halle a également rendu homage à Donny Hathawat avec une interprétation de Where is the love?.
  • La dernière performance de la soirée a été assurée par Yolanda Adams, Fantasia et Andra Day qui étaient réunies sur scène pour rendre hommage à la défunte reine du soul, Aretha Franklin. Leur puissante interprétation de (You Make Me Feel Like) A Natural Woman leur a valu un tonnerre d’applaudissements et une ovation debout bien méritée.

Alicia Keys relève le défi

On pouvait être incertains quand on a appris qu’Alicia Keys serait à la barre de l’animation des GRAMMYs, mais la chanteuse a bien relevé le défi. Son approche décontractée et amicale était très rafraîchissante, et surtout, son amour de la musique et des artistes était tangible lors de toutes ses interventions.

Au début de la soirée, Keys a invité quatre femmes à la rejoindre sur scène : Lady Gaga, Jada Pinkett Smith, Jennifer Lopez et l’ex-première dame des États-Unis, Michelle Obama. Cette dernière a d’ailleurs reçu l’accueil le plus chaleureux de la soirée. Chacune leur tour, elles ont récité leur ode à la musique.

Plus tard, Keys a repris quelques « chansons qu’elle aurait aimé avoir écrites » dans un excellent medley. On a pu entendre Killing Me Softly, Lucid Dreams, Unforgettable, Clocks, Use Somebody, Boo’d Up, In My Feelings, Doo-Wop … « Et enfin, tu écris la chanson que tu aimerais avoir écrite », a-t-elle dit avant d’entamer son hymne à la ville de New York, Empire State of Mind.

Who runs the world? Girls!

L’an dernier, la cérémonie avait fait les manchettes avec le mot-clic #GrammysSoMale quand seulement une femme avait remporté un prix en ondes et Lorde, la seule femme à être nommée dans la catégorie Album de l’année, n’avait pas eu la chance de jouer en solo comme les autres nommés. Le président de l’Académie avait également mis de l’huile sur le feu en affirmant que les femmes devaient simplement step up. En 2019, les GRAMMYS ont raconté une histoire différente.

Que ce soit au niveau des prix, des performances ou des nominations, il y avait une nette domination féminine dans tous les cas. Cette année, cinq des huit nommés pour Album de l’année et six des huit nommés pour Révélation de l’année étaient des femmes.

La Révélation de l’année Dua Lipa a été la seule à aborder ce point. « J’aimerais commencer disant que je suis honorée d’être nommée auprès d’autant d’artistes féminines incroyables », a-t-elle dit en acceptant son prix. « Je suppose que cette année, on a vraiment step up. »

Crédit (photo de couverture) : The Recording Acadamy / GRAMMYS