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Résumé du 31e Gala Artis 2016

Des habitués et de belles trouvailles

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 ©Benoit Rousseau / MatTv.ca

Par : Marie-Claude Lessard

Le 31e Gala Artis ne passera pas à l’histoire au chapitre des victoires inattendues, mais il a offert de nombreux moments touchants et inoubliables, notamment la maladresse attendrissante de Guylaine Tremblay, la tornade Martin Matte, les beaux malaises de l’animateur Guy Jodoin (chapeau pour la blague bien envoyée sur Sophie Grégoire-Trudeau!), les efficaces performances musicales et l’autodérision de Julie Snyder concernant son apparence physique et son divorce, sujets ayant hautement soulevé les réseaux sociaux il y a quelques semaines.

Pour débuter sa première animation de ce fort populaire gala du public, Guy Jodoin a misé sur une valeur sûre : prétendre être un espion à la James Bond dans une vidéo des Satiriques résumant les émissions marquantes de 2016. Puisque cette idée a été utilisée plusieurs fois lors de cérémonies précédentes, elle est tombée à plat rapidement cette fois-ci, souffrant d’un cruel manque d’originalité et d’innovation. Guy Jodoin s’est toutefois bien repris dans son monologue d’ouverture, se moquant allègrement de Pierre-Karl Péladeau, Lise Thibault et Nathalie Normandeau.

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La soirée a démarré en trombe pour Éric Salvail, qui s’est vu décerner le premier prix, soit le meilleur animateur de magazines culturels ou talk-shows. À peine une heure plus tard, il est reparti avec une seconde statuette, celle du meilleur animateur d’émissions de variété ou de divertissement pour Les recettes pompettes. L’artiste, ému par cette vague d’amour, a avoué en salle de presse qu’il ne regarde jamais ses remerciements le lendemain d’un gala, car il sait qu’il oublie toujours de mentionner l’apport de certaines personnes.

Comme il fallait s’y attendre, les stars de la comédie Les beaux malaises, Martin Matte et Julie Le Breton, ont encore triomphé. Quelle belle façon de clore cette magnifique et hilarante série qui bénéficiera d’une ultime finale d’une heure trente minutes prochainement! D’autres anciens lauréats incontournables se sont succédés sur la scène de la Salle Wilfrid­-Pelletier de la Place des Arts : Gino Chouinard (meilleure animation d’une émission de services), Pierre Bruneau (meilleur animateur d’un bulletin de nouvelles), qui a, par ailleurs, prononcé un touchant hommage à son feu collègue Jean Lapierre après un tout aussi émouvant montage des actualités phares de l’année, Guy Nadon (meilleur rôle masculin dans un téléroman [O’] ), Guy Jodoin (meilleur animateur de jeux [Le tricheur]), Denis Lévesque (meilleur animateur d’une émission d’affaires publiques) et Dave Morissette (meilleur animateur d’une émission sportive), qui a confié, après sa victoire, qu’il aimerait bien que les Capitals de Washington et les Sharks de San José s’affrontent en finale de la Coupe Stanley.

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Pour pallier ces sacres prévisibles (bien que mérités), des numéros musicaux percutants ont agrémenté la soirée. Brigitte Boisjoli (rebaptisée momentanément Charlotte Boisjoli par une fébrile Guylaine Tremblay) a revigoré la foule avec une performance du grand succès Uptown Funk de Bruno Mars et Mark Ronson. Fidèle à ses habitudes, l’interprète de Fruits défendus a chanté avec fougue et énergie un choix de titre hélas cliché et lassant. Entouré de minuscules lampions, Louis-Jean Cormier a prêté sa voix pour les besoins de Je redeviens le vent afin de rendre un hommage judicieusement sobre à des personnalités tragiquement décédées aimées de tous (René Angélil, Hugo St-Cyr, Claude Michaud, Jean Lapierre et Rita Lafontaine). Gagnante de La Voix IV, Stéphanie St-Jean a encore une fois livré une prestation déchirante et poignante en entonnant Imagine de John Lennon. Elle était accompagnée de Davide Martello, pianiste qui a chanté l’hymne de John Lennon devant le Bataclan en soutien aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015. La Gatinoise impressionne sans cesse le public grâce à sa capacité d’interpréter des chansons chargées d’émotions avec une authenticité désarmante. Rencontrée en salle de presse,  elle a affirmé qu’il est facile de saisir l’âme de ces titres, car les paroles la touchent profondément personnellement, et qu’elle aborde une chanson en l’incarnant comme s’il s’agissait de la dernière fois.

Une autre histoire qui a ébranlé les Québécois est sans aucun doute celle racontée dans Pour Sarah, série relatant la réhabilitation d’une jeune adulte gravement blessée à la suite d’un accident de voiture causée par son ami ivre. Marianne Fortier et Sylvain Marcel ont été récompensés pour leur saisissant travail dans cette oeuvre. Avant d’être couronnée meilleure actrice dans une télésérie, Fortier est montée sur la scène avec la vraie Sarah, Justine Rozon, présence que Sylvain Marcel ignorait, mais qui l’a bouleversé au plus haut point. Sur une note plus légère, Sarah-Jeanne Labrosse a mis la main sur son premier Artis pour ses rôles dans les séries jeunesse Le chalet et L’appart du 5e. Celle qui a présenté un prix avec Andrée Champagne, la première Donalda Laloge dans Les belles histoires des pays d’en haut a pris le soin de manifester son amour indestructible envers les adolescents.

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Bien évidemment, l’indétrônable reine du Gala Artis, Guylaine Tremblay, a conservé son titre de personnalité féminine de l’année. Martin Matte est devenu son penchant masculin, causant ainsi une petite surprise. Avec une feuille de route télévisuelle aussi chargée, Éric Salvail avait quasiment le trophée dans la poche brune de son veston! Enfin, on ne se plaindra pas bien longtemps d’un couronnement inattendu… Si Martin Matte a continué de faire le clo-clown dans son discours, la comédienne chouchou du Québec, a, de son côté, témoigné les yeux pleins d’eau de son affection envers le public. Également récipiendaire de l’Artis de la meilleure performance féminine dans un téléroman  (Unité 9), celle qu’on peut voir présentement dans la pièce Encore une fois, si vous permettez au Théâtre Jean-Duceppe a intelligemment adressé un message touchant sur le suicide, faisant référence à l’état psychologique instable de Marie Lamontagne lors de la quatrième saison du populaire téléroman.

Même s’il fait gagner les mêmes personnalités année après année, le Gala Artis a encore une fois donné lieu à des instants touchants qui prouvent à quel point le public a raison d’être si attaché envers la télévision québécoise et ses artisans.

Crédit photos : Benoit Rousseau / MatTv.ca

Texte révisé par : Annie Simard