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Fred Pellerin Un village en trois dés

La naissance d’un village élucidée

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf

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C’est dans un rendez-vous avec la naissance de St-Élie de Caxton que le mythique Fred Pellerin nous a invité à sa « conférence-spectacle » le temps d’une soirée, au Théâtre Maisonneuve. Celui pour qui le verbe se traduit en poésie, pour qui l’imaginaire d’antan croise notre siècle. Celui qui n’a pas besoin de présentations tout comme ses personnages d’ailleurs. Un village en trois dés est né pour durer dans le temps.

Il nous subjugue, nous transporte dans son réel imaginaire. Et on se laisse embarquer. Cette incursion nous transporte dans les dédales de St-Élie de Caxton. Là même où les célèbres personnages prennent à nouveau vie grâce aux tournures de phrases, de mots bien cousus pour capter notre attention et la garder jusqu’à la toute fin. (À dire vrai, ces personnages nous habitent pendant un bon bout de temps. Encore et toujours).

À la sortie du spectacle, de retour dans nos vies surchargées, exténuantes et modernisées, on repense à ce temps suspendu où Fred a su meubler ce moment pour nous imprégner du vrai, du bon, du réconfortant et de l’essentiel de la vie. Prendre le temps de savourer la vie qui nous entoure. Se sentir interpellé. Savoir et reconnaître d’où l’on vient. Apprécier les gens qui nous entourent. Croire que la force qui habite un village est plus forte que tout. Qu’ensemble il est possible de changer les choses. Qu’ensemble il est tout simplement possible d’exister. St-Élie de Caxton en est la preuve vivante. Paraît même que le village fût créé sur un coup de dés. Par la douceur enfantine de Rose-Blanche. Par la force et la solidarité des villageois.

On reconnait les histoires et fables de Fred Pellerin grâce à ses jeux de mots. Ses entourloupes colorées. Ses personnages plus grands que nature. Qui nous habitent encore et encore. Ceux que l’on veut exister près de nous. Les descriptifs sont tellement caricaturés, grossis qu’il nous est impossible de ne pas pouvoir les voir dans notre imaginaire.

Tout est finement tricoté. Aucune mailles de son histoire n’est oubliées. Rien n’est négligé. Son histoire tient la route. Le résultat est juste parfait. Une écharpe comme baume sur notre société qui s’éparpille, se dissimule loin des véritables valeurs humaines.

Accompagné de sa guitare, dans un décor sobre d’une chaise et de cordes de cloches de clocher d’Église qui encadrent la scène, Fred sera immobile. Uniquement habité de ses fantaisistes personnages qui rejoindront nos imaginaires.

On étaient suspendus à ses lèvres. Captifs de son histoire. Émus de ses chansons (parce que oui, j’ai versé des larmes telle une Lurette sans fond, mais avec un peu plus de retenues). On a besoin que sa magie opère dans notre époque. On veut être transformé et se sentir, non pas indépendant, mais bien dépendant d’une entité. De nos villages. Replonger dans nos racines. Croire que l’on vient de quelques part, nous aussi.

Amène toi chez nous

C’est d’abord et avant tout la renaissance des villageois, d’une histoire, d’une époque à laquelle nous sommes amené à visiter. De par ses recherches à la mairie avec Odette Villemure qui détient les clés de la voûtes jusqu’aux confidences de sa grand-mère que nous partons à la découverte de la naissance de ce fleuron de coin de pays.

St-Élie de Caxton a été créé le 12 avril 1865 … mais avant? Qu’est-ce qui pouvait bien y avoir le 11 avril 1865? Et c’est là que l’histoire nous transporte. À la recherche du avant. À la découverte des trois pages manquantes du tome de la mairie trouvé dans la voûte. Ici, la naissance ne viendra jamais par la politique. Mais par la force de son peuple. Par l’amour qui les habitent et que la connivence vaut plus que tout.

Passant par Méo, le barbier par défaut, Toussaint Brodeur, le propriétaire du Magasin Général qui aime l’argent plus que tout, Mme Gélinas et ses 473 garçons (dans l’espoir d’avoir une fille) et le Forgeron du village qui conçoit des contraceptifs avec des antennes de TV accompagné de sa fille Lurette qui pleure son amant assurément mort à la guerre ainsi que la veuve rousse pour qui l’acquisition de ses 99 vaches reste un mystère toutefois résolu lorsque son troupeau grimpe à 100. Et c’est là que la magie opère. Avec ces villageois et la postière Alice, dite Aliche, qui communique avec les morts et l’au-delà.

Malgré la rigidité du curé neuf, il suffira d’une enfant, élevée par un village, pour faire naître St-Élie de Caxton sur un coup de dés. Un curé qui s’ajuste malgré ses convictions.

Les écrits s’envolent mais les paroles restent

C’est tout en chansons qu’on se laissent aussi émouvoir. Des chansons qui collent à la réalité de ses textes. Amène toi chez nous de Jacques Michel, Je redeviens le vent et Je m’envolerai. Sa voix calme, posée résonne en nous autant que la justesse des paroles.

Il reste encore des représentations de cette « conférence », issue de son livre du même titre. Pour connaître les détails de ceux-ci, référez vous à son calendrier

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf/MatTv.ca