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Mononc’ Serge et Benoît Paradis Trio

Soirée franche et divertissante

mononc_Serge

©Myriam Francoeur

par Mélissa Thibodeau

L’Astral avait une allure un peu trop proprette mercredi soir alors que Mononc’ Serge et le Benoit Paradis Trio s’emparaient de la scène. Cette belle bande de «tout croche» a tout de même offert une performance honnête et divertissante devant un public modeste mais attentif.

Aussitôt assise sur mon siège, le Benoit Paradis Trio prend place et entame la soirée avec ses chansons jazz mais pas du tout snob. Ce ludique personnage qui accompagne souvent Bernard Adamus est accompagné de ses compagnons de longue date Chantale Morin au piano ainsi que Benoît Coulombe à la contrebasse. On chante nos déprimes quotidiennes avec le sourire aux lèvres, car mieux vaut en rire que se lamenter, n’est-ce pas ?

Benoit Paradis est l’ami que tu envies secrètement (ou ouvertement) de pouvoir faire sa vie en faisant fi de la responsabilité sociétale. Son personnage ressent peut-être les contrecoups de la vie, mais semble plutôt aborder la chose de façon candide sans être toutefois naïf. Fougueux, charmant et spontané, Benoit chante en plus de jouer du trombone et de la trompette souvent en équilibre sur le dossier de sa chaise. D’une honnêteté désarmante mais que tu prends quand même bien, il nous dit ce qu’il pense de ces gens qui aiment s’entendre parler avec Tu parles trop : Plus tu parles, moins je t’écoute / Plus tu parles, plus je redoute / L’idée que ça continue / Que je devienne ton vase à propos.

La chimie entre les membres du trio ne semble pas s’essoufler. Chantale et Guillaume semblent être encore parfois surpris des élans d’improvisateur de Benoit. Clairement, ils n’ont pas de difficulté à suivre, étant là pour soutenir Benoit dans ses initiatives. C’est toujours un plaisir de voir ce trio en spectacle et je ne fus pas déçue, encore une fois.

Mononc’ Serge

Et on poursuit dans la lignée du politiquement pas correct avec Mononc’ Serge. Il est apparu, sur scène, armée de sa contrebasse et accompagné de Peter Paul à la guitar et de Ugo Di Vito aux tambours. Il était là pour nous chanter le sexe, la drogue, le rock n’ roll et les patates, évidemment. Rendu à ce moment de la soirée, je venais de me commander une salade de tomates, je me sentais plus ou moins conforme.

Mononc’ Serge est connu pour nous livrer son regard incisif et irrévérencieux sur la société. Après plus de 20 années de carrière à chanter les déboires des politiciens et du petit people en général, les noms dans les chansons passent peut-être leur date d’expiration, mais les propos restent toujours autant d’actualité. Les musiciens ont beau se présenter sur scène habillés en complet, on fait dans la saleté et on ne s’excuse pas. Un autre à ne pas suivre les règles, on passe du jazz au trash. On est en colère, mais on sait quand même s’amuser.

Sauf peut-être pour un jeune homme (ou pas, il faisait un peu noir, je ne pouvais pas bien le voir) qui n’était clairement pas à son premier concert de Mononc’ Serge, la salle était plus attentive et se laissait divertir. La livraison intransigeante et sans pitié de Mononc’ est efficace et rentre au poste. Clairement rien pour se faire jouer dans les radios commerciales, mais on s’en fout, on n’en voudrait pas autrement.

Les Francofolies se poursuivent jusqu’à demain. Pour la programmation complète www.francofolies.com

Texte révisé par : Louise Bonneau